Le choix de Lily

Chapitre 14

Alice gloussa à son tour et leva un sourcil moqueur.
— J'aurais imaginé que les gènes turbulents de James auraient... eu plus d'impact. Mais après tout, tu as toujours su le mater... même avant que vous ne soyez proches.

Une vague lueur de tristesse passa dans le regard vert de Lily. La jeune femme posa Harry au sol en lui ôtant son manteau. Aussitôt, il se dirigea en vacillant, encore un peu tremblant sur ses jambes, en direction de Neville, avec un large sourire baveux.
Sous le regard de leurs deux mères, Harry se laissa tomber sur les fesses face à Neville pour l'observer attentivement, fasciné.

Lily sentit son cœur de serrer en se disant que son fils était bien trop isolé si le moindre enfant qu'il croisait était une source de fascination pour lui. Il avait besoin de voir d'autres enfants, pas d'être enfermé avec ses parents sous les ordres d'un vieux fou !

Franck se leva soudain, avec un sourire d'excuse.
— Je suis désolé, je vais devoir filer. Je suis débordé en ce moment... Surtout avec les Mangemorts qui sont plutôt actifs.
Il embrassa rapidement Alice et salua gentiment Lily avant de quitter la pièce à grands pas.

Lorsqu'elles furent seules, Alice soupira et perdit son sourire joyeux.
— Lily. Si tu me disais ce qui se passe exactement ?

Lily souffla doucement et cacha son visage derrière ses mains. Alice l'enlaça, avant de lui frotter le dos. Puis, Lily prit une grande inspiration et soupira.
— Dumbledore veut se servir de Harry. Il veut en faire un guerrier, avant même son entrée à Poudlard.

Alice grogna.
— Pas étonnant. Il a proposé la même chose à Franck, mais ma chère belle-mère est intervenue et a renvoyé le directeur à Poudlard proprement. Je dois avouer que si Franck avait osé accepter une telle chose, je ne suis pas certaine que nous aurions pu sauver notre mariage. En tout cas, Augusta peut-être terriblement intrusive, mais je ne la remercierais jamais assez d'avoir tenu tête au directeur avec autant de... fermeté !

Lily grimaça.
— James le soutient totalement. Je crois que... on n'a pas vraiment réussi à parler sans se hurler dessus depuis un moment. Je refuse de les laisser modeler Harry de cette façon.

Alice plissa le nez. Ses yeux bruns brillèrent de curiosité alors qu'elle se penchait vers son amie, attentive.
— OK, Lily. Je te connais. Tu es une battante et tu n'es définitivement pas du genre à te laisser faire. Je suppose que tu as une idée pour...

Lily lui jeta un regard en coin puis souffla.
— Qu'aurais-tu fait, à ma place ? Je veux dire... jusqu'où...

Alice leva les yeux vers les deux enfants qui jouaient ensemble, penchés l'un vers l'autre se passant un cube à tour de rôle, fascinés. Elle eut un sourire triste.
— Jusqu'où j'irais pour mon fils ? Je ne sais pas Lily. Mais je me moque bien du plus grand bien de Dumbledore. Mon fils passerait toujours en premier, quoi qu'il arrive. Je deviendrais folle s'il devait être blessé.

Elles échangèrent un long regard de compréhension mutuelle puis Lily murmura, avec hésitation.
— J'ai demandé à voir Lucius Malefoy.

Alice hoqueta et écarquilla les yeux, stupéfaite, mais un peu admirative du courage insensé de son amie. Elle se pencha un peu plus vers Lily, serrant son bras.
— Il a accepté de te rencontrer ?
Lily ferma les yeux. Puis elle hocha lentement la tête.
— Oui. Sa femme, Narcissa, elle a... Elle l'a poussé à me venir en aide. Ils ont un enfant du même âge que les nôtres, tu sais. Un petit bonhomme adorable. Mais je n'ai pas de nouvelles et... j'ignore ce qui va se passer.

Alice hocha la tête.
— Il va t'aider ?
— Plaider pour nous au moins. En rappelant que cette foutue Trewlanney est complètement folle et surtout un peu trop accrochée à l'alcool.

Alice souffla doucement.
— Si tu réussis, mon Neville sera en sécurité aussi. Sais-tu ce qu'il exigera de toi en échange ?

Lily haussa les épaules.
— Je suppose que je devrais me retirer de la guerre. Jurer de ne pas impliquer Harry d'une façon ou d'une autre. Voire même... le rejoindre.

Alice acquiesça.
— C'est un faible prix à payer pour...

La voix d'Alice mourut et elle ferma les yeux.
— Excuse-moi, Lily. Tu sais quoi ? Tu devrais juste faire ce que tu as envie. Ce que tu penses le mieux pour ton fils. Et pour toi.

Lily plissa le nez.
— Ce que je pense le mieux ? Je veux juste que Harry puisse grandir heureux et libre. Mais je... ne suis pas sûre de supporter qu'il y ait des victimes à cause de moi. Il y a déjà eu tant de morts...

Alice soupira et l'enlaça fermement.
— Lily, nous sommes amies depuis Poudlard, et je sais que tu es quelqu'un de bien. Je crois que tu as besoin d'un peu de temps pour prendre une décision. Donc... Je te propose de t'héberger quelques jours. Uniquement le temps pour toi de décider quelque chose. Quoi que tu fasses, je te soutiendrai et si... si tu devais le rejoindre, je convaincrais Franck d'être moins... présent dans cette foutue guerre. On se retirera nous aussi. Tu pourras toujours mettre ça dans la balance si tu dois le rencontrer.

Lily allait protester, mais Alice leva la main et continua immédiatement.
— Avant que tu objectes, Franck ne dira rien à James. Ils sont peut-être collègues, mais ton mari était un vrai abruti à Poudlard et... enfin. Peu importe. Augusta a ouvert les yeux de Franck au sujet du directeur et dieux... cette femme ferait plier tu-sais-qui en personne avec ses sermons ! Je n'ai jamais vu une femme de cet âge avec un vocabulaire aussi... fleuri ! Mon mari comprendra que tu as besoin de t'éloigner de chez toi pour échapper à Dumbledore et ses mains crochues.

Lily laissa échapper un rire soulagé, et hocha la tête, les larmes aux yeux.
— Merci Alice. Merci de tout cœur. Je ne sais pas comment te remercier...

Alice lui sourit tranquillement.
— Si tu vas jusqu'au bout de ton idée, pense à mon Neville. Qu'il soit à l'abri lui aussi. J'envisage de démissionner des Aurors, je veux rester à l'écart de tout ça. Après avoir vu Maugrey... s'en prendre à des supposés Mangemorts, je me demande vraiment si tout ça est... aussi noir et blanc que nous le pensons.

Lily hocha gravement la tête, avec l'impression d'être plus légère. Elle n'était finalement pas la seule à douter. C'était peut-être ce qui la rassurait sur sa décision de changer la donne et de se montrer totalement imprévisible.