CHAPITRE 13

9 0 0
                                    

Jamais Serge n'aurait pensé qu'un simple morceau de papier pourrait être compliqué à utiliser. Il essayait pourtant de comprendre cette carte, mais impossible pour lui de se repérer. Le serpentaire la mit dans tous les sens mais rien à faire il n'arrivait pas à savoir où il était. Sur le dos de sa jument, qui avançait toute seule, Serge essaya de se repérer parmi ces prairies et ces forêts blanches. Mais ce monde était bien trop grand et inconnu pour le zodiaque qu'il fut obligé d'abandonner, replaçant la carte dans le carnet. Il glissa celui-ci sous ces couches de vêtements le plaçant à sa taille, la ceinture à son pantalon le maintenant.

Son regard se reposa sur ce paysage qui commençait à lui donner mal de tête. La couleur blanche était dominante de partout, heureusement les petits animaux qui passaient ajouter quelques touches de lumière. Malheureusement pour ces pauvres petites créatures, elle paraissait bien plus visible pour le prédateur qu'était Serge.

Le froid lui grignotant petit à petit son énergie, Serge se trouva très vite avec le besoin de manger. Il pouvait subvenir à cette envie, mais bientôt celle de s'abreuvoir serait présente et cela sera un vrai problème pour l'enfant. Depuis son départ il n'avait vu aucun point d'eau, aucune rivière ou encore lac gelé sur lequel il aurait pu peut-être remplir ce pauvre bocal. Celui attaché par une ficelle à la selle de Méora, commençait peu à peu à être à sec et bientôt lui, mais aussi son destrier allait être dans une situation délicate.

Le village avait été d'une bonté incroyable d'offrir à Serge quelques petites aides, car même s'il avait blessé au plus haut point le village. Celui-ci avait des valeurs, laissées un enfant, même s'il était détesté, dehors était un acte inhumain. Car le village savait que le lâcher dehors nu, serait comme l'avoir abattu de leurs propres mains. Les Abandonnés, la faim, la soif où encore le froid n'aurait fait qu'une bouchée de l'enfant, du moins c'est que pensait le village. Serge savait que le village ne lui avait pas rendu sa liberté par bonté, mais pour ne pas avoir la mort du serpentaire sur la conscience. Il ne pouvait les traiter d'égoïste car il comprenait... Ce sentiment horrible qui ronge votre cœur sans jamais s'arrêter tel un poison, Serge le connaissait.

Trop occupé par ces pensées, le brun ne remarqua pas les agitations de son cheval qui étaient de plus en plus nombreuses. Ce fut quand il se retrouva violemment à terre qu'il reprit ces esprits et regarda son cheval galopant et disparaître derrière des sapins. Le serpentaire ne perdit aucun temps, il se releva et se mit à poursuivre désespérément son animal en criant son nom, mais c'était peine perdue. Perdant toutes motivations , il se laissa, paresseusement, tombé dans la neige se perdant un instant dans ces pensées. Mais un bruit, un rugissement non loin de lui le ramena à la raison . L'intensité du bruit n'était pas puissante mais proche, très proche. Le garçon se redressa et regarda entre les arbres, il n'aperçut pas la source du bruit, mais celle-ci recommença une nouvelle fois plus faiblement.

L'idée de rester dans sa neige, n'avait pas échappé à Serge, mais il sentit quelque chose le poussait à se lever et à se diriger vers le bruit. Son corps était en train de le pousser sans que sa raison ne puisse dire un mot. C'est ainsi qu'il se retrouva à zigzaguer entre les arbres, pour tomber sur la fameuse source du bruit. La neige éclaboussant de partout à cause de ces mouvements, le pauvre animal avait la patte arrière prise dans un collet. La ficelle en fer qui entourait sa patte l'empêchait de partir et plus il se débattait plus le fil s'incruster dans sa peau.

Serge arriva à discerner l'animal, c'était un jeune ourson, vu la petite taille, dont le pelage était recouvert par une couche de neige très tenace. Ce fut avec un pas très silencieux, qu'il s'avança vers l'animal. Il aurait pu laisser l'ourson dans sa douleur mais il savait que la culpabilité serait là pour le rappeler à l'ordre. Il ne lui resta qu'un pas, quand sous ses pieds une branche craqua, faisant tourner l'attention de l'animal vers Serge. Le Serpentaire s'attendait à rencontrer des crocs aiguisés comme des couteaux, qui lui montreraient que son aide n'était pas la bienvenue, mais à sa grande surprise, ce fut une paire de dents humaines qui lui firent face.

SERGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant