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AVA

J'aimerai tellement être en paix, comme eux. 

Ils ont l'air si confortables ces nuages. 

Tu n'iras pas au paradis, sombre idiote.

Je regarde les nuages par le hublot de mon avion. 

C'est fait. Je suis partie. 

Sans rien dire à personne, j'ai pris mon vol du jour au lendemain, et me voilà en direction de Paris.

Paris, la ville où tout va bien , la ville de ma passion. La ville où l'automne est moins triste.

Je les ai abandonné, encore. 

Tu n'es bonne qu'à ça de toutes façons. Si tu crois qu'ils en ont quelque chose à foutre.

Mais comment rester ? Comment les regarder dans les yeux après une telle rechute ? Comment rester fière, comment rester qui je suis ? J'ai besoin de fuir, de partir, de tout laisser. Je me sens retomber, sans cesse lutter, me battre avec la nourriture, la compter, l'observer, la répugner.

Et tant pis si je suis lâche, tant pis si ils me détestent. 

De toutes façon, c'est tout ce que tu mérites.

J'avais tellement de bruits et de distractions que je ne m'entendais plus crier. Je ne m'entendais plus appeler à l'aide. Et je sais que je suis la pire des égoïstes quand je dis ça, mais je ne peux pas me permettre ne pas m'entendre, parce qu'on m'a trop longtemps ignoré, laissé sans voix.

Je dois rester sur le seul point stable de ma vie. Le travail. Le travail et le succès ne peuvent pas m'abandonner, jamais, tant que je ferai tout pour les garder, que je m'acharnerai pour qu'ils restent. 

Pas comme eux, pas comme les amis, les amours, la famille, qu'on ne peut pas contrôler. Ils finissent toujours par partir de toutes façons. 

Est-ce que je suis parti à cause de lui ? Non. 

Est-ce qu'il m'a fait réagir ? oui. 

Ce baiser, ce rejet, et leurs effets sur moi, m'ont prouvé qu'à nouveau, je tombais dans le cercle vicieux que je dois éradiquer. Je ne peux pas rester pour son beau sourire, ses yeux mystérieux et ses allures de sauveurs. Je ne retomberais plus dans des dépendances débiles, il n'a pas le droit d'en devenir une pour moi. Parce qu'en partant, il me tuera, je n'ai plus la force de m'accrocher à des branches fragiles. Heureusement, j'en suis encore loin, mais les battements de mon coeur, mes sourires et les humeurs m'ouvraient la voie vers un chemin que je n'avais plus envie d'emprunter. 

Je sais que je vais le décevoir, je sais qu'il m'a déçue. Est-ce que finalement nous ne sommes pas quittes ? Il n'avait qu'à pas jouer avec moi, parce que ça m'a prouvé que je n'étais pas assez forte pour assumer la défaite. Et c'est ça le piège du jeu , il faut être prêt à tout donner, mais aussi prêt  à perdre. 

Pourquoi faut il toujours qu'ils fassent ça ? Arriver, sourire, faire semblant, s'accrocher, prendre ce qu'ils veulent et partir ?  Est-ce qu'un jour quelqu'un restera ? Ou suis-je condamner à ce que chaque homme qui me touchera la poitrine finisse par se lasser de mon corps ?

Je suis maudite et son arrivée dans ma vie est une malédiction de plus. Il me veut, il est sur-présent, il me hait, il me jette. Je ne suis pas sa chose. Qu'est ce que j'ai bien pu faire pour lui laisser croire qu'il était en droit de me faire ça ? Je sais qu'il veut quelque chose, mais je n'arrive pas à savoir quoi, et ça m'exaspère.

J'essaie de trouver qui pourrait me rapprocher de lui, que se soit quelqu'un de mon passé, ou de mon présent, mais rien. Rien ne me lie à lui. A part cette espèce de relation sans fondements, ni finitions. J'ai l'impression qu'on a construit un dôme dans le vide. Ni sur terre ni dans le ciel, nul part. Il ne touche ni la réalité, ni le rêve.

MÁVROSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant