Chapitre 18

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Il me regarde avec de grands yeux

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Il me regarde avec de grands yeux.

     — Quoi ?

     — Que tu sois toujours aussi gourmande ne me surprend pas, mais c'est pas un peu trop ?

Je ne vois pas que de quoi il parle. Lundi, c'était l'Eid pour les musulmans. En général, j'allais chez Hermionne et ses colocs car Halima préparait chaque année du couscous après le Ramadan. Pas le couscous royal avec des merguez. Cette innovation de pacotille. Non. J'ai goûté au vrai couscous marocain. Celui où tu prends le plaisir de manger avec tes mains.

Aujourd'hui, j'en avais envie. Ce qui choque surtout Joshua, c'est que je mange un grand plat pour quatre à moi seule. Et encore, je mange avec une cuillère. Pas une fourchette, j'ai bien dit une cuillère. Il n'y a rien de choquant. C'est la même quantité qu'Halima me servait. Presque. Je n'ai pas mangé depuis hier et je ne comptais pas manger ça pour moi toute seule.

Joshua m'a emmené dans ce restaurant aux spécialités marocaines à cause de mon insistance. Même s'il est seulement 10 h 45. Ça fait des mois que j'avais des envies obsédantes mais je n'avais jamais tilté sur toutes possibilités.

     — Écoute, je vais devoir te demander de ne pas juger ce que je mange avant que je m'énerve. Tous les jours, je mange comme ça et à aucun moment, j'ai pensé que ça pouvait être la grossesse. Fais avec.

Il mime sur ses lèvres une fermeture-éclair.

      — Dis. On fait quoi maintenant ?

      — J'ai pensé que tu pouvais demander à ton grand-père de te muter.

Je stoppe la cuillère à mi-chemin vers ma bouche.

     — Non.

     — Pourquoi non ?

     — Je n'ai pas fini ce que j'ai à faire.

     — Mais tu n'es pas obligé de le terminer, rétorqua-t-il.

Ah non. Ça aussi, je n'accepte pas.

     — Je ne vais pas arrêter de travailler, Joshua. C'est hors de question. J'ai déjà commencé à rassembler des preuves. J'ai besoin d'être sur le terrain.

     — Je demanderai à Julian.

     — Non plus. Il irait répéter à Carlson. C'est une grande bouche. Moins de personnes sont au courant, mieux c'est.

     — Et tu veux faire quoi ? Annoncer ta grossesse ?

     — Non.

     — Eh bah voi—

     — Pas maintenant.

     — Comment ça ?

     — C'est impossible à cacher. Je vais entamer mon quatrième mois. Mon ventre va commencer doucement mais sûrement à s'arrondir. Je pense qu'on devrait dire que le père est quelqu'un d'autre.

27 And Single : LibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant