SERGE

CHAPITRE 8

«—J'y arriverai ! Cria Serge ! Laissez-moi faire ! »

Sur les nerfs, il remonta encore une fois sur son cheval, qui commençait à en avoir marre de son nouveau cavalier. Serge enfonça son pied dans l'étrier pour faire voler sa jambe de l'autre côté, son pied s'installant directement dans l'éperon. Sa monture gigota un moment, mais il attrapa aussitôt les rênes et les tira légèrement en arrière, calmant l'animal tandis qu'à côté de lui, Adhara elle-même sur son cheval se moquait de lui.

Après la révélation, Serge décida de voyager, pendant un moment avec les deux adultes. Si le plus vieux avait accepté aussitôt, il y avait encore quelques barrières du côté de la femme qui était plus réfléchie. Ils ne leur restaient plus beaucoup à manger, la région n'était pas connue pour avoir beaucoup de gibier puis il n'y avait que deux chevaux, si Serge voyageait avec eux il fallait qu'il monte sur l'un d'eux, ce qui donnait à l'un des chevaux un poids en plus. Ce qui voulait dire que s'ils devaient fuir, l'un des deux serait handicapé, bien que Serge ne pesait pas lourd, les deux animaux portaient déjà bien des choses.

Mais Serge fut convaincant, le soir même, il était parti seul chasser, du moins capturer des lièvres pour les ramener le lendemain aux adultes. Ce fut avec trois lièvres en main qu'Ahdara et Amias avaient retrouvé l'enfant essayant de les tuer de la manière la plus douce possible . L'homme lui avait passé un savon d'être sorti sous la même tempête, qui avait cru le tuer. Adhara était muette, elle avait fixé les proies du garçon avec attention. La femme n'avait pas vu un gibier depuis des jours et en une nuit Serge en avait trouvé trois et cela sous une tempête.

Plus tard, l'enfant avoua qu'il avait attendu que la tempête se calme, c'est-à-dire que le soleil se soit levé pour partir suivre les traces de n'importe quel animal qui passait, il avait réussi à trouver un trou et l'enflammer pour faire sortir les habitants. Tout cela en quelques minutes.

C'est après avoir dégusté un des lièvres qu'elle avait accepté, mais elle avait mis des règles. S'ils étaient en situation dangereuse, ou la seule solution était fuir, le serpentaire devrait se débrouiller seul pour s'échapper. Il devait aussi apprendre à chasser, se battre avec et sans ses pouvoirs, être un cavalier excellent mais surtout survivre par lui-même. Car le monde était dangereux mais ses occupants, certains, l'étaient encore plus. Serge savait qu'elle faisait référence aux Abandonnés, mais il se doutait qu'il n'y avait pas qu'eux.

« —Si tu as peur il le sentira, S'exclama Adhara, ramenant Serge à la réalité.
—Mais j'ai pas peur ! Hurla-t-il. Puis il sait que je ne suis pas son ami ! Il est à Amias pas à moi! C'est pour cela qu'il ne coopère pas!
—Mais bien sûr, tu es bien fort pour te trouver des excuses ! Si tu n'as pas peur que dirais-tu d'une petite chasse ? Tu as ton arc avec toi et Amias t'as appris les bases non ?
—Je n'aime pas cette manière de tuer les animaux...
—:Les brûler te paraît mieux peut-être ? Elle marqua une pause, regardant avec peine l'enfant. La nature est ainsi Serge, pour vivre il faut manger, et pour cela il faut tuer. »

Le concerné ne répondit pas, préférant suivre l'adulte qui était déjà en chemin vers un lieu de chasse. Ils galopèrent un moment en silence cherchant dans le sol, les traces d'une proie de préférence petite pour ne pas être gêné. Ce fut après plusieurs minutes de recherche qu'ils trouvèrent de petites traces. Ils descendirent de leur cheval pour ensemble se mettre à suivre les traces. Après quelques pas, à quelques kilomètres un beau lièvre grattait le sol à la recherche de quelque chose à manger. Serge suivit Adhara qui se cacha derrière un buisson, lui faisant signe de tirer mais Serge regarda avec tristesse son arc. Il se releva, le cœur lourd et pointa son arme en direction du pauvre animal. Il plaça sa flèche et souffla, espérant que l'animal parte mais il ne bougeait pas.

« —Je suis désolé... Chuchota-t-il. »

Au même moment il ferma les yeux et tira, à sa surprise il n'y avait aucun bruit. Quand il ouvrit les yeux, il ne vit plus l'animal et sa flèche avait atterri quelques mètres plus loin. Son cœur devint bien plus léger en voyant qu'il n'avait pas touché le petit être, mais il se serra quand il regarda Adhara qui soupira. Elle ne disait pourtant rien, préférant se lever pour retourner aux chevaux. Serge la suivit, remontant en vitesse sur son animal pour repartir au galop à sa poursuite.
Un silence s'installa entre eux tandis que bientôt ils virent un autre groupe de chevaux non loin. Adhara ralentissa le pas, les sourcils froncés, Serge comprit qu'il y avait quelque chose et qu'il fallait qu'il soit sur ses gardes. Ils auraient pu fuir, mais la femme continuait d'avancer en direction du troupeau ce qui commença à inquiéter Serge qui stoppa sa monture. Il regarda au loin et vit plusieurs personnes avec des armes en main. La femme n'entendant plus son animal s'avancer, s'arrêta elle aussi, tournant la tête pour regarder l'enfant.