COOPERATION

Chapitre 25

Alessio

En l'espace d'une semaine, la situation que je pensais réglée avec ma mère ne s'améliorait pas. J'avais reçu un message d'excuses une journée après notre dispute. Seulement ces excuses étaient emplies de reproches dissimulés.

Je commençais à croire qu'il n'y avait pas d'issue. Peu importe les efforts que l'on mène mutuellement, il subsiste un moment de rupture dans le temps. Un passage à vide où toute la tension tombe en chute libre sans aucun parachute pour nous freiner.

C'est un peu le combat que je menais avec elle. Ma mère n'avait rien de la mère horrible qui veut du mal pour ses enfants, mais dans un certain sens c'était un peu ça. Son absence pesait trop.

Moi qui croyais la revoir assez vite, finalement son voyage pour Lynchburg avait été repoussé. Elle ne comptait pas venir avant que mon père vienne à son tour pour les Owls. J'ai abandonné l'affaire. Un silence valait mieux que de se battre dans le vide.

La fin de semaine était passée plutôt vite une fois que mon cerveau était libéré de tous mes problèmes familiaux en tout genre. Malt m'avait confié que sa sœur passerait du temps avec lui, à cause d'un problème d'organisation avec sa mère que je n'arrivais pas à saisir complètement. Tout compte fait, les angoisses causées par la famille n'étaient peut-être pas aussi horribles à côté de ce qui m'attendait.

Malt voulait qu'on s'adapte. Ellie ne pouvait pas se faire garder toute seule lorsque personne ne se trouvait là pour la divertir.

C'est le problème avec les gosses... Pas assez autonomes.

Et puis Malt ne voulait pas déléguer le colis à quelqu'un d'autre dès les premiers jours alors que la petite lui avait été confiée à lui et non pas à un autre. D'après lui, avoir l'étiquette que Diego, le père d'Ellie, sur la tête, n'avait absolument rien de glorieux.

Donc les compromis étaient de mise et une fois de plus une cible mouvante avait pris mon mec comme nouveau doudou. Ce petit moucheron d'un mètre vingt tout mouillé devenait mon ennemi à la seconde où mon pied foulait le sol de la collocation.

C'était ce que je pensais en tout cas quand je suis arrivé. Sauf qu'elle dormait et ça toute l'après-midi. Nous avions regardé un film tous les deux. J'avouerais que je ne pourrais pas dire ce que c'était j'avais des occupations plus importantes que de regarder l'écran. Ses lèvres et son cou étaient d'un bien meilleur intérêt.

Seulement Max est arrivé en trombe en claquant la porte, ce qui a réveillé Ellie qui s'est immédiatement emparée des bras de son frère. La menace m'avait mise de côté plus vite que n'importe qui de mon âge aurait pu le faire. C'est arrivé à plusieurs reprises dans la soirée jusqu'à ce que je décide de prendre les choses en main.

Le lendemain, mon chevalier, le gnome et moi étions chez moi. Plus de tornade du nom de Max, ou de la blondasse à la voix de crécelle qui chante sous la douche. Plus que nous trois et ma soeur qui les a accueillis avec le sourire.

Annabelle a toujours eu plus de facilité avec les enfants que moi de toute façon. Plus jeune, elle voulait que mes parents lui donnent une petite soeur pour qu'elle puisse jouer avec quelqu'un parce que moi je préférais être avec les grands. A cette époque, elle était trop petite pour comprendre qu'on ne voulait pas d'une fille dans notre groupe à Gal et moi. C'était l'âge bien con.

Devant la porte, Annabelle s'était mise à genoux pour se placer à la hauteur de la brune qui souriait à pleine dent. Son grand frère lui retirait son manteau pendant qu'elle tentait d'entrer en contact avec le monstre.

Je n'écoutais pas vraiment le début de conversion qui avait l'air de les passionner toutes les deux. Mes yeux étaient simplement rivés sur mon rêve éveillé. Debout devant moi, dans un polo à manches courtes qui dissimulait sa musculature tout en la mettant en valeur. Il n'avait d'yeux que pour sa sœur à ce moment-là, mais il se laissa faire pour recueillir mes doigts entre les siens. C'était devenu assez machinal comme mouvement entre nous. Malt me caressa le dessus de la paume par réflexe, et je fis de même jusqu'à ce qu'il se rende compte réellement de ma présence envahissante.