La nuit avançait, et emplissait peu à peu de sa fraîcheur l'air d'une journée ensoleillée. Le béton des murs, des trottoirs, de la route résistait, lui, à l'abaissement des température. Fier de son inertie, comme des glaçons conservent en eux le froid, l'asphalte gardait en elle la chaleur d'une journée de juillet, une vraie, qui vidait les hommes de leur sueur le jour puis les contentait dans la douceur du crépuscule. Il était neuf heure du soir. Soichiro Yagami, homme anéanti, parvenait à son foyer. Il ruminait.
Il n'aurait pas dû crier, ni insulter Light, il le savait, il avait dépassé les bornes. Aucune injure n'a le pouvoir de remettre sur le droit chemin un adolescent qui dérape. L'accompagner, dialoguer avec lui, lui expliquer en quoi il était en tort, voilà ce qu'il aurait dû faire. Jamais de sa vie Soichiro n'avait pensé du mal de Light. Mais sous le choc, terriblement déçu, il avait craché son venin à la face de son fils. Le pauvre, il avait dû se sentir mal. Et voilà que pour Soichiro au douloureux sentiment de trahison s'ajoutait la morsure de la culpabilité.
Il ouvrit la porte en un grincement strident. Derrière le pan de bois, apparut la figure souriante de sa femme, Sachiko Yagami : un sourire encadré de deux fossettes, et des cheveux noirs en carré tout autour, un visage simple, doux. Elle attendait derrière l'entrée. Elle avait peut-être guetté le bruit de son arrivée dans la cuisine, avant de se précipiter sur le pas de la porte en entendant le crissement des semelles sur le gravier.
Soichiro s'enorgueillissait auprès de ses collègues de son épouse incroyablement serviable, et c'était vrai, la bonne femme, chaque soir, par exemple, accueillait son époux avec tous les honneurs. Elle lui débarrassait son manteau, et le conduisait à la cuisine en s'enquérissant de son humeur. Et tout dans la maison, du parquet brillant au repas chaud sur la table, semblait n'attendre que lui.
Elle étouffa un petit cri, une fois au salon où elle put apercevoir à la lumière le faciès blême de son mari.
- Qu'y a-t-il, mon chéri ?
- Light ne rentrera pas à la maison cette semaine.
- Oh ? Il a décidé de prolonger son voyage avec Misa ?
Cette excuse avait été élaborée par le cabinet d'enquête pour justifier l'absence de Light durant plusieurs mois. Light « sur un coup de tête », était parti en voyage en amoureux avec Misa, grâce au salaire coquet de la jeune femme.
- Je ... Je ne sais pas comment le formuler.
- Quoi donc ?
Soichiro oscillait entre tout cacher ou révéler à sa femme. Finalement, il annonça de but en blanc :
- Light est gay.
- Light est gay ? dit-elle en écho.
- Il a une liaison avec mon chef ! explosa le père. Tu sais, celui qui est un peu étrange, précisa Soichiro en tirant ses poches de sous les yeux pour singer d'énormes cernes. Il n'est pas parti avec Misa, il habite chez mon chef ! Je l'ai découvert aujourd'hui !
- C'est impossible !
Elle fut prise d'un premier sanglot. C'était bien trop brusque pour une femme du quotidien, occupée à veiller à la non-dégradation du foyer, à toujours lui conserver le même état, dans une idée d'éternité.
Même si, avec le temps, son mari, qui rentre tard le soir, vieillit. Et ses enfants grandissent, rentrent eux aussi tard le soir, puis rentrent de moins en moins, puis ne rentrent plus du tout.
Un jour elle se retrouvera seule avec le silence de sa maison propre, et son mari, qui aura beaucoup vieilli depuis le temps.
- Et Misa ? s'enquit-t-elle. Elle était si charmante ... J'ai rarement vu une jeune fille aussi jolie. Et polie, avec ça !
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L'Enfer est de papier
Fiksi PenggemarEt si Light et Ryûzaki étaient déjà en couple avant le Death Note ? Il n'y a pas plus heureux que Light et Ryûzaki. Ils vivent une belle romance et l'avenir leur sourit. Mais cette perfection ne serait-elle qu'apparence ? Après tout, un simple cahie...