La conversation fusait donc bon train autour de la table du petit déjeuner, ce matin-là. D'habitude, quand on était tous ensemble, on prenait le temps de s'écouter les uns les autres pour que l'un d'entre nous traduise du français à l'anglais ou inversement (c'était d'ailleurs généralement Benj qui s'y collait). Mais cette fois-ci, chacun voulait apporter sa petite contribution au tableau qui était en train de se dessiner : ça charriait donc, ça exagérait évidemment et ça essayait surtout de se défendre dans un brouhaha de rires et de « Woo whoo woo, what's that ? » que Noz répétait sans cesse pour que Benj lui traduise (elle aurait vraiment dû apprendre à parler français), le tout sur fond de mines défaites et d'un mélange d'odeurs sucre / friture / café.
Sans compter que Benj, héros de la fête, avait de moins en moins envie de traduire au fur et à mesure que le tableau se dessinait.
Evidemment, je ne pourrai pas retranscrire ici l'intégralité de ce qui s'est dit, mais globalement, ça ressemblait à ça si je traduis tout en français :
- On commence par quoi ? ou par qui ?
- La douche, la douche ! ça crie en chœur.
- La douche, c'est quoi cette histoire ? je demande.
- Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas vu le cul de Jo. Ca commençait à me manquer, ironise Ti'Pierre.
- Une semaine, non ?
- En tout cas, ça a plu à certains, n'est-ce pas Livia ? commente Raphaëlle
Olivia pique son phare.
- Comment ça, qu'est-ce qui s'est passé ? Allez, racontez, j'ai tout loupé ! demande Noz
- Tu m'étonnes que tu aies tout loupé ! T'avais tellement fumé de beuh que tu es restée scotchée devant le feu toute seule.
- C'est de ta faute, Pete, tu n'arrêtais pas de me faire passer le pétard, se défend Noz.
- Oh, normalement tu dois le faire tourner, pas le fumer toute seule, s'exaspère Ti'Pierre. Sinon ça sert à quoi d'être ensemble ?
Traduction de Benj.
Moment de répit avant le deuxième round.
- Ah bon ? D'ailleurs, comment je suis arrivée dans mon lit moi ? Quelqu'un m'a ramenée ? demande Noz
Silence dans l'assistance, chacun se dévisageant pour savoir qui s'est occupée de la petite Noz.
Ou ne s'est pas occupé d'elle.
- Ben apparemment tu t'es débrouillée comme une grande, je conclus fièrement pour détendre l'atmosphère.
- Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, hein Laura Ingalls ? relance Matt.
J'aurais mieux fait de me taire moi.
- Oh là les gars, doucement, vous allez pas charrier parce que j'ai eu du mal à aller me coucher. Ca arrive à tout le monde ! je me défends.
- Tu peux remercier Tom, ah ça on peut dire qu'il s'est bien occupé de toi, indique Mary.
- J'espère qu'il en a eu autant que Benj ! ironise Jo.
- Ah c'est pour ça qu'il s'est dévoué, raille Raphaëlle sur un ton que je ne lui connais pas ! Alors, elle est bonne Laura Ingalls ? Tu as enfin assouvi tes fantasmes de jeune ado rêvant de soulever les jupes de la petite nunuche dans la prairie ?
Regard noir de Tom à Raphaëlle.
- C'est quoi cette histoire que vous inventez là ? je demande interloquée.
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Et pendant ce temps-là, à Tapachula (mon été dans les bois)
Romance« A force de muscles et de sueur, nous retapions la cabane. Ou plutôt à force de sueur, de douleurs et de cris stridents suivis d'un juron lorsque l'un d'entre nous finissait avec le marteau sur le doigt plutôt que sur le clou. Le métier était en...