Chapitre 2

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Alessio

Il y a des tas de choses dans la vie qui ne se maîtrisent pas. Quand mon père m'a laissé le dossier de Malt avant que je me rende dans ce gymnase sordide, je ne m'attendais pas à ce qu'il cède aussi facilement. C'est qu'il devait vraiment être désespéré. Mais je n'agissais pas pour lui. Jamais. Il pouvait encore courir si il pensait que ça se passerait selon ses règles.

Maintenant que je connaissais les réactions de Malt, quelques-uns de ses traits de personnalités, je le trouvais bien intéressant que prévu. La personnalité d'un gros nounours dans la peau d'une montagne de muscles. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il soit si avenant. Ça ne m'aurait même pas étonné qu'il m'ait adressé la parole par pure gentillesse. Tout cela lui procurait un certain charme.

Les réactions qu'il avait eues sous la douche, me procurèrent les réponses que j'attendais. Cet homme aimait le corps masculin surement bien plus qu'il ne voulait se l'avouer. Le gaydar ne mentait jamais.

Mon téléphone me sortit de mes pensées. La maudite sonnerie m'indiquant que je devais prendre mes médicaments. Pour rendre le moment moins ennuyeux, tous les jours jusqu'à ce que je rende l'âme, j'avais installé le bip des Totally Spies. Bien plus marrant, de se faire woohper par Jerry que de se faire dicter son existence par une sonnerie morose.

Dans ma chambre, j'avais une desserte juste devant la fenêtre. La nuit était tombée depuis un moment. Je débouchonnai la carafe en verre et me servis mon eau comme si c'était un whisky hors de prix. Les pilules au creux de ma vie arrivèrent bien vite dans mon gosier après avoir penché la tête en arrière pour les recevoir.

Il ne me restait plus qu'à changer mon capteur à insuline. J'aurais pu éviter le diabète. C'est arrivé bêtement. Cette maladie s'est déclarée à cause de ma narcolepsie et l'inattention de mes parents lorsque j'étais enfant. Comme j'étais trimballé de pays en pays, je mangeais un peu n'importe comment. C'était très mauvais pour ce que j'avais. Très vite, je suis devenu un enfant un peu enrobé parce que sa nourriture n'était pas adaptée.

Après une énième visite chez le médecin repoussé par les emplois du temps chargés de mes parents, le verdict est tombé. Enfant diabétique. Après cela, ma mère a fait beaucoup plus attention à moi, mais le mal était fait. J'ai subi un nouveau traitement et des séances de sport adaptées pour retrouver un corps plus athlétique. L'adolescence avait beaucoup joué. J'ai perdu mes joues de bébé et mon petit ventre avec la poussée d'hormones de croissance. J'avais tout de même hérité d'une maladie supplémentaire, comme si la première, génétique, ne suffisait pas.

Toutes les semaines, le programme pour changer la pompe était le même. J'ai eu de la chance dans mon malheur. La pompe régulait toute seule ce dont j'avais besoin de nuit et de jour. Pas besoin de me piquer tout le temps.

J'alternais entre la cuisse et le bras. Comme celle que j'avais eu cette semaine se trouvait à l'intérieure de ma cuisse, Malt n'avait même pas dû le remarquer. Ce n'était pas très voyant. Des maladies invisibles. Voilà ce qu'était ma vie.

Mon bras désinfecté, je posai le capteur et l'enclenchai de la bonne manière, jusqu'à ce que l'aiguille entre en contact avec ma peau au clic. C'était fait. Aussi simplement.

La porte de ma chambre reçut quelques coups reconnaissables. Ma sœur. Je me jetai sur mon lit en étoile de mer.

– Tu peux entrer, dis-je en haussant le ton.

Ce qu'elle fit à la seconde où elle entendit ma voix. Annabelle récupéra ma chaise de bureau pour se positionner devant moi. Je ne la voyais pas faire, mais les bruits du mobilier étaient reconnaissables entre mille.

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