The Last Tear | TOME 2

Chapitre 14

LEYSA
______

Quand je rouvrai les paupières, ma tête ne me faisait plus mal. J'avais l'impression d'être sur un petit nuage. Mes yeux s'habituèrent rapidement à la lumière. Je me trouvais dans une chambre de Nemeria, en vue de la décoration : des grandes rideaux volant au gré du vent, des murs rose poudré et des lits à baldaquin avec un nombre incalculable de coussins.

Il n'y avait personne d'autre que moi ici. Quand je cherchais dans ma mémoire pour me souvenir des événements de la veille, rien ne vint. Rien hormis le souvenir d'Ace, quelque part dans mon esprit. À quand remontait la dernière fois que nous nous étions vus ? Je ne me souvenais même pas des mots que j'avais pu lui adresser.

Pour être honnête, je ne me souvenais de rien. C'était aussi frustrant qu'agréable. Enfin, ces questionnements étaient épouvantables, mais pas la sensation dans ma poitrine.

Je baissai les yeux et apportai mes doigts au collier. Un flash me remonta soudainement. Des perles rouges et bleues. Et maintenant, elles étaient argentées ? Avais-je halluciné ? Mes pensées étaient si floues... si incertaines.

Il me fallait trouver Ace. J'avais besoin de réponses et c'était impératif.

Mes pas m'emmenèrent tout droit en-dehors de la chambre. Le soleil brillait fort au loin, et mes yeux se perdaient quelques secondes sur les jardins de Nemeria. Sans une pensée de plus, j'avançais dans les couloirs, ne sachant même pas où aller. À dire vrai, je ne faisais que suivre mon instinct, qui me mènerait forcément à Ace.

Une porte entre-ouverte laissait s'échapper des voix, des voix qui haussaient le ton rapidement. Je me glissai devant la porte, tout en réalisant subitement que ma robe... n'était pas à moi. Ce n'était même pas une robe. C'était un bout de tissu qui dévoilait tout. Pour une reine, c'était franchement catastrophique.

— Non, on ne lui dira strictement rien. Et vous savez pourquoi ? Parce que c'est moi qui décide.

La voix d'Ace paraissait détachée. Je laissai mon regard parcourir la pièce. Assis autour d'une table rectangulaire et bien trop longue, il croisait les bras sur son torse en fusillant tout le monde du regard. Il y avait aussi Lianys dans la pièce, Hedwin, Caeta et un autre type que je ne connaissais pas.

— Ace, sois raisonnable... Elle finira par l'apprendre par d'autres gens.

— Elle ne saura rien. Je resterai avec elle en permanence.

— Tu sais que ce collier est provisoire, n'est-ce pas ? lança Lianys d'une voix peinée.

— Je sais bien et je m'en fiche royalement, et c'est le cas de le dire ! En attendant de tuer Alkarton, Leysa gardera le collier et aucun de vous n'ébruitera le secret.

Je poussai la porte, intriguée.

— Quel secret ?

Ma voix sonnait si faible dans l'immensité de la pièce et tous se tournèrent vers moi, choqués. Mon cœur battit plus vite sous tous ces regards. Par tous les dieux... À quel moment étais-je devenue aussi fragile ?

Un silence accablant retentit dans la pièce jusqu'à ce qu'Hedwin se mette à éclater de rire. Caeta et Lianys se tournèrent vers lui en le foudroyant du regard.