New Hope for Humanity

6. " Trop près "

Le couloir était désert, tous les ados étaient encore au réfectoire, à peine levés. Le sommeil couvrait encore à moitié mes yeux et la lumière des néons m'aveuglait presque. Une ombre apparut à côté de moi, me cachant de cette luminosité trop forte pour moi alors que je venais tout juste de me lever.

- Élina ?

Je me tournai pour distinguer le visage de cette ombre manifestement parlante et croisais le regard de Flamme. Des cernes soulignaient ses yeux, signe qu'il n'avait toujours pas plus dormi. J'hochai la tête pour lui signifier de continuer tout en me frottant les yeux dans l'espoir qu'ils s'habitueraient plus vite à la lumière.

- La Mécano était de garde cette nuit, et elle a aperçu des lumières au pied du Crayon.

Le Crayon, aussi appelé Tour de la Part-Dieu. Un immense gratte-ciel accueillant des bureaux et un hôtel. Juste à côté il y avait un vaste centre commercial qui avant réunissait des milliers de personnes, mais maintenant, il était complètement à l'abandon et nous servait simplement d'entrepôt. On venait parfois y prendre les quelques conserves et vêtements que nous n'avions pas encore rapporté au Refuge.
Je soupirai en imaginant ce que cela pouvait signifier. Quoi que ce soit, ça n'annonçait rien de bon. Il n'y avait plus de lumière dans la ville depuis un moment, alors peu importe qui se trouvait là bas, nous n'étions plus seuls et ils étaient près, très près. Trop près.

- J'irai voir ce qu'il se passe cet après-midi, m'informa Flamme avant de s'apprêter à repartir vers son bureau.

Je pris la parole avant qu'il ne puisse faire demi-tour.

- Je t'accompagne.

- Certainement pas, répliqua-t-il d'un ton moqueur, presque sacarstique.

- Pourquoi ?!

Mon ton outré lui fit lever ses sourcils et un sourire apparu sur le coin de ses lèvres.

- Laisse moi voir. Il fit mine de réfléchir, signe qu'il moquait ouvertement de moi, et se mit à compter sur ses doigts. Tu sors sans prévenir personne, en sachant pertinemment que je ne suis pas d'accord, pour des raisons évidentes qui sont que tu aurais pu tomber sur n'importe qui, te faire attraper par des soldats ou je-ne-sais-quoi encore ! Tu me mens en me disant que tu ne connais pas les personnes qui viennent d'arriver pour me dire après qu'ils sont tes meilleurs amis ! Je dois continuer ou tu commences à saisir l'idée ?

Je croisais les bras sur ma poitrine, affichant un air boudeur sur mon visage et baissant la tête, un peu honteuse. Je répondis en marmonnant.

- Nan ça ira.

Flamme sourit d'un air mesquin en se penchant légèrement vers moi.

- J'ai pas compris, tu disais ?

Son ton narquois me donnait simplement envie de le remettre à sa place une bonne fois pour toutes. Je me demandai même pourquoi je ne sortais pas en douce plus souvent, rien que pour pouvoir imaginer son air mi-paniqué mi-énervé quand il se rendait compte de mon absence. Gardant cette image dans ma mémoire, je lui fit mon plus beau sourire et je répétai en articulant comme si je parlais à un enfant en bas âge.

- Non, ça ira, je vois l'idée.

- Très bien, et puis de toute façon tu viens de te lever, tu feras gaffe t'a encore de la bave, juste là.

Flamme désigna sa joue tout en terminant sa phrase. Mon sourire tomba d'un seul coup et le sien redoubla tandis que je m'essuyais machinalement la joue avec la manche de ma veste tout en le fusillant du regard.
Andréas coupa court à tout autre retour de ma part en apparaissant à la gauche de Flamme. Il nous regarda tour à tour, semblant de rendre compte qu'il venait d'interrompre quelque chose, ce qui fit redouble le sourire insolent de Flamme. Je lui jetai un regard noir avant de demander à Andréas ce qu'il voulait.