CHAPITRE 21

8 0 0
                                    

« — Qu'on en finisse, soupira Corburn. Pose-moi ta dernière question. Réfléchi bien.
— J'y ai déjà réfléchi. J'aimerais savoir comment Eadlin s'est retrouvé à être votre femme. »

Le visage du gardien fut quelque peu perturbé, il posa son regard sur la rousse, qui avait la même réaction. Elle s'avança vers lui, pour se retrouver à côté de son compagnon tandis que Serge les observer en silence. Il détailla Eadlin, elle était si belle, une magnifique robe verte faisait ressortir ces beaux yeux verts, qui avaient terni sûrement la cause de son statut d'âme. Un rire s'échappa de sa bouche, elle lança un regard à son partenaire qui hocha la tête. Eadlin s'agenouilla au niveau du zodiaque, lui souriant doucement.

« — Quand j'étais plus petite, je suis tombée amoureuse d'un garçon. D'un GENTIL garçon. Il s'appelait Cornell. On s'est promis de se marier adulte, malheureusement du jour au lendemain, il a disparu. On ne l'a jamais retrouvé... Les adultes ont dit qu'il était mort ou qu'il avait fini par être touché par un Abandonné. Puis quand je suis morte, je me suis retrouvé sur cette glace infinie... Cette prison que je ne pourrais jamais quitter... Et Cornell m'attendait. »

Son regard se posa sur Corburn, ils se sourirent amoureusement. Le gardien s'avança lentement vers elle et lui tendit la main. Elle se releva élégamment, sa main dans la sienne et ils s'enlacèrent. C'était la première fois que Serge voyait cet amour, l'amour entre deux personnes s'aimant. Il contempla le couple, ils étaient si beaux, si brillant et si heureux... Il oublia un instant que Eadlin était morte, la voyant resplendissante comme il ne l'avait vu de son vivant. Est-elle plus heureuse morte que vivante ? Il y avait des avantages et inconvénients au deux, mais Serge n'osa pas lui poser la question, gardant sa curiosité sous cellule pour ne pas déranger le couple.

« — Mais... Continua-t-elle. Cornell avait changé... Il était devenu un gardien. Et moi aussi, j'avais changé... Au début, je croyais être vivante comme lui, comme avant, mais la réalité était que je n'étais plus qu'un fantôme. Je n'y arrivais pas à y croire au début, mais Cornell m'a montré son vrai visage, celui du gardien. Celui de Corburn... Et j'ai compris. Tant qu'il sera gardien, je vivrai, pas comme une humaine, mais une âme. Ce n'est pas grand-chose, mais j'ai la chance de pouvoir vivre ce que je ne pouvais pas avant.
— Vous... Vous étiez un enfant avant ? Demanda Serge au concerné.
— Ne t'ai-je pas dit une question ? Railla le gardien.
— Corburn. Gronda sa femme.
— Tous les gardiens sont avant des enfants. Souffla le réprimander. Quand le gardien sent que son heure est venu, il doit choisir un successeur. Une âme fort et pure, pour diriger ces terres. Quand il a trouvé, il s'immisce dans ces rêves pour lui demander s'il le souhaite ou non. Il lui explique tous en ce qui concerne le rôle de gardien, il ne l'oblige à rien et ne lui cache rien. Si l'enfant accepte alors à son réveil, il se retrouve dans son futur antre. S'il refuse, il oublie ce qu'il s'est passé. Le futur gardien a droit à une cérémonie pour devenir officiel gardien, l'ancien lui descend dans les limbes, s'endormir à jamais.
— Corburn ... Vous... Bredouilla Serge. Vous abandonnez toute votre vie, au final, pour devenir gardien. Vous n'avez pas de regrets ?
— Non. Je n'ai pas de parents, du moins ils sont morts et la personne qui s'occupait de moi se servait de ma personne. J'étais obligé de travailler tandis que lui, buvait comme un trou. Ma vie n'était pas luxueuse, mais elle a changé quand je suis devenu gardien. Mon seul et unique regret était de ne pas revoir Eadlin. Mais aujourd'hui, je suis gardien, j'ai retrouvé celle que j'aimais et j'ai tenu ma promesse d'enfance avec qu'elle, nous marier adulte. La vie d'un gardien est bien plus longue et pleine de surprise alors non, je n'ai aucun regret. »

Il avait prononcé ces derniers mots en
collant un peu plus la femme contre lui, son front contre le sien et leurs regards l'un dans l'autre. Elle était heureuse, lui aussi. Elle se savait prisonnière à errer sur cette glace, jusqu'à la mort de Corburn lui-même prisonnier de ces terres, mais ils étaient heureux. Ils voulaient sceller leur amour, ce sont leurs vies qu'ils ont scellées. Si l'un meurt, l'autre devrait le suivre. Il connaissait déjà leur destin, un beau destin, celui que des milliers de couples aimeraient avoir, mourir ensemble au même moment. Eadlin posa une main sur ces joues pour ensuite lui murmurer quelque chose qui fit soupirer le gardien. Il se tourna vers le zodiaque et balança sa tête en arrière agacé, sa femme rigola tandis qu'il s'exclama :

« —Le Slange divin a la fièvre héroïque, immaculé de rouge et de noir est l'unique être pouvant briser la noirceur, qui fuit face à sa lueur... Voilà les paroles de la légende qui me sont confiées, retiens-les bien, zodiaque. La gardienne Mahi a déjà dû t'expliquer comment marche les accords avec les gardiens ?
— Oui, une question pour une question. Une demande pour une demande. Que voulez-vous en gage de mes demandes, gardien ?
— Tu es bien plus intelligent que je l'aurais pensé. Je n'aurais qu'une demande pour toi. »

Corburn se sépara de la rousse pour s'approcher doucement du garçon. Il s'agenouilla devant lui, prenant avec force son poignet, claquant celui-ci contre la glace. Ces deux passèrent au-dessus de sa peau sans la toucher, ces lèvres bougeaient, mais aucun son ne sortait. Serge observa l'homme, puis le dessin qui apparaissait sur sa peau, c'était une vague avec un cercle au-dessus et un autre en dessous. Comparait à la fois, où Mahi lui avait gravé son signe, il n'eut aucune douleur. Le zodiaque regarda avec attention son poignet, il était placé juste en dessous de celui de Mahi, accordé avec celui-ci par un trait doré.

« — Ma demande est, reprit l'homme. Ne remets plus jamais les pieds sur mon antre, serpentaire. »

Avant même que le zodiaque puisse comprendre, une énorme vague trancha la glace et l'aspira. Il se retrouva une nouvelle fois dans la mer, un cri qui fut avalé par l'eau s'échappa de ces lèvres, laissant le liquide s'infiltrer en lui. Contrairement à la première fois, il ne se débattit pas, il se laissa faire, épuisé. La fatigue prit son corps entre ces mains et Serge se laissa bercer par celle-ci, mais aussi par l'eau. Il ne contrôlait plus son corps, mais était encore conscient. Plus tard, il se sentit projeté et frappé par quelque chose de dur. La mer venait de le remettre sur la glace. Au loin quelqu'un cria son prénom, de plus en plus fort et bientôt il fut contre quelqu'un, le zodiaque réussit à combattre légèrement sa fatigue. Ces yeux s'entrouvrirent pour voir Unwin, le visage rempli d'inquiétude, le secouer et lui hurler après.

Le manque de repos revenu bien vite au galop et Serge referma les yeux sans le vouloir. Son corps se détacha du sol froid pour être posé sur quelques choses de plus doux, Méora. Derrière lui, il sentit le vêtement d'Unwin le réchauffait. Le sauvage avait enlevé un peu de sa fourrure pour la mettre sur les épaules du zodiaque. Serge avait entendu son camarade hurlait des : Plus vite gros tas de viande, à sa jument. Intérieurement, il rigola avant de se laisser plonger dans un sommeil récupérateur que son corps demandé tant.

SERGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant