Chapitre 23

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J'ai laissé mes bagages à la réception de l'hôtel et pris un autre taxi pour me rendre à l'hôpital. La route est cahoteuse, je me demande si je ne vais pas avoir besoin d'une chambre moi aussi à l'arrivée, ou bénéficier du service de massage de l'hôtel pour me replacer un peu.

Je franchis les portes de l'hôpital, l'estomac noué, mon cœur palpite si fort, qu'inconsciemment je cherche des yeux où se situe le service cardiologie. La personne à l'accueil voit ma détresse et, une fois expliquée la raison de ma présence, me dirige vers le bureau des infirmières. Je suis ses indications au pas de course. Mon manque d'activité sportive se rappelle rapidement à moi. Sur le point de perdre un poumon, je ralentis brièvement ma course, en prenant appui contre un mur. Arrivée au bureau des infirmières, on me propose de m'asseoir et si je veux boire un peu d'eau. Un petit blanc, je ne serais pas contre me tente ma petite voix. Ayant repris mon souffle, on me conduit à la chambre d'Alex. J'essaye de glaner des informations, mais comme je ne suis pas un membre de la famille, je reste dans le vague quant à son état.

À l'instant où je franchis le seuil de sa chambre, la réalité me rattrape. Alex est allongé, des câbles partent d'un clip fixé à son index et rejoignent un moniteur. Un soluté est branché dans son bras.

Son visage porte les traces de l'accident. Je ne peux retenir mes larmes, mes jambes ne me retiennent plus non plus. Je m'effondre, toujours sur le seuil de la porte quand une main se pose sur mon épaule.

« Vous allez bien ? » me demande une voix.

J'ai l'air d'aller bien ? Je ne fais que ça dans la vie, m'avachir devant des portes de chambres dans des hôpitaux ?

« Excusez-moi, Madame. Je ne cherchais qu'à me montrer aimable. »

J'ai encore parlé à voix haute ?

« J'ai parlé à voix haute ? Pardonnez-moi, le voir dans cet état m'a fait tout un choc.

— Vous connaissez mon fils ? » demande la voix, avec une tristesse infinie.

Je relève la tête et je vois Alex dans la forme de ses yeux, son regard.

Je me relève tant bien que mal.

« Excusez-moi. Caroline Lenovo », dis-je en tendant la main, « je travaille avec Alex, avec votre fils.

— Caroline, bien sûr », dit-elle en me détaillant de la tête aux pieds. « Vous ne ressemblez pas aux femmes avec qui il traîne d'habitude. »

Je sens un peu de condescendance dans sa voix.

Mode bitch activé !

« Écoutez, Madame Brossard, je travaille avec lui, il m'a également désigné mandataire pour la gestion de ses affaires, donc l'entreprise, c'est moi. Je ne suis certainement pas une des poufs avec qui votre fils traîne habituellement. Par contre, s'il souffre d'un quelconque complexe d'Oedipe, je verrais à ce qu'il suive une thérapie, un psy sera probablement ravi de creuser afin de déterminer les raisons de ses choix de plan cul et celles de sa peur de l'engagement. »

Oh merde !

Madame Brossard me regarde froidement, mais je soutiens son regard. Soudain, ses yeux s'adoucissent avant qu'elle n'éclate de rire.

« Je vous adore ! Je peux vous appeler Caroline ? Entrez. Alex sera content que vous ayez fait tout ce chemin pour venir le voir. »

C'est un piège ?

« Allez, entrez », dit-elle en rapprochant une chaise du lit.

Je m'installe et pose ma main sur la sienne.

It was always youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant