3. L'intrus

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Deux semaine étaient passées et le sommeil venait toujours aussi difficilement. Je n'avais pas recroisé Flamme lors de mes sorties nocturnes, mais j'avais vu plusieurs fois la porte de son bureau ouverte quand j'étais passée devant dans la nuit.

Tous le monde était bien occupé au Refuge, la fin de l'automne allait arriver et avec elle tout les problèmes liés au froid et à la pluie. En automne et en hiver les fruits et les légumes poussaient de moins en moins et nous avions beau faire des réserves, ils ne se gardaient pas infiniment. Nous avions déjà passé un hiver dans le bunker, peu après la création du Refuge. La température était descendue jusqu'à -2°C à l'intérieur du bunker et le peu de couvertures et de vêtements que nous possédions n'avait pas suffit. Les murs de béton gardaient le froid et l'humidité, rendant la vie impossible. Nous étions tous tombés malades les uns après les autres et nous avions passé l'hiver entier entassés autour d'un feu dans la plus petite pièce du bunker, l'infirmerie, pour avoir un minimum de chaleur. Dès que les températures avaient augmentées, nous avions installé les mini-éoliennes et nous avions enfin réussi à faire fonctionner le chauffage.

Nous espérions que cet hiver se passerait mieux. Nous avions entassés des conserves pendant les deux saisons passées, qu'elles soient faites par nos cuisiniers ou trouvées dans les magasins. Nous avions récupérer des piles de couvertures, de vêtements et des tas de bois. Nous étions prêts. Enfin en théorie.

Je prenais une douche lorsqu'une alarme retentit. Pendant quelques secondes, la sirène me transporta ailleurs, dans une autre fin d'après midi, un an et demi plutôt. Je repris vite mes esprits en secouant la tête puis je soupirai d'agacement en voyant les néons, habituellement blancs, devenus rouges. Il y avait toujours un idiot pour déclancher l'alarme au moins une fois par mois, des fois croyant vraiment qu'il y avait un danger mais le plus souvent pour rigoler, bien que cela nous énerve plus qu'autre chose. Je me dépêchai tout de même de sortir de la cabine et de me rhabiller, même si ce n'était qu'une blague je devais respecter le protocole. J'essorai me cheveux du mieux que je pouvais mais ils étaient encore trempés lorsque je me dirigeai en courant vers le réfectoire. La salle de rassemblement était presque pleine quand j'y entrai et je dus jouer des coudes pour réussir à rejoindre Flamme, Renard et quelques autres qui étaient au centre de la pièce, après m'être assurée que Camille et Arthur se trouvaient bien dans la pièce. Au bout de quelques secondes, pendant lesquelles un brouhaha insupportable régnait dans le réfectoire, Flamme monta sur une des tables pour que tout le monde puisse le voir. A peine fut-il perché sur le meuble que le silence se fit. Même le bruit assourdissant de l'alarme se tut. Notre chef attendit encore quelques secondes avant de s'exprimer d'une voix forte et parfaitement compréhensible.

- Notre Hacker, Renard, a repéré un individu aux abords du quartier. Malheureusement l'orage a engendré une coupure d'électricité et seules les lumières de secours sont en état de fonctionner.

Voilà qui expliquait pourquoi seuls les néons rouges étaient allumés et pourquoi l'alarme s'était déclenchée : il n'y avait plus de courant.

- Nous n'avons donc plus de visuel sur l'extérieur et nous n'avons pas eut le temps d'identifier l'individu, continua notre leader.

Un murmure d'inquiétude se propagea parmi les adolescents. À vrai dire, je n'étais pas sereine non plus, notre seule protection consistait à pouvoir repérer le danger à l'avance, mais nous n'avions plus cet avantage.
Flamme fit taire les voix qui s'élevaient d'un geste de la main.

- Je vous demande de tous retourner à vos occupations jusqu'à nouvel ordre, mais personne ne sort du bunker sans mon autorisation. Le dîner sera servi comme d'habitude, conclut Flamme avant de descendre de son perchoir improvisé, donnant l'ordre silencieux de vider la salle.

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