Chapitre 10

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Steve et Eddie arrivent au lycée et se rendent directement dans la salle de jeu habituel. Eddie devrait plutôt aller en cours, mais il n'en a clairement pas l'envie. En plus de cela, il veut s'assurer que Steve ait bien compris son rôle ainsi que sa place dans le groupe. Ils ont donc une heure devant eux pour préparer la partie, mais surtout pour réexpliquer à Steve son personnage. Ils sont tous les deux installés autour de la table de jeu, Eddie sur son trône habituel et Steve est juste à sa droite.
« - Tu es un chevalier Harrington, pas un prince, tu vois la différence ?
- Oui, ne t'en fais pas.
- Explique-moi. » Steve ne répond pas et regarde bêtement Eddie, celui-ci souffle de désespoir.
« - Un chevalier, reprend Eddie, c'est juste un guerrier, qui est humain, il n'a pas de grade dans la royauté, et toi, en plus de cela, tu as une force surhumaine. Tu peux porter pratiquement plus de trois fois ton poids, c'est pour cela que tu n'as pas une épée ordinaire, mais une épée claymore. Il s'agit d'une épée à deux mains, particulièrement lourde et difficile à manier, mais pour toi c'est comme un jeu d'enfant.
- Et je n'ai pas de princesse en détresse à sauver ?
- Si tu devais sauver quelqu'un, je n'écrirai certainement pas une princesse, dit Eddie en se reculant dans son fauteuil.
- Tu écrirais quoi ? lui demande Steve en se penchant vers Eddie qui est assis sur son trône.
- Je ferai sûrement en sorte que ton personnage devrait sauver un vampire d'une malédiction, ce qui le rendrait de nouveau humain, ou un truc du genre. 
- Et comment je sauverai ce vampire ? rajoute Steve, toujours en se rapprochant un peu plus du visage d'Eddie, en posant sa main sur sa joue pour qu'il lève la tête vers lui.
- Je ne sais pas, sûrement une quête longue et épuisante qu'aurait choisi les joueurs. Et ce sera bien évidemment le chemin compliqué de mon scénario, sinon ce serait trop facile.
- T'es pas marrant, je préfère un tendre baiser d'amour sincère. »
Eddie fait une grimace de dégoût.
« - Je n'écris pas des comptes de fée, ajoute-il en rejetant Steve. »
- T'as aucun sens du romantisme.
- Mais j'ai un bon sens du timing. »
Au moment où Eddie fini sa phrase, la porte s'ouvre et tous le club rentre. Steve se rassoie très vite à sa place, et fait mine de rien.
« - Eddie ! s'exclame Dustin, tu es venu ! Comment ça se fait ?
- On s'en fout, asseyez-vous, on a une campagne à mener, avec un nouveau compagnon, répond Eddie en pointant Steve du doigt.
- Tu rigoles ? lui demande Dustin. Il va jouer avec nous ? Et c'est lui qui t'as fait venir ?
- Arrête de te faire des films et déjà que je viens vous garder, je peux aussi m'amuser. » répond Steve un peu agacé.
Dustin et Mike se regardent et sont contents de voir que Steve participe à des activités qu'ils apprécient. De plus, ils se doutent très clairement que Steve et Eddie se sont rapprochés, mais ils n'imagineraient jamais de quoi il est question exactement.

La partie d'aujourd'hui commence. Eddie s'adresse à tout le monde sauf Steve.
« - Vous êtes dans une grotte, il fait sombre. Au loin, vous voyez de la lumière se refléter sur les parois rocheuses. Que faites-vous ?
- Je m'avance prudemment, mon épée en main mais encore dans son fourreau, dit Mike.
- Tu avances et tu te retrouves nez à nez face à ça. » crie Eddie en montrant Steve des deux mains, ce qui fait rire tous les membres du groupe.
« - Je suis ici... commence Steve.
- C'est un chevalier, le coupe Eddie. Il a vécu une longue aventure. Tu le croises alors qu'il est couvert de blessures et veut se panser loin des regards indiscrets. Il n'est pas plus familier que vous à cette grotte, il vient d'y arriver et souhaite seulement se reposer, il n'a donc rien d'hostile.
- On l'embarque avec nous ? demande Dustin. » Tout le monde acquiesce et continue d'avancer dans la grotte.
« - Vous continuez d'explorer et Mike, tu remarques une pièce étrange.
- Je m'y rends, répond Mike.
- Tu rentres dans une espèce de pièce aménagée, et tu es le seul à l'avoir remarqué. Tu y vois notamment un coffre.
- Je peux essayer de l'ouvrir ?
- Avec force ou avec la clef ?
- Je cherche d'abord un moyen simple, je cherche.
- Fais un jet de perception. »
Mike prend un dé à 20 faces et le lance, il obtient un 16, ce qui est un très bon nombre.
« - Tu trouves la clef, lui dit Eddie. Tu ouvres le coffre et tu y trouves un carnet, seulement un carnet. Il est signé par le nom « Perceval Martorus », ce nom ne te dit rien.
- Je retourne vers le groupe leur demander. Mike se tourne vers les autres. Eh ! J'ai trouvé ce livre, vous reconnaissez quelque chose ? »
Steve hésite un instant et regarde Eddie pour savoir ce qu'il doit faire. Eddie le regarde et lui fait un « oui » de la tête, comme s'il avait pu lire les pensées de Steve.
« - Euh moi je sais ! s'exclame Steve. Ce nom, c'est celui d'un ancien camarade. Il était un preux chevalier, fidèle aux instructions mais il a disparu du jour au lendemain de mes rangs.
- Dommage... et super à la fois, s'étonne Gareth. Tu vas pouvoir nous aider à comprendre ce qu'il y a écrit. On dirait une langue étrangère.
- C'est normal, en tant que chevalier on a un code pour ne pas se faire comprendre par les autres. » Steve cherche encore et toujours le regard d'Eddie pour être sûr de ce qu'il dit, comme s'il avait peur de dire une erreur qui fausserait la partie. Mais Eddie ne réagit pas. Quoique, il réagit. Il a un grand sourire aux lèvres. Il est heureux de voir Steve s'investir dans cette partie et se réjouit de le voir vouloir bien faire les choses, ce qui l'amuse plus qu'autre chose.

L'aventure continue, la troupe de joueurs résout les énigmes de leur maître de jeu et parvient même à vaincre les monstres qu'ils leur entravent le chemin.
« - Vous continuez d'avancer dans cette grotte, et Steve, tu es en premier et tu vois une silhouette au loin. Tu as l'impression de la reconnaître.
- Je peux m'en approcher ?
- À tes risques et périls.
- Je m'en approche avec une main sur mon épée prêt à l'utiliser alors.
- Très bien. Tu te rapproches et tu entends ceci. » À ce moment-là, Eddie prend une voix plus étouffée, comme s'il parlait avec de la salive pleins la bouche.
« - Recule, tu vas le regretter.
- J'avance encore. » Eddie saute de son siège et vient s'asseoir sur les genoux de Steve. Il a l'habitude d'être très investi dans les rôles qu'il prend.
« Je t'ai dit de reculer ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? » Eddie se relève, passe derrière Steve et pose ses mains sur ses épaules.
« Tu reconnais cette voix, tu avais l'habitude de l'entendre dans tes rangs. Il criait souvent ton nom pour demander de l'aide car il était très maladroit, au point de se perdre. »
Steve a les yeux qui s'écarquille, il croit comprendre. Il ose alors prendre la parole :
« - Perceval ?
- Du moins ce qu'il en reste, répond Eddie. Ton ancien compagnon n'est plus très humain.
- La malédiction de Strahd ! s'exclame Dustin. Il faut le tuer.
- On est obligé de faire ça ? Il était un de mes camarades, demande Steve en regardant Eddie.
- Ce n'est pas moi que tu dois convaincre, lui répond le maître du jeu.
- Écoutez-moi, il ne nous a fait aucun mal et si on trouve l'origine de cette malédiction, on peut le sauver non ?
- Je n'y crois pas une seule seconde, dit Jeff, je prends mon arc et je lui tire dessus. » Steve s'énerve et répond :
« - Je cours vers toi et je te plaque au sol pour t'en empêcher. Il est hors de questions de l'éliminer alors qu'on peut encore l'aider. Tu voudrais que je tue ton frère juste pour être sûr ?
- Lancez vos dés, les interrompt Eddie. Celui de vous deux qui fera le plus grand nombre, décide de la situation. » Ils prennent chacun un dé 10. Steve et Jeff lancent leur dé en même temps. Jeff obtient un 9 et Steve un 10.
« Tu lui arraches son arc de la main et vous sortez tous de cette pièce, en prenant le soin de fermer la porte derrière vous pour que le jeune homme sous l'emprise de la malédiction y reste enfermé. Il ne pourra rien vous faire, et rien ne lui arrivera tant qu'il reste seul et tranquille, enfermé dans cette salle. »

Steve souffle et s'affale sur son siège. Eddie est encore surpris par cette initiative. Il a clairement improvisé cette scène suite à la discussion que lui et Steve et lui ont eu juste avant que la partie commence. Cependant, Steve n'a pas fait le lien entre cette discussion et ses actions. Il reste encore plus d'une heure de jeu, ils ont tous hâte de savoir ce qu'il leur reste à découvrir.
« - Après avoir vaincu cette armée de gobelins envoûtés par la malédiction, vous voyez un village. Vous vous y rendez et son entrée, vous entendez tous cette phrase : vous n'êtes pas les bienvenus. Suite à cela, vous regardez au loin et vous voyez une silhouette humaine et des yeux rouges scintillants au loin, vous vous en rapprochez mais soudainement, tout s'arrête pour aujourd'hui.
 - Oh non pas maintenant ! s'exclame Dustin.
- On peut au moins savoir qui c'est ? surenchéri Steve.
- Il nous reste encore beaucoup trop à savoir, rajoute Gareth.
- On se revoit demain pour savoir cela, termine Eddie. » Après cela, ils prennent tous leur frustration avec eux, car il est l'heure de rentrer. Ils sortent tous du lycée, l'esprit pleins d'idée et de théories sur la suite de l'aventure.

« - J'aime bien ton jeu Munson, lui dit Steve.
- Ce n'est pas mon jeu Harrington, lui répond-il en rigolant.
- Je parle du moment où tu m'as sauté dessus, j'ai compris le message, lui dit-il en faisant un clin d'œil.
- Je t'interromps tout de suite. Ce n'est pas moi, c'était mon personnage.
- Tu avais l'air très investi pourtant.
- Je suis toujours comme ça. » Eddie n'a pas une once de gêne qui pourrait trahir quelconque sentiment qu'il pourrait éprouver envers Steve, bien qu'il doit sûrement se douter de quelque chose. Ils se lèvent tous et quittent la salle. Ils se saluent tous et une fois que tout le monde est partis, Steve se tourne vers Eddie et lui demande : « Je peux revenir demain ? » Eddie lui prend la main et le tire vers lui.
« Tu fais parti du Hellfire baby, donc t'as intérêt à venir. » Sur ces mots, il s'en va vers la voiture de Steve et s'y installe, tandis que Steve reste debout bêtement et le regarde s'en aller. Il est vraiment particulier, mais il lui fait un effet monstrueux. Il espère que ça s'arrangera entre eux deux, il lui a, en quelque sorte, avoué son envie de le revoir, mais il n'a pas l'impression qu'Eddie lui pardonne si facilement son comportement. Avant de se perdre davantage dans ses pensées, il se dirige vers sa voiture et démarre. Il ramène Eddie, et avant de partir il lui dit :
« Demain, après avoir joué, on se donne rendez-vous au Skull Rock. » Puis il sort sans laisser le temps à Steve de parler. Encore une fois, il lui donne des ordres, mais ça ne le dérange pas, Steve va pouvoir parler avec Eddie. 

In another world, we could love eachother (steddie FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant