Espionnage

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11 janvier 2004

L dévisagea le groupe de huit policiers, les seuls qui n'avaient pas démissionné. Ils donnaient la fière impression d'une équipe de bras cassés. Le détective se demanda si leur aide lui serait vraiment utile, et s'il n'aurait pas mieux fait de continuer à communiquer avec eux par ordinateur.

Ils se présentèrent les uns après les autres.

- Matsuda.

- Aizawa.

- Ukita.

- Mogi.

Puis un homme grisonnant, pourvu d'une imposante moustache, pris la parole.

- Yagami.

Ce nom agressa les oreilles de Lawliet, comme une vague cinglante. Ces trois syllabes, il ne les connaissait que trop bien. L'homme d'âge mûr qui se tenait devant lui était le père de Light ?

Son petit ami se trahissait chaque jour un peu plus pour plaire à son géniteur. Il ne voulait lui pas présenter Lawliet, il n'osait pas prendre un appartement avec lui, il berçait encore son père de l'illusion qu'il aurait un jour une petite amie. Les dégâts étaient réels.

Ironie du sort, cet homme était maintenant membre du bureau d'enquête.

A sa vue, Lawliet éprouva encore cette étrange sensation qu'il avait déjà eu au parc, cette nausée et cette envie de disparaître sous terre, fuir le danger. Mais elle l'étreignit peu. Peut-être parce qu'elle l'avait constamment accompagné, depuis l'épisode du parc, tapie au fond de son ventre.

Une autre sensation, bien plus vive, s'ajouta à celle-ci. S'il devait lui donner une couleur, il lui aurait attribué le rouge. Elle lui brûlait la poitrine et lui brouillait la tête. S'il l'écoutait, il serait capable de se jeter sur le père de Light pour le rouer de coups de poings.

- Enchanté, Monsieur Yagami.

Enchanté, cher beau-père ...

L les guida vers le salon, où ils s'installèrent dans des fauteuils. Le jeune détective commença à expliquer en long et en large tous les détails de ses détections, suppositions et hypothèses. Le monologue se prolongea pendant plusieurs heures, seulement interrompu par Watari apportant un plat de cupcakes, que L dévora tous. Enfin, il en vint aux événements récents, c'est-à-dire la mort des douze agents du FBI.

- Donc, résuma Aizawa, Kira se trouve sûrement dans l'une des deux familles que suivait ce détective, Raye Pember.

- Oui, et pour les coincer, ajouta L, nous placerons les deux maisons sous surveillance vidéo.

Matsuda s'exclama :

- Super, on se rapproche !

- Et quelles sont les deux familles ? questionna Ukita.

Le silence se fit dans la pièce. Les policiers se tournèrent, interrogatifs, vers L. Celui-ci prononça lentement les mots :

- La famille Kitamura et la famille Yagami.

- Ah, moins super ça, dit Matsuda, qui n'en ratait jamais une.

Le visage de l'homme moustachu se décomposa. Lawliet sentit une bouffée de bien-être monter en lui à cette vue. Qui l'eut cru ? Voir un père découvrir qu'un membre de sa famille était peut-être un tueur en série le satisfaisait.

Pourtant, lui susurra son esprit, toi aussi tu t'es sentit mal quand tu avais commencé à te questionner sur Light ! Et quand l'avancée de l'enquête a confirmé tes pires doutes ? Tu te souviens, tu t'es enfermé dans la salle de bain et tu y es resté. Quand Watari a tambouriné à la porte, tu y es resté. Et quand tu en es sorti, 7 feuilles avaient été arrachées au calendrier. Tu te souviens ? Tu t'es effondré dans la cuisine et Watari a crié. Cela faisait une semaine que tu n'avais rien mangé.

L'Enfer est de papierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant