The Last Tear | TOME 2

Chapitre 17

ACE
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— À trois, je défonce ta porte. À six, je te défonce ton visage de glace fondue et à dix...

La porte s'ouvrit d'un seul coup avec un Hedwin tout ensommeillé. Les cheveux en bataille, je grimaçai en apercevant un... non deux... ou plutôt six hommes dans son lit tous nus de la tête aux pieds.

— Je vois que tu as bien pris ton pied la nuit dernière, me moquai-je.

— Et vous aussi, ricana-t-il en soufflant sur ses doigts pour se créer une étincelle de neige. Leysa aurait dû te bâillonner. Tu gémissais comme un animal.

Son étincelle se transforma en brosse à dents. Une brosse à dents en glace. Je rêve. Le dentifrice apparut comme par magie.

— Je ne veux pas savoir d'où tu sors ton dentifrice d'eau mais je doute de son efficacité.

Il me fit un clin d'œil. Et puis, théoriquement. Leysa et moi n'avions rien fait de... Bon quelques mains par-ci, quelques mains par-là. Rien d'affligeant.

— Tu es loin d'être prêt, soulignai-je. Je pars sans toi.

— Par la montagne givrée de Galea ! Si tu pars sans moi, je vais le dire à Lianys.

— Fais ta balance, je m'en fous.

Je lui tournai le dos alors qu'il s'empressait d'enfiler ses grosses bottes antidérapantes. Il boitillait derrière moi mais se dépêcha de me rejoindre.

— Je ne manquerais pour rien au monde un petit voyage à la maison avec ma glace fondue ! Tu vas adorer les Charx.

— Les quoi ?

• • •

Les Charx étaient de grosses baleines volantes qui surplombaient les montagnes de Glerys. Nous avions atterri quelque part au bord d'une falaise. En contrebas, le palais de Glerys se dessinait, plus imposant que jamais. Il avait cependant seulement l'apparence d'une mouche écrasée en comparant celui d'Eternera ou encore le mien.

Quelque part, Arkana me manquait. Je me sentais à la maison avec Leysa, mais pour combien de temps encore ? Combien de temps le collier la maintiendrait-il sous l'empire de la magie ? Et surtout, que prévoyait de faire mon père ? Il y avait tant de questions qui demeuraient sans réponse, et je craignais le pire.

— On fait quoi maintenant ? lança Hedwin d'un ton enjoué.

Il n'avait pas l'air préoccupé le moins du monde par le fait qu'il allait s'immiscer dans le palais de sa reine, étant actuellement un fugitif recherché. Je doute que si Galea le vît, elle l'accueillerait avec autant d'entrain qu'il a actuellement pour chanter tout son répertoire musical qu'il a en tête.

— On attend.

— On attend quoi ?

— Que le ciel se couvre. Il ne va pas tarder à pleuvoir.

— Et qu'est-ce que ça change concrètement ? s'agaça Hedwin en soufflant sur ses doigts pour faire disparaître un flocon.

Je ne lui répondis pas. J'étais bien trop agacé pour avoir le courage de lui dire de se la fermer.

— Ça change tout, tonna une voix dans mon dos.

Je fis volte-face, mes mains laissant s'échapper des voluptés de magie. Rey s'avança des sous-bois, suivi de deux autres types tout aussi baraqués que lui, et tous trois torses nus.

Je fronçai les sourcils.

— Qu'est-ce que vous faites là au juste ?

Rey ne répondit pas. Hedwin était en train de baver devant ces trois musculatures et moi, j'avais envie d'arracher des têtes.