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Les heures passent et personne ne vient leur donner de bonne nouvelle. En général, le dicton dit : « pas de nouvelles, bonne nouvelle. » mais dans cette situation ça ne s'applique pas. D'un côté, ça veut dire que l'opération est toujours en cours donc qu'elle est en vie, mais de l'autre, ça peut vouloir dire qu'elle dure car il y a des complications. Ils y a peu de personnes dans la salle, c'est très calme. L'attente est insoutenable. San s'est endormi, la tête sur les genoux de Wooyoung. Quant à Shana elle revient pour la deuxième fois avec deux cafés. Les trois fois précédentes, c'est le blond qui y était allé.

- Merci.

Elle lui sourit et reprend sa place en portant son gobelet à sa bouche.

- Ça fait longtemps que tu fumes ?

Le blond est un peu surpris par la question mais comprends rapidement que c'est juste lancer une conversation pour passer le temps.

- Quelques années. C'est une vraie merde ce truc là.

- Tu n'arrives pas à arrêter ?

- C'est compliqué.

Il sourit.

- Tu sais, San est bien plus heureux depuis qu'il te connais. Je sais que ça a été difficile ces derniers mois. Mais il est bien plus souriant.

- Si tu le dis. Avec la distance, je ne m'en rends pas compte.

- Pas facile ça, hein ?

Le mannequin soupire et joue avec les cheveux bonbons de son copain.

- Non. Être loin de lui... c'est comme manquer d'oxygène.

San sourit.

- Je t'entends.

- Depuis quand t'es réveillé toi ?

- Suffisamment longtemps pour savoir que c'est le cinquième café que tu ingurgites.

Il ne bouge pas pour autant, profitant des doigts de Wooyoung sur sa tête. Encore une fois, il n'y a que lui pour faire attention à ce genre de choses.

- Dors.

Shana rigole et son frère pouffe.

- D'accord, d'acc-

- Mr et Mme Choi ?

San se redresse et se lève d'un seul coup en entendant la voix du médecin. Il a les traits tirés par la fatigue d'une longue journée de travail. Son regard est vide, impossible de savoir ce qu'il a à leur dire. Il s'asseoir face à eux.

- Madame Choi a fait une chute dans les escaliers causant un traumatisme crânien. Elle a fait une hémorragie interne et malgré tout nos efforts, nous n'avons pu la maîtriser. Son cœur s'est alors arrêté. Étant donné l'ordre NPR, nous n'avons pas pu effectuer de réanimation. Je suis sincèrement désolé, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir.

San reste figé. Comme si les mots du médecin n'arrivaient pas jusqu'à son cerveau. Puis une larme solitaire glisse sur sa joue alors qu'il commence à assimiler ce qu'il vient d'entendre. Shana est en pleur, assise le visage dans les mains. Wooyoung ignore ses propres sentiments pour les soutenir.

- Toutes mes condoléances.

Ce sont ces mots du docteur qui achèvent San. Le blond réussi à le garder debout alors que ses jambes se dérobent. Le photographe est effondré. Après un dernier regard attristé et désolé, l'homme qui vient de leur briser le cœur s'en va. Le rosé est forcé de s'asseoir. Sa sœur essaye de rester solide mais rien y fait. Wooyoung pose une main sur son épaule, essayant d'être réconfortant malgré la situation. Son autre bras serre son copain aussi fort qu'il le peut. C'est la première fois, et ce malgré les récents événements, qu'il l'entend pleurer comme ça. San serre le t-shirt du mannequin entre ses doigts. C'est comme si on venait de lui arracher une partie de lui-même. Une larme clandestine s'échappe et humidifie le visage de Wooyoung. La perte de Nana et les sanglots de San sont trop pour son petit cœur.

Shana se lève et demande à rentrer. Le blond hoche la tête et lui tend les clés de la voiture. Elle passe devant pour rejoindre le parking, suivie par San dans les bras de Wooyoung. Il s'accroche à lui si fort. Une fois qu'ils sont installés à l'arrière, le mannequin claque la portière.

- Donne moi cinq minutes s'il te plaît.

Elle hoche la tête. Il retourne à l'intérieur des urgences et trouve rapidement les toilettes. Appuyé au lavabo, il s'autorise enfin à pleurer celle qu'il considérait comme sa grand-mère. Puis il se passe de l'eau glacée sur le visage pour l'aider à se calmer.

Shana le voit enfin s'approcher de la voiture quelques minutes après. Il jette un mégot dans la poubelle puis monte en voiture sans rien dire. San tient sa sœur contre lui, comme si elle était la seule chose à laquelle il pouvait se raccrocher. Ce n'est peut-être pas le bon moment pour penser à ça, mais Wooyoung se dit que leur relation, aussi fusionelle soit-elle, est adorable.

- T'es pas en état de conduire.

La voix de San est cassée par les larmes. Le blond se retourne et soutient son regard un instant. Il murmure que tout va bien. Le mannequin souffle un bon coup et démarre en silence. Il n'y a pas un bruit dans la voiture. Les mains du blond sont tremblantes sur le volant et ses doigts ne réussissent pas à rester immobiles sur le levier de vitesse. Le rosé est inquiet. Il sait très bien que son copain était très proche de Nana et qu'il est au moins atteint autant que Shana et lui par cette perte. San le connaît bien, suffisamment pour pouvoir dire qu'il va finir par imploser.

- Wooyoung arrête toi.

- Ça va ne t'en fait pas. On arrive dans pas longtemps.

- J'ai dit: arrête toi.

La brune, qui s'était endormie sur l'épaule de San, se réveille d'un coup en entendant la voix autoritaire de son frère. Un peu irrité, le blond fait un écart et s'arrête à l'emplacement d'un arrêt de bus. Il n'y a plus de transport à cette heure-là. Shana se rendort contre la fenêtre, à bout de force. Le photographe se détache et sort de la voiture.

- Où tu v-

- Descends.

Wooyoung essayer de savoir ce qu'il va faire alors qu'il lui ouvre la portière. Il s'exécute. San prend doucement son visage entre ses mains.

- Nana te considérait comme son petit-fils au même titre que Shana et moi. Et je sais que c'était réciproque. Alors ne cache pas ta douleur. On est tous les trois dans le même bateau.

Le blond ne répond pas et se mordille l'intérieur de la joue.

- Je sais ce qu'il se passe dans ta tête. Tu te dis qu'il faut que tu restes fort pour me soutenir et que de toute façon tu es moins légitime que nous à souffrir de sa mort. Et tu te trompes sur toute la ligne.

Une larme coule sur le visage pâle de Wooyoung. San l'essuie du bout de son pouce. Finalement, le mannequin s'effondre. Le rosé le prend dans ses bras et lui caresse tendrement le dos. Ils restent comme ça un long moment, enlacés et en larmes au bord de la route. Bien qu'il s'autorise à pleurer, il reste silencieux, cachant ses sanglots. Il resserre son étreinte autour de la taille de son petit-ami. San finit par s'écarter un peu.

- Elle ne voudrait pas qu'on la pleure. Elle est partie dans un monde meilleur. Ça va aller, on va s'en remettre ensemble d'accord ?

Wooyoung hoche la tête.

- Ça me rassure que tu sois là. Heureusement que tu m'as fait cette surprise parce que tout seul je n'aurais pas pu.

- J'aurais pris la route à la seconde où tu m'aurais appelé.

Il esquisse un sourire. San pose tendrement ses lèvres sur les siennes.

- Ça va aller pour rentrer ? Non, tu sais quoi, je vais prendre le volant.

- Non, occupe toi de ta sœur.

- Elle dort. Allez, je conduis.

Wooyoung se fait pousser dans la voiture côté passager. Il ne bronche pas et s'attache le temps que San fasse le tour et démarre. Le blond pose sa main sur le cuisse du rosé et ne le quitte pas des yeux une seule seconde jusqu'à être arrivés.

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WinterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant