Chapitre 17

1.4K 132 19
                                    


Que James puisse accepter cette hérésie la faisait vibrer de rage. Il savait pourtant que Pétunia lui avait interdit de dire adieu à ses parents, juste parce qu'elle était une sorcière ! Elle était obligée d'aller sur leur tombe en cachette, pour ne pas froisser cette idiote !
Elle avait raconté à James la façon dont Pétunia la voyait, la façon dont elle la traitait. Celui-ci s'en était offusqué et à l'époque, il l'avait serrée contre lui en lui jurant qu'elle n'aurait plus à voir sa sœur... et il était prêt à lui confier leur fils !

Elle jeta un dernier regard autour d'elle et se fit la réflexion que le quartier était aussi mort que ses parents. Les arbres décharnés perdant leurs feuilles renforçaient cette impression et elle secoua la tête en serrant son fils contre elle, le faisant glousser et gigoter. Elle murmura, la gorge serrée.
— Oh mon chéri... j'espère que tu ne me détesteras jamais pour les choix que je vais faire... J'espère que tu comprendras que je voulais te protéger par-dessus tout.


Harry gazouilla joyeusement en attrapant une mèche de cheveux roux, dévisageant sa mère avec adoration. Lily l'embrassa sur le front, le cœur gonflé d'amour pour son fils. En réponse, le petit garçon se câlina contre elle, ses yeux identiques à ceux de sa mère pleins d'amour pour elle.

Elle se dirigea vers la sortie sans regarder autour d'elle, d'un pas lent, les yeux fixés sur Harry, souriante et emplie d'espoir pour l'avenir. En arrivant à la sortie du parc, elle fut bousculée par un passant et elle vacilla en serrant Harry contre elle.

Une poigne de fer l'empêcha de tomber et lui permit de retrouver son équilibre. Elle se redressa avec un léger cri de surprise. Presque par réflexe, elle protégea son fils en se tournant légèrement pour faire obstacle de son corps, tout en sortant discrètement sa baguette, veillant à ce qu'elle ne soit pas visible, la dissimulant dans les plis sombres de son manteau ample.


Elle allait s'excuser poliment de son inattention qui avait conduit à la collision quand elle rencontra un regard d'onyx familier.


Lily resta un long moment figée, les yeux écarquillés, incapable de quitter ces yeux qu'elle connaissait si bien.
Puis, dans un murmure, elle osa enfin souffler, avec l'impression que le monde tournait autour d'elle.
— Severus...

Elle le connaissait suffisamment pour se rendre compte qu'il était aussi choqué qu'elle. Il la dévisageait avidement, incapable de détourner ses yeux de son visage, comme s'il tentait de graver ses traits dans sa mémoire. Finalement, il murmura lentement.
— Lily...

Sa voix rauque la fit frissonner brusquement et elle fut submergée par une vague de nostalgie. Elle ne s'était pas rendu compte à quel point Severus lui avait manqué, ces dernières années. Il avait été présent dans sa vie depuis son enfance et elle avait cru que rien ne pourrait les séparer, autrefois.
Elle nota qu'il avait changé, terriblement changé. Il n'avait plus rien de l'adolescent maigre et un peu maladroit, un peu timide qu'il avait été. Il s'était étoffé et son visage s'était durci, le faisant paraître bien plus vieux que ses vingt-et-un ans. Il semblait sûr de lui et puissant, et il avait acquis une grâce qu'il n'avait pas la dernière fois où elle l'avait vu.

Harry brisa leur immobilité et leur choc en laissant échapper un « mama » bruyant et Severus sursauta. Il dévisagea son fils avec une légère grimace qu'il perdit lorsqu'il croisa les yeux de son fils... et que le petit démon lui offrit un sourire amical en tendant la main vers lui, le trouvant visiblement digne de confiance.

Lily reprit son souffle et sourit à son tour, restant légèrement tendue même si elle avait toujours confiance en Severus. Quoi qu'il puisse advenir, elle aurait toujours une confiance aveugle en ce garçon avec qui elle avait grandi...
Ce dernier fronça soudain les sourcils et gronda, prenant une expression renfrognée.
— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Immédiatement, Lily se tendit face au ton sec et elle recula d'un pas, échappant à sa poigne. Elle fronça les sourcils à son tour et elle répondit froidement, agacée.
— En quoi ça te concerne ?


Severus fut le premier à abdiquer, contrairement à autrefois. Il avait toujours été extrêmement têtu, bien plus qu'elle. Qu'il cède aussi vite la choqua même si elle essaya de le cacher. Il se radoucit et murmura en regardant autour d'eux.
— Lily... Tu es en danger, tu te souviens ?

Elle leva un sourcil moqueur, prête à riposter, mais Severus secoua la tête et marmonna sourdement avant de lui attraper le poignet. Puis, sans lui demander son avis, il l'entraîna à sa suite, en direction de la maison des Rogue.

Surprise, elle se laissa faire. Elle aurait probablement dû se débattre et refuser de le suivre, mais elle était assez curieuse de découvrir l'intérieur de la maison où avait grandi Severus. Autrefois, elle n'y était jamais entrée, Severus gardait sa vie familiale secrète. Il cherchait surtout à protéger Lily de Tobias Rogue, homme mauvais et brutal.
Bien évidemment, Lily se doutait des raisons de son silence, elle avait vu les marques de coups sur ses bras ou parfois sur son visage. Ce n'était un secret pour personne dans le quartier que le vieux Tobias avait l'alcool mauvais et qu'il buvait beaucoup.

Bien qu'il soit désormais un Mangemort, Lily n'eut pas un seul instant peur de lui. Malgré les années, malgré leur dispute terrible, elle le voyait toujours comme son ami et elle pourrait le suivre au bout du monde les yeux fermés.


Impasse du Tisseur — Maison des Rogue - mi-octobre 1981

Pour la toute première fois de sa vie, Lily entra chez Severus Rogue. Ils n'avaient pas échangé un mot durant les quelques pas qui les séparaient de l'entrée, Severus étant crispé et aux aguets regardant partout autour de lui comme pour s'assurer que personne ne rôdait dans le quartier.

En passant la porte, la jeune femme plissa le nez, en regardant autour d'elle, serrant machinalement Harry un peu plus fort contre elle. Son fils gigota, mécontent, se tortillant comme une anguille et laissant échapper des plaintes agacées.

Elle se força à se détendre, caressant distraitement les cheveux de son garçon pour le calmer. Le premier mot qui lui vint pour décrire l'intérieur était « lugubre ».

C'était sombre et vieillot, bien que propre — Severus avait probablement utilisé la magie pour son confort. Le papier peint était défraîchi et jauni par les ans, il cloquait à cause de l'humidité à certains endroits.
Il n'y avait aucune photo, aucune décoration, aucun bibelot. Les meubles étaient dépareillés, usés par les années, preuve s'il y en avait besoin que la famille n'avait pas roulé sur l'or. Visiblement, Severus avait tout gardé en l'état.


Le choix de LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant