Chapitre 29

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Alessio 

Sur le réveil, il était indiqué quatre heures cinquante-cinq et je n'arrivais toujours pas à dormir. La tête en arrière, bouche entrouverte, je me tenais le crâne entre mes deux mains grandes ouvertes qui se jetaient à la racine de mes cheveux. J'avais chaud, malgré le fait que je me sois mis torse nu. Les chaudes nuits d'été devenaient invivables. A côté, mes pensées n'arrivaient pas à se taire, ce qui me gardait en éveil.

A chaque fois que ma mère, mon père ou Malt passait dans mon champ de vision imaginaire, mes yeux se rouvraient automatiquement. Tous m'attristaient d'une façon différente.

Ma respiration se faisait plus cadencée. La bouteille sur la table de nuit avait descendu de moitié, ce qui m'avait valu une envie pressante ou deux. Le schéma était toujours le même. En position pour dormir, des images s'installent et les yeux se rouvrent. Je crois que je me suis frappé une fois et que je me suis parlé tout seul une vingtaine de fois avant de me rendre compte que ça ne changeait rien.

Dans tout ça, je me sentais le plus dérangé par les scénarios catastrophiques que je me faisais de Malt et moi. J'en arrivais à le voir partir, se désintéresser de moi ou juste qu'il arrête de me parler sans que je sache pourquoi. Nos discussions avaient vraiment baissé drastiquement par ma faute. Je n'avais pas envie de sortir de ma chambre, d'avoir une quelconque interaction, même pas avec Annabelle.

Je n'avais répondu qu'aux messages de mon copain trois jours après l'envoi. Depuis, je n'ai plus vraiment de vrais messages pour me demander si ça va. J'imaginai le pire, mais je n'ai jamais osé rien lui demander. Je sentais que ça allait me faire pleurer ou que j'allais faire une connerie monumentale.

Il aura fallu pratiquement cinq jours pour que quelqu'un me convainque de sortir de mon trou. Une personne dans cette maison, peu importe qui, avait réussi à laisser entrer Galahad. Il voulait que j'arrête de me morfondre tout seul et que je vienne avec lui sur un événement d'influence. Pour que je ne refuse pas ou que je m'enfuis au petit matin, mon meilleur pote s'était entêté à rester dormir ici dans une chambre d'amis.

Je n'ai pas dû dormir plus de deux heures avec les problèmes qui vivaient comme des sangsues dans mon crâne. J'ai pris mes médicaments avant de les oublier, puis je suis descendu pour récupérer le Don Juan français qui avait pris possession d'une des meilleures chambres d'amis de la maison.

– Réveille-toi ou je reste ici une journée de plus dans le noir, le menaçai-je en tirant les rideaux.

Dans les draps, un corps sans vie grogna quelques mots semblables à un "j'arrive". Je me posai à ses pieds, allongé les mains sur le ventre, à fixer le plafond. Une envie soudaine de parler des problèmes avec ma mère surgissait tant qu'il n'était pas assez réveillé pour tout comprendre.

– Je sens qu'elle ne va pas tarder à vouloir avoir une discussion avec moi. Elle aime trop faire comme si rien ne s'était passé, dire qu'elle n'est pas rancunière et tout mettre là-dessus. Ça m'énerve. J'ai l'impression qu'elle ne veut pas comprendre. Et papa c'est encore pire, je ne cherche même plus avec lui.

Il me répondit en me donnant un coup de pied dans la côte. Son geste me plia en deux de douleur.

– C'est bon j'ai compris je me casse. Tu m'as fait mal, connard.

En rejoignant la cuisine, une part de moi voulait qu'il ait compris ce que je lui disais et une autre préférait gérer et enfoncer les problèmes au plus profond de moi jusqu'à ce que ça passe.

Le petit déjeuner était bien silencieux. Gal est arrivé les pieds traînant sur le sol, les yeux encore collés par son sommeil que je lui avais volé. De toute manière, il avait forcément plus d'heures de sommeil que moi au compteur.

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