Le choix de Lily

Chapitre 36

Le lendemain même de son union avec Lily, Severus quitta son poste de professeur à Poudlard comme il le souhaitait depuis longtemps. Il n'avait jamais eu envie d'enseigner et c'était autant une torture pour lui que pour ses élèves.
Puisqu'ils étaient libres de rester en Angleterre maintenant que Dumbledore n'était plus et que la guerre était terminée, Lily le convainquit d'ouvrir une petite boutique sur le chemin de Traverse. Il aurait ainsi le temps de brasser ses potions pendant qu'elle s'occuperait de vendre ses productions.
Severus était resté bouche bée et il avait semblé surpris qu'elle s'implique autant dans ses projets... Jusqu'à ce qu'elle réponde tranquillement qu'ils étaient désormais mariés et qu'elle comptait bien faire fonctionner cette union s'il voulait bien d'elle.

Incrédule, il l'avait enlacée et embrassée avant de se rendre compte de ce qu'il venait de faire. Il allait prendre la fuite, gêné, quand un éclat de rire du petit Harry avait dédramatisé la situation. Le garçonnet semblait amusé de la scène et il s'était redressé pour tendre les bras, voulant un câlin de l'homme austère — qui souriait de plus en plus — lui aussi.
Sous le regard fasciné de Lily, Severus avait rougi et balbutié. Elle l'avait rassuré calmement, souriante et plutôt satisfaite de la réaction de l'homme si secret. Suite à ce moment, Severus avait passé quelques jours à l'observer d'un air songeur en restant à une distance prudente, comme s'il avait peur de ce que Lily pourrait faire ou dire.

Puis, ils avaient rapidement retrouvé leur complicité d'antan, lorsqu'ils étaient les meilleurs amis du monde. Il y avait plus cependant qu'une simple amitié. Ils s'effleuraient souvent, leurs regards se cherchaient.
Lily était patiente, laissant Severus venir à elle à son rythme. Il semblait craindre qu'elle prenne la fuite et elle le rassurait autant que possible. Ils s'étaient autrefois mutuellement blessés et il n'était pas question de risquer de recommencer. Elle savait qu'un jour proche, ils réussiraient à devenir un vrai couple, et ils avaient tout le temps du monde pour s'apprivoiser.

Harry grandissait doucement, serein. Il était entouré et heureux, juste un petit garçon comme tant d'autres. Sa mère était décidée à ce qu'il ne sache jamais qu'il avait eu un lourd destin sur les épaules, l'espace de quelques mois. L'important était que son fils soit libre, après tout. Il était joyeux, malicieux et il regardait le monde avec ses grands yeux verts émerveillés.

C'était un enfant facile et souriant, qui charmait son entourage. Il avait réussi à apprivoiser Severus, en s'agrippant régulièrement à lui pour lui réclamer des câlins. Si le potionniste avait voulu le repousser au début, le visage de James en mémoire, il n'avait pas pu résister longtemps au regard vert implorant et il avait appris à aimer l'enfant, en oubliant qui était son père biologique. Le fait que Harry soit fasciné en le voyant derrière son chaudron était probablement pour beaucoup dans l'attendrissement du terrible maître des potions.

Voldemort était resté égal à lui-même. Il n'était pas devenu subitement gentil ou patient. Il avait toujours la fâcheuse tendance de lancer des Doloris lorsqu'il perdait son calme, mais il apprenait à se modérer légèrement. Ce n'était pas par bonté d'âme, juste parce qu'il avait constaté que ses subalternes étaient bien plus efficaces lorsqu'ils n'étaient pas morts de peur à son approche.
Il régnait sur l'Angleterre magique sans faire la moindre concession. En moins de six mois, il avait réduit à néant toutes les poches de résistance, sans jamais plier face à ses adversaires.
Il était un dictateur, mais il avait perdu l'étincelle de folie qui l'avait touchée un moment. La folie qui l'avait envahie lorsqu'il avait appris qu'une prophétie annonçait sa mort, de la main d'un enfant à naître.

Il venait souvent voir Harry — bien trop souvent au goût de Lily — mais il ne s'approchait pas de l'enfant. Il l'observait juste un long moment, sans dire un mot, pensif. Puis, il saluait Severus et Lily avant de repartir d'un pas lent, plongé dans ses pensées.

Lily fut beaucoup moins inquiète à ce sujet lorsque Severus lui assura qu'il ne laisserait personne — pas même celui qu'il appelait encore Maître — détruire sa nouvelle famille...

Peter Pettigrew disparut soudain de la circulation. Lorsqu'il s'en était inquiété, Sirius découvrit que leur ami était sur le point de trahir James et sa famille.
Sans l'initiative de Lily, Peter aurait causé la mort de toute la famille Potter.

Sirius ne pouvait pas dire qu'il avait été dévasté. Il n'avait pas été si proche de ça que Peter. Il imagina que le quatrième maraudeur avait eu honte de sa presque trahison et qu'il avait préféré disparaître.
Lucius lui apprit que Peter devait prendre la marque juste après avoir dévoilé l'adresse des Potter à Voldemort, mais que le changement soudain de la situation avait tout changé. Avec un mépris non dissimulé, le Mangemort blond supposa qu'il se terrait quelque part, tout en ajoutant qu'il avait toujours détesté sa servilité forcée.

Bien que désormais proche d'anciens Mangemorts, Sirius ne pensa jamais à interroger d'autres personnes. S'il avait posé la question à Rockwood, le langue-de-plomb, il aurait su que ce dernier avait découvert que Peter Pettigrew, jaloux de perdre l'attention du seigneur des ténèbres au profit du petit Harry, avait prévu de s'en prendre au fils de James. Il avait l'intention de prétendre que c'était pour empêcher la prophétie de s'accomplir, en espérant ainsi s'attirer les bonnes grâces du mage noir.
Peter ignorait bien évidemment que Voldemort n'avait pas l'intention de blesser l'enfant — l'enfant miracle qui lui avait permis d'accomplir tous ses rêves d'adolescent — et le mage noir avait donné des ordres.
Rockwood était certes un Mangemort obéissant, mais il était également particulièrement inventif. Il trouva particulièrement approprié de tester un sort connu uniquement des langues-de-plomb pour bloquer ce cher Peter sous sa forme animagus et il déposa le rat dans une animalerie.
Bien évidemment, s'il était resté sagement dans sa cage, Peter le rat aurait pu être adopté par un enfant et vivre une seconde vie animale. Cependant, Rockwood en savait assez sur la nature humaine pour savoir que Pettigrew tenterait de fuir... Et il avait tenté. Le langue-de-plomb espérait juste que le monstrueux chat orange aux pattes arquées qui l'avait dévoré serait un jour adopté et aimé malgré sa laideur... Après tout, il avait rendu service sans même le savoir.