Je tombe immédiatement sous le charme de l'ambiance qui se dégage du piano-bar.
Je m'attarde un instant, regardant le pianiste revisiter Sweet Child o'Mine de Guns N' Roses puis enchaîner sur One de U2. J'adore. Audrey me fait signe de la main, je la rejoins dans le box. Je remarque qu'elle a tiré la table vers elle, me laissant suffisamment d'espace pour que je puisse m'asseoir.
« Comment s'est passé ta journée ? » demande-t-elle de but en blanc.
Je note la différence entre la femme décontractée en face de moi et la connasse de classe mondiale d'il y a quelques jours, et que l'on est passé au tutoiement.
« Très bien, merci. Et toi ?
— J'avais hâte à ce soir, j'y ai pensé toute la journée.
— ... »
Je souris poliment.
« Je peux te poser une question ? » l'interrogeais-je.
« Bien sûr. Attends, on va commander.
— Deux mojitos. »
Ah ? Elle commande pour moi sans me consulter ?
« Et toi, tu prends quoi ? »
Ah bah non. Elle a l'intention de se torcher la gueule ce soir.
« Un verre de vin blanc, sec, s'il vous plaît.
— Tu avais une question ? » demande-t-elle en souriant.
Oui, as-tu une jumelle maléfique ?
« Pourquoi es-tu venue t'excuser ? Tu étais bien la dernière personne que je m'attendais à revoir.
— Honnêtement ? Mon boss m'y a obligé. Selon lui, mon comportement était immature... Et, à cause de moi, l'entente qui devait être signée et qui n'était que plus ou moins une formalité est tombée à l'eau. Si je ne m'excuse pas, mon boss me vire et menace d'engager des poursuites au civil contre moi.
— Donc, une fois les excuses acceptées, tout est rentré dans l'ordre pour toi », dis-je sèchement.
« Non, Caroline », dit-elle en posant sa main sur la mienne.
Le serveur apporte nos verres, j'en bois une grande gorgée alors qu'il dépose les mojitos devant Audrey.
« Je vous en prendrais un autre, s'il vous plaît », dis-je gênée.
Audrey boit une gorgée de son Mojito et soupire de plaisir en fermant les yeux.
« Rahhhhhh ! Le mojito, c'est la vie ! » s'exclame-t-elle bruyamment. « Putain, qu'il est bon ! »
Elle prend ma main dans la sienne.
Ça devient une manie.
« Écoute-moi Caroline. Je sais que j'ai un caractère de merde, que je me comporte souvent comme une conne. Que veux-tu que je te dise, c'est moi, je suis comme ça. Mais, ce matin, face à toi... je ne sais pas, j'ai eu envie d'être sincère. Tu ne méritais pas ça. Ensuite, ce n'est pas tant que je m'excuse qui va me sauver. C'est la suite de cette affaire. C'était un bon deal. Ce qui me sauvera dépendra uniquement de toi.
— Donc tu veux me saouler pour que je sauve tes fesses ?
— On m'a mis devant cet ultimatum vendredi. J'aurais pu venir hier pour t'en parler, mais j'ai pris le temps de réfléchir et je me suis dit que si tu me pardonnes, tant mieux, mais que je ne te forcerais pas simplement pour sauver mon travail. Peut-être est-il temps que j'envisage une réorientation professionnelle.
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It was always you
RomanceCaroline, jeune femme légèrement enrobée, est l'objet d'une mauvaise blague lors d'une réunion pour la signature d'un important contrat et réagit plutôt mal. Convoquée dans le bureau de son boss, celui-ci menace de la renvoyer avant de lui faire une...