L'Enfer est de papier

Mais pas d'après

19 ans ... 19 ans que nous nous connaissons. Tu es le premier qui ai existé avec moi. Il y avait de la lumière blanche, aveuglante, et tu étais là. Tu m'as dit bonjour de l'âme. J'ai pleuré.

Mais putain ! 19 ans qu'on est l'un l'autre et tu ne m'as jamais dit : fais attention, tu vas sur le mauvais chemin, ça va mal finir.

Mal ... Mal. Ça va bien finir ... Kira continuera à agir, à purifier le monde qui a tant besoin d'un Dieu ! Le monde est si beau, mais sans lumière pour le guider, il se racornit. Délicate plante, ne laisse pas la moisissure te dévorer.

Un Dieu ... Un Dieu ... Je dois appeler Misa, qu'elle me donne son Death Note, que j'écrive des noms ! Je ne peux pas le faire avec le cahier du quartier général : les enquêteurs, ces connards, ils comprendraient.

Misa reviendra et nous règnerons sur le monde parfait. Elle est digne de moi, elle possède le Death Note, les yeux de la Morts, mes convictions, ainsi que de si beaux cheveux noirs tous pointus, jamais coiffés.

Je prendrais la place de L, j'en serais le nouveau. Personne ne soupçonnera que je suis le bien incarné. Je continuerais l'enquête et je me traquerais moi-même, comme un poisson rouge dans son bocal.

L'enterrement eu lieu en secret. Light resta debout, droit comme un piquet.

Il promit aux enquêteurs qu'il prendrait la place de L et résolverait l'affaire en sa mémoire. Matsuda protesta :

- Heu mais ... Nous ... nous finirons sûrement par mourir. Ce qu'il s'est passé pour L ... Kira qui ...

- Matsuda, dit Light, si vous avez peur de vous faire tuer, je vous suggère de partir. L'équipe n'est constituée que de personnes prêtes à risquer leur vie.

- Oh, c'est vrai, bien sûr mais ... Heu, je ne partirais pas, bien sûr que non. S'il te plaît Light, tu commences à parler comme Ryûzaki.

Mais bien vite, les enquêteurs se rendirent compte que l'enquête piétinait. Si L n'était pas décédé, ils auraient depuis longtemps abandonné, car plus aucun criminel ne se faisait tuer. Mais Light insistait, convaincu que Kira l'avait assassiné et se terrait quelque part. Sans le moindre suspect ou même piste pour commencer, les enquêteurs s'ennuyaient. Ils jouaient ou discutaient ensemble dès que Light avait le dos tourné, et quand celui-ci les jaugeait, ils faisaient semblant de réfléchir à cette affaire vide de sens.

Néanmoins, cette situation ne dura pas. Elle prit fin un jour qui avait semblé, au premier abord, comme tous les autres.

Light avait quitté la pièce, invoquant un mal de tête. Les enquêteurs au début continuèrent leurs tâches, mais s'apercevant que Light ne revenait pas, ils se détournèrent peu à peu de leurs ordinateurs et se lancèrent des plaisanteries. Matsuda se leva et alluma la télévision. Les enquêteurs rouspétèrent un peu pour la forme, puis regardèrent avec bon cœur le match de Baseball. Sur une autre chaîne fut diffusé un film d'action coréen, auquel ils ne comprirent pas grand-chose mais qu'ils apprécièrent tout de même. Light brillait toujours par son absence. Après un tournoi de go et sept parties de poker, les enquêteurs commencèrent à s'inquiéter. Ils débattirent, votèrent à main levée, et enfin choisirent d'aller voir au bureau de Light de quoi il en retournait.

Tout le troupeau s'amassa devant la porte. Soichiro Yagami toqua. Une voix glaciale, très différente de celle de Light, leur répondit « entrez ».

Les enquêteurs s'adressèrent les uns les autres des signes d'incompréhension. Il ressortit de ce fouillis de gestes brachiaux que personne ne savait qui se trouvait dans le bureau.

Le père Yagami prit la décision d'entrer malgré tout. Il poussa la porte et aperçut une grande table, disposée dans le sens de la longueur par rapport à la porte. Tout au bout, sur une chaise, un homme accroupit, à l'air perdu, les fixait. Il était vêtu d'un large tee-shirt blanc et d'un pantalon baggy délavé. Il piochait des petits gâteaux dans une boite métallique, qu'il enfournait de manière mécanique.