Chapitre 22

11.1K 661 556
                                    

Alessio

D'une certaine manière, nous nous sommes débarrassés de Theodora. Dans les faits, c'est plutôt l'appel qu'elle a reçu qui nous a sauvés. Je n'ai pas tout à fait compris de quoi il en retournait mais son frère avait besoin d'elle. Nous avions assisté en direct à une dispute téléphonique, jusqu'à ce que son interlocuteur gagne.

C'était un peu mesquin, mais ça me faisait plaisir qu'elle parte. Je pouvais enfin me retrouver seul avec Malt, sans parasite autour. J'allais rattraper le temps perdu, comme il se doit.

Assis sur la première ligne de gradin, le ballon de monsieur dans les mains, j'attendais qu'il revienne après avoir accompagné son amie jusqu'à l'extérieur. J'observai toutes les craquelures et les lignes blanches usées jusqu'à ce qu'une activité meilleure s'offre à moi.

– Désolé d'avoir traîné. William est venu la chercher, il était vraiment en colère.

– William ?

– Son frère, répondit-il en s'asseyant à mes côtés.

Je connectai dans ma tête toutes les informations et fis le lien avec toutes les conversations tordues que nous avions pu avoir au sujet de ses amis jusqu'à ce jour. La fatigue du jetlag embrouillait mon cerveau. Malt m'aida à y mettre du clair, en me rappelant qu'ils étaient jumeaux. Tout de suite, les informations en ma possession coulaient de source.

Je faisais rouler la balle sur mes cuisses de manière frénétique, dans le but de réfréner mes pensées. Le simple fait d'avoir dans ma ligne de mire, son regard doux et interrogé, me sortit de mon silence.

– Mon mec, hein ?

Je soufflai délicatement du nez. Malt fut surpris que je remette le sujet sur le tapis. C'était comme si sa grande masse corporelle disparaissait d'un coup sous terre, et qu'il revenait à l'état de petit bébé sans la faculté de parler. Je pris alors la discussion pour moi tout seul.

– J'attendais que tu le dises. J'aurais pu le faire, mais ça t'aurait sûrement ralenti dans ton processus de recherche de toi.

Je lui rendis sa balle, un sourire léger sur le visage.

– Merci.

Je savais qu'il ne me remerciait pas par politesse pour lui avoir rendu son ballon, mais pour tout le reste. J'avais la vague impression qu'une colonie de papillons avait envahi mon cœur.

Sans même un contact, un frôlement de peau, je ressentais déjà bien plus que ce que je ne l'admettais au départ. Il avait eu une influence sur moi et mon mental que peu de personnes avaient réussi à obtenir. Ce laisser-aller me faisait peur par moment. Lui donner plus, toujours plus, sans savoir ce que l'avenir réserve restait terrifiant.

– J'ai quelque chose pour toi, me sortit le brun de ma rêverie. Regarde ton téléphone.

Comme il le souhaitait, je pris mon portable entre mes doigts. J'avais un message de sa part, avec une localisation.

– Ouvre-la.

– Ce n'est pas mon rôle de te faire des surprises ?

Un rôle... Je disais ça comme si j'appréciais la routine. Je l'avais plutôt en horreur et j'étais vraiment content qu'il prenne une initiative que je n'avais pas espérée.

– À mon tour.

Le lien m'emmena sur la map de mon téléphone. Je n'y comprenais rien. Le point GPS n'indiquait rien. Le centre d'un champ, avec des kilomètres de vide. Pas d'habitations et au moins à vingt minutes de la ville en voiture si ce n'est pas plus. Je montrais mon écran à l'intéressé.

COOPERATIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant