New Hope for Humanity

14. Jour 2

Ange.

Je tournais ce prénom dans ma tête encore et encore. Je n'arrivais pas à dormir ou du moins plus maintenant. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était mais le soleil n'était pas encore levé, pas plus que les animaux autour de nous. J'en avais déduit qu'il était encore tôt. Pourtant le sommeil m'avait quitté depuis un moment, il me semblait que je connaissais chacun des plis que la toile de tente formait au dessus de ma tête tellement j'avais eu le loisir de l'observer.

Il y avait eu un moment de flottement juste après la révélation de Flamme. J'avais hésité à tout lui avouer, que mon prénom était faux, que je vivais chaque jour dans le mensonge après m'être créé une nouvelle identité. J'avais vraiment hésité. Mais je n'avais pas trouvé le courage et je n'avais rien dit. Flamme avait fini par se lever sans rien ajouter d'autre. Nous étions tous deux entrés dans nos tentes respectives, et je m'étais endormie en imaginant ce qu'il se serait passé si j'avais osé.

Il ne servait à rien que je reste à me torturer l'esprit de nouveau tout en cherchant en vain un sommeil qui ne viendrait pas. Alors je m'appliquai à me lever sans bruit pour ne pas réveiller Camille, Alaska et La Mécano qui dormaient encore profondément et je sortis en frissonnant face au courant d'air qui me frôla quand je mis les pieds hors de la tente. Je fermai les yeux, me contentant de ressentir la brise fraîche contre ma peau. Je laissai un soupir franchir mes lèvres, je n'avais pas été à l'extérieur aussi longtemps depuis tellement de mois. Un bruit de grattements me sortit de mes pensées, coupant court à ce moment de calme et me forçant à tourner la tête. Mon sang se glaça dans mes veines quand je compris ce qui se déroulait sous mes yeux. Un pan de la tente où nous avions entassé les sacs contenant des vivres était déchiqueté. Une queue touffue sortait de cette ouverture aménagée brutalement et des grognements s'élevait de l'intérieur. Je me précipitai sur un bout de bois assez gros et le lançai de toutes mes forces, il se peut qu'un cri m'échappa à cet instant. La bête à l'intérieur de la tente dû paniquer car je vis des bosses se former puis disparaitre aux endroits où elle essayait de s'enfuir.

- Sort de là sale bête !

Je ne savais pas que je pouvais mettre autant de hargne dans une voix, pourtant mes cordes vocales n'avaient jamais autant vibré. Un coup de feu retentit dans le silence nocturne alors que je m'apprêtais à aller secouer la tente moi même. Je tournai brusquement la tête vers un Flamme qui venait apparemment de sortir de sa tente en vitesse. Il avait encore le bras tendu vers le ciel après avoir tiré dans le vide et il le garda dans cette position jusqu'à ce qu'un renard s'échappe je ne sais comment de la tente et disparaisse dans les bois environnants.

- Ça va ? me demanda-t-il platoniquement, par automatisme.

J'hochai la tête avant de répliquer :

- C'est pas pour moi qu'il faut s'inquiéter.

Je faisais bien évidemment référence à la tente qui menaçait de s'écrouler après avoir été autant saccagée. Des ados commencèrent à sortir de leurs tentes, encore étourdis par les brumes du sommeil, s'inquiétant des bruits qu'ils avaient entendu. Flamme leur assura que ce n'était rien et les renvoya se coucher. Lui même ne portait qu'un pantalon qu'il avait dû enfiler à la hâte en m'entendant crier, il s'excusa donc et revint quelques secondes plus tard, terminant de boutonner la chemise qu'il avait récupérée. Andréas le suivait, enfilant tout juste la deuxième manche de sa veste. Nous nous approchâmes tous trois de la tente, prêts à constater les dégâts.

Je me laissai tomber au sol dans un soupir. Il ne restait presque rien. Presque rien. Le renard avait soit englouti ce qu'il pouvait manger, soit déchiqueté les boites et les sachets pour ensuite les laisser en plan sans toucher à ce qu'ils contenaient. Toujours est-il que nous n'avions certainement pas de quoi tenir jusqu'au prochain point de ravitaillement prévu. Nous allions devoir improviser un arrêt, et vite.