Chapitre 2

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Je me suis mentalement préparée à me faire virer.

Comme d'habitude, je suis arrivée de bonne heure, mais, au lieu de me mettre au travail, j'ai préparé un message d'absence sur mon adresse courriel. J'ai fait le ménage dans mes tiroirs, jeté de vieux dossiers et j'ai archivé ce qui devait l'être.

J'ai rangé mon bureau, tout replacé comme au premier jour. J'ai glissé ma fleur dansante dans un carton, ainsi que les jouets Kinder surprise que j'expose, mes boîtes de biscuits, mes sachets de thé. Je suis prête et j'attends mon heure.

À neuf heures pile, je frappe à la porte de mon bourreau, au mot fatidique « entrez », je redresse la tête, d'une manière que j'espère digne, j'ouvre la porte et entre, marchant comme Marie-Antoinette allant vers la guillotine. Même si mes jambes potelées donnent plus l'impression que je marche comme si j'étais sur un bateau dans une mer déchaînée... ça tangue à droite et à gauche.

« Asseyez-vous, Mademoiselle Lenovo. »

Un bonjour, ça t'écorcherait la gueule ? s'invective ma petite voix, très à cheval sur la politesse.

J'obtempère. Je ne suis jamais entrée dans son bureau, alors, étant de nature curieuse, je fais le tour. C'est décoré avec goût. Il y a une petite bibliothèque, je me retiens de me lever pour voir les titres, me demandant s'il a vraiment le temps pour lire au travail. Je suis tout aussi intéressée par le minibar. L'éclairage fait scintiller les bouteilles. J'ai l'impression que c'est Noël. Un raclement de gorge me ramène face à mon patron. Je sursaute en le voyant me regarder. Je me demande si j'ai manqué quelque chose.

« Oui ? » demandais-je, à tout hasard.

« Dites-moi, et si moi aussi je vous éclabousse, vous vous sentiriez comment ? »

Je sens mes joues rougir instantanément, comme la fois où je m'étais endormie sur mon balcon, cherchant à parfaire mon bronzage de vacances à Balconville. Une image surgit dans ma tête, brûlant le dernier neurone sain qui s'y cachait. Je le vois tenant son sexe, m'éclaboussant comme l'arrosage automatique d'une pelouse.

« Je vous parle, Mademoiselle Lenovo.

— Comblée, Monsieur.

— Pardon ? »

Il me regarde, voit mes yeux dans le vague, un sourire béat.

« Vous êtes avec moi, Mademoiselle Lenovo ?

— Oh oui, Monsieur. »

Un claquement de doigts près de mon oreille me ramène à la réalité. Je sursaute en le voyant à côté de moi.

« Monsieur St-Laurent, mais que faites-vous ?

— J'ai l'impression d'assister à un spectacle un peu décalé. Ça y est, vous avez rejoint notre réalité ? »

J'acquiesce, sans un mot.

« Bon ! », dit-il en retournant s'asseoir derrière son bureau. « Mademoiselle Lenovo, vous êtes dans cette compagnie depuis deux ans et...

— Cinq, le mois prochain. Cinq ans.

— Cinq ans donc, et jusqu'à présent je n'ai jamais rien eu à vous reprocher. Vous êtes bien notée par votre chef de service, vos collègues n'ont que des bons mots pour vous, vous êtes sociable. Les relevés de scan de votre badge indiquent, que depuis le... – il regarde dans un dossier – depuis votre premier jour il y a cinq ans, que vous venez au travail deux heures plus tôt, sans réclamer d'heures supplémentaires et que vous n'avez jamais utilisées vos heures de maladie disponibles. En soi, vous êtes l'employée parfaite. »

It was always youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant