The Last Tear | TOME 2

Chapitre 10

ACE
_____

— Bon, vous allez vous décider à ouvrir cette porte ? grogna Caeta comme un animal enragé alors qu'Hedwin me faisait des croche-pieds.

Reyron croisait les bras sur son torse comme s'il agissait tel un père de famille. Je poussai Hedwin vers la porte mais il me retourna le poignet pour s'extirper de ma poigne.

— Honneur à toi, ma boule de glace.

— C'est mort, on dirait une maison hantée, je ne rentre pas !

Je roulai des yeux en maintenant mes mains sur son dos.

— Elle est capable de me transformer en crapaud si j'entre en premier. Vas-y.

— Bouh, j'ai peur !

— Mais vous êtes des enfants ! soupira Caeta en tirant les portes vers elle, comme une femme fatale.

Fée fatale. Et Reyron la croquait des yeux. Je levai la tête vers lui, un sourire enjôleur aux lèvres.

— T'as encore de la bave au coin de la bouche.

Il me foudroya du regard avant de me dépasser, en me donnant un coup d'épaule qui me fit reculer d'un pas. Bon sang, ce type avait plus de force que quatre moi réunis. Et j'en avais des muscles ! Pas étonnant qu'il soit légionnaire, il avait le gabarit d'un taureau.

J'entrai en dernier et à peine fis-je un pas en avant que des plaintes de vieille femme résonnèrent dans la maison. L'endroit était tel que la dernière fois. Des livres partout, des bibliothèques bien trop grandes pour le lutin qu'était Olga.

Ses lunettes reposaient sur le bout du nez et elle ne leva même pas la tête vers nous.

— Qui ose encore me déranger dans mes activités !

— Je ne crois pas que lire des livres et fabriquer des potions vous demandent beaucoup d'efforts, rétorquai-je.

Caeta retint un hoquet. Olga leva les yeux vers moi et fronça les sourcils. Le petit bout de femme se leva et s'approcha lentement.

— Je ne vous permets pas de me parler ainsi, jeune sot.

Elle leva la main comme pour me jeter sa magie mais je fus plus rapide qu'elle. Mes doigts vibrèrent et ma magie éclata. Son sort s'éteignit sous ses yeux et se transforma en colombe. Elle ouvrit la bouche, presque choquée de ce que je venais de faire.

Un instant de flottement s'installa entre nous. Un ange passa. Deux. Puis trois.

— Voilà bien longtemps qu'une magie aussi pure n'avait foulé ce sol. Dommage, j'aurais bien aimé vous voir coasser tel un crapaud.

Mon sourire s'étirai et Olga repartit s'assoir comme si de rien n'était. Je n'avais pas remarqué jusque-là mais Hedwin se cachait derrière moi, comme un enfant apeuré.

— Je vous ai déjà vu, me lança Olga. Mais sous une autre forme. L'autre garçon était bien plus beau que vous.

Je souris.

— Je l'ai façonné selon mes rêves et désirs. Si un jour, je devais avoir un autre corps que celui-ci, alors je le choisirais. Si le choix m'était permis, du moins.