23. "Un père et sa fille, pour toujours et à jamais "

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Le grondement du tonnerre se répercutait dans les tremblements de mon corps. Les gouttes tombant à verse en claquant contre la toile se confondaient avec les larmes inondant mes joues. Un cri silencieux écarta mes lèvres, coupant ma respiration déjà instable. Ce n'était plus seulement l'orage qui me terrifiait, c'était les flashs de ce corps allongé battants sous mes paupières. Ces images indélébiles d'un dernier sourire. Sous la panique, les eaux du fleuve que je surplombais il y a encore quelques heures paraissent de plus en plus accueillantes. Et je savais qu'il ne s'agissait que de quelques instants avant que ma raison ne cède à son tour. Mes bras se raidirent de nouveau pressentant le bruit infernal qui allait suivre la foudre, mes mains se crispèrent autour du drap fin qui recouvrait mon corps. Mon cœur ratta un battement lorsque le tonnerre retentit, moins d'un quart de seconde plus tard, emplissant l'espace comme le grondement d'un démon.
Une paire de bras ceintura ma taille, me ramenant brusquement à la réalité. Je pris une inspiration tremblante, en me blottissant dans ce refuge humain, sans prendre la peine de m'inquiéter de son identité.

- Je suis désolé, souffla la voix de Flamme dans le creux de mon oreille. Je suis là ça va aller. T'inquiètes pas...

Le tonnerre fit trembler une énième fois le sol et les bras de Flamme se fermèrent encore plus fort autour de mon corps si cela était possible.

- Il... Il est pas là, ma voix déchira l'air dans un sanglot.

Il le sera plus jamais, cria une voix dans ma tête.

Les muscles de Flamme se crispèrent et je sentis une larme s'écraser dans mes cheveux.

- Je ne peux pas faire ça sans lui...

Sa voix me traversa dans un murmure, une confession à peine audible.
Le bruit étouffé de ses sanglots se mêla à celui des miens.
Le matelas s'affaissa lorsque son poids se joignit au mien. Mes mains lâchèrent le draps pour aller s'accrocher au tissu qui recouvrait sa peau, lui rendant son étreinte avec autant d'intensité. Peu à peu le cri de l'orage s'effaça, disparaissant dans le décor de la nuit. De ce chaos il ne resta que deux corps, recroquevillé l'un contre l'autre, combattant une bataille imperceptible. Et entourant tout ça : le son du regret, de la culpabilité, et des souvenirs gravés dans la mémoire, bons ou mauvais.

Ce n'était plus que lui, moi, et les non dits murmurés entre nous.

~

- Wake up, marmottes !

Le sommeil me quitta dans un sursaut et je sentis le corps blotti contre le mien subir le même sort. Un rapide coup d'œil m'informa que je me trouvais toujours dans la tente-dortoir, le bras de Flamme encerclant ma taille et mon dos contre son torse. Cette observation fit accélérer ma respiration, mais un mouvement dans le coin de mon champ de vision attira mon attention avant que toute autre pensée ne puisse se développer.

- Bonjour, me salua Renard, en penchant sa tête à quelques millimètres de la mienne.

Un mouvement de recul prit possession de mon corps et je percutai Flamme, qui finissait tout juste de reprendre ses esprits dans un grognement. Celui-ci, se rendant compte de notre proximité, voulut s'éloigner en vitesse. Mais il perdit l'équilibre et s'écrasa par terre, de l'autre côté du lit, emportant les draps avec lui dans une vaine tentative pour se retenir.

Un rire s'échappa de la bouche de Renard, qui n'avait manqué aucun instant de la scène venant de se dérouler sous ses yeux. Et même si j'étais en partie visée derrière ce rire, cela me réchauffa le cœur. Le visage oublie si vite comment dessiner un sourire que ça faisait du bien de voir qu'une personne au moins s'en souvenait.
Son sourire disparu pourtant très rapidement, dès que la réalité se rappela à lui.

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