Peligro

Ocho (8)

Le ciel commence à se faire sombre alors je suppose qu'il doit être environ 20 heures. Je regarde les premières étoiles qui apparaissent. Avant qu'elle ne les rejoignent, ma mère me parlait souvent des étoiles.

On adorait s'allonger toutes les deux dans le jardin pour les regarder, c'était vraiment bien... Malheureusement elle est décédée il y a quelques année à cause d'un voyage en bateau.

Elle était sur le pont et elle est tombée sans que personne ne la voit. Quand mon père s'est rendu compte que sa femme n'était plus avec lui il l'a cherché partout mais évidemment, il n'a rien trouvé. La police a retrouvé le corps de ma mère deux jours plus tard, lorsqu'il est remonté à la surface.

Depuis cet événement, j'ai une immense phobie de l'eau. Je peux me baigner dans une piscine mais pas toute seule et pas si je n'ai pas pied. J'ai en quelque sorte fait un blocage du coup je ne sais plus du tout comment nager.

-Voilà ton repas gamine, lance Peligro en entrant ce qui me fit sursauter.

Il pose le petit plateau sur mon bureau puis il se tourne vers moi et m'enlève le bout de scotch qu'il y avait sur ma bouche.

-Tu ne parles plus princesa ? Tu as perdu ta langue ?

-Je ne veux pas parler à un crétin comme toi, pendejo.

-C'est mon nouveau surnom ? Comme c'est mignon.

-Si tu crois que ça me fait rire tu te trompes. Maintenant détache moi que je puisse manger.

-Oh non, dit-il avec un regard plein de malice, on va essayer quelque chose de plus amusant ce soir. D'accord ?

Je le regarde dans les yeux et fronce les sourcils. Comment ça on va essayer quelque chose de plus amusant ? Qu'est-ce qu'il veut dire ?

Je le vois prendre la fourchette et planter des pâtes au bout puis il l'approche de ma bouche. Mais bien évidemment, c'était trop beau pour être vrai.

Au moment où j'approche ma bouche de la fourchette avec la nourriture, il la recule et rigole. Il se fou de ma gueule ?

-Tu t'fous d'moi ? Laisse moi manger cabrón !

-Oh là doucement princesa, dit-il en rigolant.

-Arrête de rire, c'est pas drôle !

-Si au contraire, tu n'imagines pas le bonheur que ça me procure de voir ton petit visage énervé.

-Attend que je sois détachée et tu vas voir ! Je vais te faire manger la poussière gros crétin !

-Mais bien sûr, c'est beau d'y croire. Maintenant si tu me le permet j'aimerais nourrir ma petite invitée.

Je lui lance un regard noir qu'il ignore totalement tandis qu'il approche une nouvelle fois la fourchette de ma bouche. Cette fois-ci il me laisse manger les pâtes mais je les recrache immédiatement. Putain elles sont aux fruits de mer !

-Putain t'es sérieuse ?!

Je le regarde et c'est là que je comprend, je lui ai tout recraché dessus. Je ne devrais pas rire, mais franchement je n'arrive pas à m'arrêter en voyant cette scène. Il est complètement taché.

-Arrête de rire tonta! C'est pas drôle du tout ! Tu viens de me cracher tes pâtes dessus, c'est dégoûtant !

-Dé... Désolée... Dis-je entre deux rires. Je n'ai pas... Fait exprès... Mais si tu verrais ta tête...

-Ah ouais tu veux rigoler ? On va voir ce que tu vas penser de ça.

Sans que je comprenne quoi que ce soit, je me retrouve avec le visage rempli de pâtes aux fruits de mer. Il ne vient quand même pas de me lancer une poignée de pâtes sur le visage ?!

-Je vais te tuer !! T'es malade ?!

-Je prend juste une petite revanche, comprends moi.

-Que j'te comprenne ? Tu t'fous d'moi ?! Tu viens de m'étaler des pâtes aux fruits de mer sur la figure !

-Et toi tu m'en a craché sur mon t-shirt !

-Dégage !

-Quoi ? Demande-t-il avec un sourire narquois. Tu n'as plus faim ?

-Pour manger ça ? Non merci ! Maintenant pars d'ici !

-Très bien, comme tu voudras. Mais ne viens pas me dire que tu as faim, entendu ?

-Entendu, dis-je en serrant les dents tandis qu'il sortait de la chambre en souriant.

Quel crétin ! Il compte me laisser dormir attachée sur cette chaise avec des pâtes plein la tête ?

La porte de ma chambre qui s'ouvre me sort de mes réflexions. C'est Peligro. Il a l'air un peu plus calme que tout à l'heure.

-Tu as de la chance que Justin t'ai défendue, tu auras le droit à de la pizza dans 10 minutes. En attendant, dit-il en s'avançant vers moi, tu vas aller prendre une douche parce que tu pu la mer.

-Ah ouais ? Étonnant !

Il ne relève pas et me détache puis il me tire par le bras jusqu'à la salle de bain. Une fois à l'intérieur, il me pousse légèrement vers la douche tandis qu'il s'appuie contre le lavabo.

-Rassures moi gros pervers, tu ne vas pas rester là pendant que je me douche n'est-ce pas ?

-Qui est-ce qui va te passer ta serviette ?

-Je peux très bien la prendre maintenant.

-Oui mais reconnais que c'est quand même moins amusant.

Je souffle puis me tourne vers la douche à l'italienne. Bon, s'il reste là où il est maintenant, il ne me verra pas. Espérons qu'il ne bouge pas !

Je rentre dans la douche, me déshabille et commence à faire couler l'eau. Une fois qu'elle est chaude je commence par me rincer un coup puis j'éteins l'eau et me savonne quand une voix me fait sursauter.

-Dis hermosa, ça te dirais que je viennes te rejoindre ?

-Dans tes rêves pendejo ! Jamais tu ne rentreras avec moi sous une douche, je te le promets.

-Voyons Megane, il ne faut pas faire des promesses qu'on ne pourra pas tenir. Ta maman ne t'as pas appris ça ?

-La ferme Peligro.

-Oh, sujet sensible, je vois... Ta mère c'est quoi, une pute ? Une SDF peut-être. Ou alors une-

-Elle est morte gros crétin ! Dis-je en hurlant ce qui, à première vue, le fit taire. Elle est morte...

Pour ne pas qu'il en rajoute, je rallume l'eau, me rince et sors un bras de la douche.

-Ma serviette.

À mon grand étonnement, une serviette se pose dans ma main en quelques secondes. Est-ce-que c'est toujours lui ?

J'enroule la serviette autour de moi puis sort de la douche et le vois qui me regarde de la tête aux pieds. Je me sens gênée alors je me gratte la gorge tandis que son regard se pose sur le mien.

-Profites parce que ce sera la première et la dernière fois.

Je fronce les sourcils et m'apprête à lui demander ce qu'il veut dire quand soudain, il prend la parole.

-Je suis désolé d'avoir insinué que ta mère était une pute, je n'aurais pas du parler d'elle.

Je ne sais pas quoi répondre à ses excuses alors je me mord légèrement la lèvre et hoche la tête en signe de remerciement.

Il hoche la tête à son tour puis sort de la salle de bain et revient quelques secondes plus tard avec un short de sport pour homme et un t-shirt.

-Je n'ai que des fringues de mec à te passer pour l'instant, tu les enfiles et tu me rejoins dans ta chambre, pigé ?

J'oche de nouveau la tête, ne comprenant pas ce qui venait de se passer. Il avait été gentil mais surtout il s'était... Excusé...?