Chapitre 20

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Malt 

Pendant un entraînement, monsieur Makrofovos a décidé d'arriver à l'improviste pendant l'un de nos entraînements. Le coach avait profité que nous voulions faire un match de bon cœur, hors période, pour ramener cette raclure.

Je n'avais pas compris tout de suite qu'il était dans la salle. La réaction et le jeu moins fluide de William me fit comprendre bien assez tôt qu'on était sous surveillance. Son regard scrutateur n'en loupait pas une miette. Tel un rapace, il prenait pour cible chacun de nous à tour de rôle. Le coach lui sifflait quelques mots. Je ne pouvais pas m'empêcher de les épier pour comprendre ce qui se tramait. Ce jour-là était vraiment calme comparé à la suite.

Au début, je pensais, à tort, que j'étais la cible de tout ce petit manège. Sa présence me faisait faire des fautes, ma concentration n'avait rien d'optimal. Ce petit accroc me donna une idée. Pour une fois que je laissais ma vision très encadrée de ce sport de côté, il allait me voir sous le pire de mes jours. J'enchainais les fautes, les pertes de balle et les sorties.

Seulement, ce n'était pas moi qu'il regardait depuis le début de la semaine. Je l'ai compris bien plus tard en suivant ses yeux pendant le match. Il n'était pas ici pour moi, mais pour Pierce.

D'après Finn, un des remplaçants, Pierce avait réussi, lors d'un entretien, de remanier les termes du contrat que l'entrepreneur lui proposait. Déjà qu'il était sur le point de signer, il y a déjà de ça pratiquement deux mois, maintenant le montant pour partir dans le Minnesota avait presque doublé. Il lui avait promis monts et merveilles, en promettant qu'il savait s'adapter à n'importe quelle équipe. Bien sûr, il avait insisté sur le fait qu'il se trouvait depuis longtemps dans le cinq majeur et avait vu défiler bon nombre de têtes durant ses études.

Forcément, Pierce devenait bien plus intéressant tout d'un coup avec ce profil malléable. Bien plus que moi qui restait attaché à mes gars, malgré que mon jeu soit meilleur que le sien.

C'était donc lui qu'il suivait pendant toute la semaine. Ce petit changement de programme n'avait pas fait long feu en tant que secret. Pierce s'était empressé de s'en vanter à la première occasion. Dès que les voix s'élevaient un peu, il cherchait à démontrer qu'il allait partir de toute manière et que la prochaine saison se ferait sans lui.

Tout le monde était d'accord pour qu'il s'en aille. Il ne faisait que persécuter les joueurs pour des raisons absurdes et convertir certains à sa manière de penser.

Toute cette histoire m'arrangeait bien. Si le père d'Alessio ne cherchait plus à vouloir le cinq majeur au complet, c'était une bonne nouvelle.

Je l'ai pensé durant toute la semaine, en me disant qu'il ne reviendrait pas sur sa décision. J'avais eu tort une fois de plus. L'entrepreneur était revenu la semaine suivante, s'asseyant dans les gradins sans me lâcher d'une semelle. Un peu plus j'aurais dit qu'il prenait du plaisir à voir cette équipe voler en éclat à cause de lui.

A plusieurs reprises, il avait tenté de me retenir à la fin d'un entraînement pour me toucher deux mots. Il parlait mais dans le vide. A la seconde où je posais un pied dehors, tout ce qu'il avait pu me dire était sorti de ma tête.

Je n'en avais pas parlé à Alessio parce qu'à mon sens il n'avait rien à dire. Son père n'arrivait à rien avec moi, et cela jusqu'à ce qu'il finisse par lâcher l'affaire en prenant juste Pierce sous son épaule.

À peu près tout le monde était content qu'il parte. William restait celui qui le cachait le moins. Je soupçonnais aussi Lillian d'être heureux au fond qu'il parte, mais le petit ne disait rien. Le seul qui faisait la gueule en continu depuis que Pierce devenait le chou, était Josh. On ne lui avait pas proposé de poste avec une somme astronomique à la clé. Il ne faisait que son gamin capricieux en attendant que la tempête passe.

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