Il est tôt quand je soulève les couvertures chaudes qui couvrent mon corps. Les bras nus, vêtue seulement d'un haut blanc sans manches et de mon pantalon noir de pyjama, je pose mes pieds à plat sur le sol. Sur le lit voisin, je peux entendre le ronflement assez léger d'Alexia. Elle est profondément plongée dans le sommeil et c'est un avantage pour moi au vu de ce que je m'apprête à faire. Je me lève doucement de mon lit pour éviter que le grincement si insupportable et commun des lattes du sommier ne résonne trop fort et ne réveille ma meilleure amie.
L'armoire en face de moi, je me déshabille rapidement pour enfiler mon soutien-gorge, un haut noir et un jogging de la même couleur. Être bien habillée n'est clairement pas mon objectif du jour. Je sors de la chambre sur la pointe des pieds en me tournant régulièrement afin d'être bien certaine qu'Alexia ne s'est pas réveillée. Quand la porte émet un bruit quand je la referme, une fois de l'autre côté, je grimace et prie pour que personne n'entende ma fuite — enfin si on peut dire ça.
Je descends les escaliers de la même manière : le plus délicatement impossible. Si les sommiers aiment manifester leurs insupportables sons, n'en parlons même pas pour les planches des escaliers qui s'affaissent généralement sous nos pieds. Il doit se cacher quelques fantômes pour qu'elles produisent ces bruits à en effrayer plus d'un. En face de l'entrée, je me saisis de mes baskets et les enfile ainsi qu'un manteau pour affronter la fraicheur du temps.
Le froid agresse mon visage mais je résiste, la mâchoire serrée, en priant pour arriver le plus rapidement possible chez l'Alpha. J'ai beau me tortiller dans tous les sens pour mieux faire passer ce froid insupportable, ça me semble durer des heures tandis que je longe la forêt. Mais pourquoi l'été est-il parti aussi vite ?
Le soulagement m'envahit quand je vois enfin la maison de mes grands-parents apparaître. Je cours durant le peu de chemin qui me reste et si je n'ose pas au début, je finis par tambouriner à la porte. Je risque sûrement de réveiller quelqu'un, voire la maisonnée entière mais je ne peux pas perdre de temps à geler dehors, sous peine de finir en glaçon géant.
Si la personne qui m'ouvre ne m'étonne pas, son air endormi me tire une grimace désolée. L'Alpha, les yeux cernés et les cheveux quelque peu décoiffés, soupire longuement.
— Entre, je t'en prie.
Je ne me fais pas prier. En m'engouffrant dans l'entrée, j'enlève mes chaussures humides et froides qui me provoquent une vague de frissons qui remontent jusqu'à mon cou.
— Accroche ton manteau ici, s'il-te-plaît, me demande la maîtresse de maison en désignant le porte-manteau où est accroché déjà d'autres vestes et blousons.
Il ne reste qu'une petite place pour la mienne que je m'empresse de prendre sous son regard scrutateur. Elle doit sentir que je n'ose pas la regarder car elle se racle la gorge.
— Allez, ne sois pas trop gênée. J'ai bien compris que tu es là pour une bonne raison. Et puis, tu sais que tu es la bienvenue dans notre maison. J'espère qu'elle deviendra pour toi un havre de paix, celui où vivait ta mère avant.
— Bien-sûr.
Ma voix se rapproche plus du couinement que d'une voix claire qui s'affirme car le sourire mutin de ma grand-mère me dit tout ce que j'ai besoin de savoir. Elle ne me croit pas vraiment, du moins pour l'instant. Mais comment le pourrait-elle ? Je ne peux pas aimer ce foyer du jour au lendemain, c'est impossible.
Malgré le fait qu'il soit très tôt quand je pénètre dans le salon, toutes les lumières sont allumées et des images défilent sur la grande télé noire, signe que je n'ai sûrement pas réveillée ma grand-mère. Je ne sais pas en revanche si elle s'est levée très tôt ou si elle continue simplement de veiller jusque tard le soir. Elle doit lire dans mes pensées car la seconde d'après, elle balaye mes interrogations :
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La Malédiction de La Luna (S2)
Hombres LoboSaison 2 ✓ Un mois et demi après, Rodric et sa famille ne sont toujours pas réapparu tandis que Léana et Alexander dépérissent peu à peu sous l'inquiétude et l'impatience depuis que Nëta, la déesse de la nuit, leur a révélé la vérité. Le Père des Lo...