Chapitre 12 : Pleine lune sur la rivière XiangJjiang

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Er Yuehong  marchait dans l’opéra qu’un homme d’affaire issu du Nord-ouest, lui avait fait construire en guise de présent

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Er Yuehong  marchait dans l’opéra qu’un homme d’affaire issu du Nord-ouest, lui avait fait construire en guise de présent. Il n’avait aucune idée du moment où ce riche client l’avait entendu performer son art, mais il lui avait offert cette scène sans préavis. Malheureusement, il ne semblait pas connaître les règles en vigueur lorsqu’on construisait ce genre de bâtiment, et a par conséquence bâti la scène face à l'Ouest, ce qui en faisait une "scène de tigre blanc"*. Normalement le spectacle ne devait pas être performé tant qu’il n'y aurait pas de "scène ouverte"* correctement faite, cependant il s’agissait d’un présent et il ne pouvait pas refuser de jouer. De plus le titre de propriété avait déjà été signé depuis trois jours et s’il n’ouvrait pas au publique ce soir, ce serait de mauvais augure.
 
Er Yuehong était quelque peu inquiet. Après avoir vérifié plusieurs endroits avec un des assistants, il décida de retourner dans les coulisses. Le manager semblait également préoccupé, tandis qu’il déplaçait la boîte où les costumes de scène étaient rangés, pour la performance de ce soir. Après avoir installer le support des armes sur le mur, il se hâta d’aller brûler quelque encens. À ce moment là il vit Er Yuehong s’approcher.
 
« — Maître,  il est trop tard pour ouvrir la scène. Pensez-vous que Ba Ye pourrait nous aider ?  Demanda le manager en essuyant la sueur qui lui coulait du front.
 
Er Yuehong attrapa un bâtonnet d'encens, se dirigea vers le sanctuaire, l'enfonça respectueusement dans le brûleur, s’inclina trois fois avant de murmurer doucement :

— Il s’occupe du Yin et du Yang. Penses-tu qu’il puisse gérer une scène de théâtre ? 
 
— Mais tous les autres ont dit qu’il ne pouvait rien faire !  S’exclama l'homme.
 
— Propose plus d’argent, tout le monde peut être acheté. »
 
Er Yuehong  soupira et regarda par la fenêtre. Il y avait une cour derrière le bâtiment, dans laquelle il y avait une porte conduisant sur les berges de la rivière Xiangjiang. On pouvait distinguer la lune qui était apparue dans le ciel nocturne. Sa lumière pâle se reflétait dans les eaux calmes de la rivière, illuminant les bateaux des pêcheurs qui reposaient sur la rive.
 
De l’autre côté de la rivière il y avait un autre quai encore bondé et fortement éclairé. Il appartenait à la partie de la population qui avait quitté leurs maisons pour aller au Sud-Ouest.
 
Auparavant la zone était plutôt animée. Tout le monde avait pensé que les japonais ne pourraient pas s’approcher aussi prêt  de la ville, mais en simplement un clin d’œil ils étaient là, et désormais on pouvait entendre le son des coups de feux. Er Yuehong était l’une de ces personnes aimant le calme et la stabilité, alors le moindre changement dans son quotidien était une vraie torture pour lui.
 
Il s’assit dans une chaise juste à côté de la fenêtre, perdu dans ses pensées en écoutant les sons de la rivière. Quand il reprit ses esprits, le gong installé sur scène avait déjà sonné, indiquant que les invités commençaient à arriver. En tant que performeur de Changsha, il connaissait beaucoup des patrons du coin, et ils étaient eux-mêmes familiers les uns avec les autres. Par conséquent il éclaircit ses pensées et cessa de penser à tout ses problèmes.
 
Le manageur qui était sur scène avait lui-même été surpris par le gong. Quand bien même les prestations de son maître étaient réputées, le gong avait sonné tôt et la scène tigre blanc n’était pas encore prête, ce qui le rendait plutôt nerveux. Lorsqu’il écarta le rideau il aperçut quatre ou cinq tables pleines de monde. Il y avait des clients qui sont des habitués à certaines tables, mais il y avait plusieurs personnes alignées au fond  portant des vestes en cuivre du Nord-ouest , avec des chapeaux aux motifs de minorités ethniques ainsi que des fouets de prêles* à la taille. Celui étant supposément leur leader portait une veste de léopard dorée à laquelle étaient accrochées diverse grosses chaînes. L’homme ne s’était pas assis, il se tenait debout avec ses mains derrière le dos et une expression intéressée sur le visage alors qu’il lançait un rapide regard sur la scène.
 
« — Quand bien même les choses sont bien dans le sud, ils ont tendances à les rendre grotesques, laides même. C’est comme s’ils avaient transformé la maison d'opéra que j’avais envoyé en un endroit qui performe du théâtre d'ombre*. Pas étonnant que ce Er Yuehong ai refusé le cadeau la première fois que je l’ai envoyé.  Mais maintenant qu’il l'a accepté il n’a même pas daigné venir me saluer personnellement, alors que je me suis déplacé. Déclara l'homme. »
 
Ses hommes de main éclatèrent de rire, ce qui dérangea les invités qui se tournèrent pour leur lancer des regards noirs.
 
Quand il entendit ces paroles, le manager comprit que c’était l'homme qui avait envoyé cet opéra. Au début son maître avait en effet refusé le cadeau, de peur que ce genre d’individu devienne problématique. Immédiatement il ordonna à un jeune homme d’apporter du melon et d’autres fruits à cet individu. Le manager ne paniquerait pas. Si c’était une maison de théâtre ordinaire, il aurait peur en rencontrant ce genre d’invité riche, mais ici nous étions sur le territoire d'Er Yuehong à Changsha. Il y avait donc pleins de moyens pour traiter ce genre de problème.
 
Il vit le jeune homme revenir avec un bol de fruit et s’incliner devant le groupe accompagnant l'homme qui avait offert ce théâtre.  Il ne sût pas ce qu’ils se furent dit, mais une fois le ventre pleins les hommes arrêtèrent de parler.  Quand il revint le manager lui demanda comment il s’y était prit.
 
« — Monsieur,  débuta le jeune homme, je leur ai dit qu'Er Ye se préparait.  Qu’après la performance, il les inviterait à boire et leur chanterait un Huaguxi* rien que pour eux. 
 
 — Stupide enfant ! Comment Er Ye pourrait-il faire cela ? Ils vont causer de nouveaux problèmes une fois la prestation terminée.  Le sermonna le manager en fronçant les sourcils.
 
 — Monsieur, s’il vous plaît, éloignez Er Ye après la prestation. Je vais les emmener vers l'Est le long de la rivière et je m’en occuperai moi-même.  répondit le jeune homme.
 
— Ne leurs fais pas de mal cette fois-ci. Er Ye n’aime pas ce genre de chose.  Soupira le manager.
 
Le jeune lança un regard à l'homme riche et répondit froidement :

— Oui, je reviendrai rapidement, une fois ma tâche terminée. À l'instant, ils ont dit que la scène faisait face à l'Ouest car ils venaient de l'Ouest. Et qu’il était du devoir de Er Ye de leur rendre hommage. C’est cette dernière phrase qui m’a vraiment énervé. »
 
Le visage du manager s’affaissa. Il ne fit rien promettre au jeune garçon, il lui dit simplement :

« — Ça n’a pas besoin d’être rapporté à Er Ye. Sur ces mots il retourna dans les coulisses. »
 
Lorsqu’il entra, Er Yuehong avait déjà commencé à se maquiller.
 
« — Quel était le sujet de vos chuchotement lorsque vous étiez à l’extérieur avec Chen Pi ? Demanda-t-il doucement.»
 
Le manager répondit que ce n’était rien, mais pensait secrètement qu'Er Ye allait avoir du mal à jouer sur cette scène de tigre blanc. Il avait toujours pressenti que quelque chose n’allait pas avec ce cadeau reçu par Er Ye ainsi qu’avec cette soirée, et maintenant il savait pourquoi. Il craignait que les choses s'empirent, alors il alluma à la hâte d’avantage d'encens.
 
Quand Er Yuehong monta sur scène pour chanter, même le corridor était plein. Lorsque Zhang Qishan arriva il s’aperçut  qu’il n’y avait plus aucunes places de libres, alors il était coincé loin de la scène, debout. Il pouvait sentir l’odeur de l'alcool de loin, et aperçu quelques autres clients du derniers rangs applaudir et devenir chahuteur. Une fois la performance terminée, il écoutait tandis que les invités se disaient au revoir et observait le manager les mettre dehors un à un. Zhang Qishan se rapprocha alors de la scène et dit au manager :

«— Dites à Er Ye que je suis là. »
 
Lorsque le manager aperçu Zhang Qishan, il fut surpris et ne pouvait s’empêcher de se dire que quelque chose allait définitivement se passer. Mais cependant, avant qu’il ne puisse répondre, un fouet surgit soudainement de derrière Zhang Qishan, visant sa tête.  Zhang Qishan fit simplement un pas de côté, mais le fouet parvint tout de même à laisser une douloureuse marque.
 
« — Idiot ! Ne comprends-tu pas qui était là le premier ?  L'homme à la veste de léopard dorée se tenait là avec un long fouet à la main.  Bouge de mon chemin—

Sur ces mots il leva de nouveau son fouet. Zhang Qishan se tourna lentement et lui lança un regard glacé.  L'homme n’en fût que plus énervé et lança son fouet sur Zhang Qishan, alors que ses hommes l’entouraient.

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Sur l'image nous pouvons voir l'acteur Zhang Yixing qui interprète le rôle de Er Yuehong dans le drama "The Mystic Nine"

*Scène de Tigre blanc : dans les traditions chinoises, la Chine est protégée à ses quatre  point cardinaux par des créatures : Le dragon bleu/ azur (l'Est), Le tigre blanc (l'Ouest), la tortue noire (Nord) et l'oiseau vermillon (Sud). Par la suite un cinquième animal leur a été associé : Le kirin, aussi appelé Qiling/Qilin (petit clin d'œil donc à Zhang Qiling/ Xiao Ge personnage apparaissant dans la suite de The Mystic Nine) , le Protecteur du centre du pays. Donc la scène de Tigre blanc fait référence à une scène tournée vers l'Ouest.
 
*Scène ouverte : À la fin de la dynastie Qing, une sorte de rituel était effectué à chaque fois qu’un nouveau théâtre était achevé ou qu'il y avait un nouveau chef de troupe de théâtre. Le rituel consistait à allumer de l'encens, à placer des bannières et des rideaux, à danser, à décapiter un poulet sur scène etc.. et dans l’esprit collectif si tout cela n’était pas effectué, la troupe allait être frappée de malchance.
 
*Fouet de prêle : aussi appelé Fushen, le fouet de prêle est une arme peu orthodoxe qui de base était utilisé par des moines taoïstes pour chasser les mouches. Il en existe de plusieurs sortes différents. Leur utilisation sont également remarquées dans plusieurs cultures du monde notamment en Polynésie, Inde, et même en Afrique (avec les maasai)
 
*Le théâtre d'ombre : il s’agit de projeter sur un écran formé de tissus des ombres à l’aide de marionnette en papier transparent ou en faisant des formes avec nos mains. Enfaite c’est littéralement de là que vient le terme "ombre chinoise".
 
*Huaguxi : Le Huaguxi est une forme d’opéra propre aux provinces d'Hunan, Hubei, Anhui et Guangdong. Elle consiste à la performance de deux acteurs jouant chacun un rôle (parfois des rôles féminins) et est accompagné d’instruments tels que par exemple une flûte traversière.

Sur cette image, nous avons un visuel d'un costume traditionnel d'opéra chinois, porté par Zhang Yixing

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Sur cette image, nous avons un visuel d'un costume traditionnel d'opéra chinois, porté par Zhang Yixing.

The Mystic Nine - traduction FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant