CHAPITRE 7

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«—Je t'avais dit mais tu ne m'écoutes jamais ! Ce môme est un poids ! Un poids pour moi en plus de toi ! Je n'aurais pas dû t'écouter, j'aurais dû te laisser avec lui ! Hurla une voix féminine.
—Adhara ! Tu es égoïste ! C'est un enfant ! Grinça une voix.
—Et alors ! Ça reste une bouche à nourrir puis un môme à s'occuper. Je ne suis pas une mère, Amias... Et ils nous est déjà difficile à deux, alors à trois, les temps seront encore plus compliqués.
—Je lui donnerai mes parts ! »

Il y eut un sifflement puis un claquement, faisant ouvrir les yeux de Serge. Il rencontra aussitôt la flamme du feu de camp qui, devant lui le narguait en lui répétant qu'il était faible. S'il n'y avait pas eu le vieil homme, il aurait éteint le feu, quitte à mourir de froid il préférait cela qu'être dénigré par une flamme, mais il se retenait car c'était grâce à cet homme qu'il n'était pas en train de donner son dernier souffle, dans la neige.

Serge ne se souvenait plus très bien, mais il revoyait l'homme le sortir de la neige et le tenir contre lui fermement, tandis que la femme lui hurlait dessus. Le serpentaire tourna la tête, ne se préoccupant plus de la flamme, mais du vieux monsieur, qui regardait vers la porte, d'où était sortie la femme. L'enfant profita de ce petit moment pour examiner la minuscule pièce où il était. C'était une sorte d'abri fait dans un vieux bois à la va vite. Il n'y avait qu'une sortie et qu'une petite fenêtre qui lui laissait voir la tempête, toujours présente, dehors. Si cette tempête était humaine, Serge l'imaginait bien derrière cette fenêtre, à se moquer ouvertement de lui. Le traitant de faible de rester dans son abri, n'essayant même pas de la battre, mais heureusement pour Serge ce n'était qu'une simple tempête qui ne parlait pas et ne l'embêtait pas dans sa protection. Serge regardant avec attention la fenêtre et fut surpris quand sur son épaule il sentit une pression sur celle-ci. A ces côtés, le vieil homme lui souriait chaleureusement, lui tendant quelque chose qu'il avait déjà vu et même déjà mangé.

«—Tiens, mange. Tu dois mourir de faim après avoir autant dormi !
—Au... Autant dormi ? bulbutia l'enfant.
—Ça fait quatre jours que tu dors mon bonhomme. »

Sur cette révélation Serge se leva d'un bond. Quatre jours... Quatre jours ! Directement son cerveau pensa à son ami. Emrys... Il l'avait abandonné... Serge ne voulait pas d'une séparation aussi brutale ! Il regrettait amèrement, tellement qu'il n'écouta plus sa voix dans sa tête, ou encore celle de l'homme. Il écouta celle de son cœur qui le poussait face à la porte, qu'il allait prendre en main, mais au même moment elle s'enclencha et laissa la femme apparaître.

Pendant ce court instant il put s'apercevoir de la beauté de ses yeux dorés et ses quelques mèches brunes qui ressortaient de son bonnet. Quand elle vit Serge face à la porte, son regard neutre se tortilla pour tirer une grimace de colère qui terrifia l'enfant. Elle attrapa violemment le bras du serpentaire, l'obligeant à reculer tandis qu'elle avançait pour fermer, derrière elle, la porte.

«—C'est ainsi que tu nous remercies ! Espèce de sale gosse ! Gronda la femme.
—Adhara. Fit faiblement l'homme.
—Je te l'avais dit Amias! Lui-même ne voulait pas qu'on le sauve pour qu'il reparte ! On aurait dû le laisser dehors !
—Adhara. Recommença l'homme plus fort.
—Les Abandonnés se seraient fait un plaisir de s'occuper de lui !
—Adhara ! Hurla l'homme. »

La femme se tourna brusquement vers l'homme, sa bouche s'ouvrant en grand, son regard changea. Elle lâcha Serge qui tomba à terre, se précipitant sur le feu qui faiblissait. Serge regarda la flamme crier, un courant de froid tellement fort était rentré dans le demeure, quand la brune était rentrée affaiblissant la flamme, qui maintenant se battait pour survivre. Serge regarda les deux adultes s'activer autour du feu, mais rien a faire il ne prenait plus, la flamme diminua de plus en plus avec la lumière et la chaleur qu'elle créait. Plus le feu était petit plus la flamme criait, jusqu'à qu'il n'y est plus rien. Elle se laissa tomber devant le feu qui n'était plus là, démunie. Le regard perdu, elle fixa le tas de bois avant de prendre sa tête dans ses mains, murmurant des « c'est la fin. »

L'homme s'était approché d'elle, le visage tordu entre toutes les émotions qui traversaient son corps. Serge lui était resté contre le sol, observant ces deux humains dépérir intérieurement. Il aurait pu les aider, mais il était resté à les regarder. Pas impuissant, mais inintéressé, son être était rongé par le mot « Emrys » il ne pensait qu'à lui maintenant, mais la raison revint doucement au galop, ramenant Serge à la réalité. Il était venu pour aider les hommes, leurs rendre leur monde... Et depuis sa venue il n'avait rien fait pour accomplir sa tâche.

Serge se leva, il allait remédier à tout cela. Il allait se bouger. Il allait se réveiller et faire ce qu'il aurait dû faire depuis son arrivée : sauver ce monde pour les hommes, pour que Emrys puisse vivre dans le plus beau monde de couleurs. Le serpentaire s'approcha déterminé devant le feu de camp, posa sa main au dessus devant les yeux des deux adultes qui le fixaient avec attention. Serge se mit à fermer les yeux, essayant de puiser les dernières forces de feu qu'il avait récupéré.

Pendant un moment, rien ne vint alors Serge força complètement son corps à créer de la chaleur en lui, le brûlant intérieurement mais il s'en ficha. Car de sa main tendue sortait des crépitements de feu qui bientôt laissèrent place à une belle et forte flamme qui entoura la main de l'enfant. Il y eut un bruit d'étonnement fort de la part de la femme, qui regardait Serge poser avec délicatesse la flamme sur le bois. Quittant la main de celui-ci, le feu s'installa dans son coin pour réchauffer et illuminer la pièce, encore plus fort que l'ancienne flamme. La bouche de la brune s'ouvrit plusieurs fois, sans jamais laisser sortir un mot, elle regarda avec attention Serge qui frottait sa main douloureuse.

«—Qui... Qui es-tu ? Bafouilla le vieil homme, la peur le grignotant.
—N'ayez pas peur ! S'il vous plaît... Je me nomme Serge, je suis un zodiaque ! Je ne vous ferai rien ! Je ne suis pas venu là pour vous faire du mal ! Je vous assure !
—Un zodiaque ? Amias comme...
—La légende. Termina le vieil homme. »

Les deux adultes regardèrent avec émerveillement Serge qui sous ces regards commença à se sentir mal à l'aise. De quoi parlaient-ils ? Pourquoi le regardaient-ils comme la huitième merveille du monde ? Amias s'approcha doucement de Serge, prenant entre ses mains son visage, qu'il bougeait dans tous les sens, examinant l'enfant avec attention. Après quelques minutes d'examen, il délaissa Serge, qui en profita pour s'éloigner des adultes qui se regardèrent dans les yeux sans rien dire.

«—C'est vraiment un zodiaque ? Demanda la brune.
—Moi même je suis étonné qu'un zodiaque se cache dans le corps d'un enfant. Je pensais qu'ils étaient tous adultes... De quel signe es-tu ?
—Je... Je suis Serpentaire, murmura le concerné,
—Oh... Je vois... Tu es le rejeté des zodiaques n'est-ce pas ?
—Comment le savez-vous ? Comment savez-vous que les autres sont adultes ?
—Tu sais Serge, commença Adhara. Qui n'a pas de passé, n'a pas non plus d'avenir... C'est pour cela que nous cherchons. On est à la recherche du passé de notre monde. On cherche le commencement de cet enfer pour donner un avenir à ce monde, nous donner un avenir.
—Nous avons vu nos proches devenir des Abandonnés, ils se sont laissés aller et sont tombés dans la tentation. Pendant des années nous avons cherché un moyen pour sauver nos proches, c'est ainsi par nos nombreux voyages que nous avons découvert de fines traces du passé. Nos ancêtres nous ont laissés des indices pour redonner brillance à notre monde. Beaucoup parlaient d'eux, les zodiaques, ceux qui nous ont donné leurs caractères.
—Mais ils parlaient surtout qu'un seul zodiaque viendrait nous rendre notre monde. »

Serge regarda avec étonnement les deux personnes face à lui, pour ensuite regarder ses mains. Alors le monde attendait un zodiaque. La lettre qu'il avait reçue, avait été envoyée il y a des années, voire des siècles ! Et pendant tout ce temps, les hommes attendaient qu'on les sauve... Et celui qui allait les sauver c'était lui, Serge, le zodiaque abandonné.

SERGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant