Ce coup-ci, je suis mieux organisée pour mon voyage à Montréal. Justine a insisté pour venir me chercher à l'aéroport et me loger chez elle. J'ai eu beau utiliser tous les arguments ou excuses en ma possession comme le fait de loger une inconnue, le manque d'intimité, mon poids, m'inventer des fringales nocturnes, le fait que je ronfle, que je suis somnambule... et que je dors nue. Rien n'y a fait, elle me veut chez elle et, au fond de moi, j'en suis heureuse.
Dans l'avion j'ai regardé, à nouveau, la vidéo des employés. La première fois, je l'avais mal vu, j'avais les larmes aux yeux tant j'ai ri et pleuré devant les messages. C'est une des plus belles vidéos qu'il m'ait été donné de voir. Sylvie, en se renseignant à droite et à gauche, a même trouvé et contacté des proches d'Alex, et ils ont tenu à participer. Cette femme me fait peur. Où a-t-elle eu ces informations en si peu de temps ? Je la soupçonne d'être un agent chargé de nous surveiller pour le compte d'une tribu d'amazones... j'imagine.
Justine m'accueille en me serrant fort dans ses bras, m'embrassant sur les joues.
« Chez nous, c'est trois », lui dis-je à la blague.
Alors elle a recommencé.
« Cinq c'est bien aussi », dis-je en riant. « Vous m'avez manqué Justine.
— Toi aussi, Caroline. On se tutoie, ici c'est comme ça.
— Je ne sais pas si je pourrais, vous savez... le protocole », dis-je en chuchotant sous le sceau de la confidence.
Justine me regarde, m'étudie de la tête aux pieds, puis hausse des épaules.
« On ne tirera rien de plus de vous. Alors on se tutoie, pas le choix. »
Nous éclatons de rire, avant de nous diriger sur le stationnement, bras dessus-dessous.
Le genre de relation que j'aurais aimé avoir avec ma mère.
« Comment va-t-il ? » demandais-je, une fois ma ceinture bouclée.
« Il récupère. La rééducation va bien, mais ses blessures le tiraillent.
— Sait-il que je viens ?
— Non. Je lui ai dit que vous étiez passé, et j'ai vu dans ses yeux qu'il était heureux.
— J'ai de belles surprises pour lui.
— Tu veux que l'on passe d'abord à la maison pour que tu déposes tes affaires, et te rafraîchir un peu ?
— Je préférerais aller à l'hôpital directement, j'ai tellement hâte.
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« Bonjour, Mademoiselle Lenovo », dit-il à l'instant où j'ouvre la porte.
« Monsieur », répondis-je en jouant le jeu et en ne sachant pas s'il est au courant que sa mère sait tout. « Comment vous sentez-vous ?
— Bien, merci de vous être déplacée.
— Je voyage en classe affaires, autant en profiter. Mes notes de frais sont pré-approuvées de toute façon. »
Je le vois retenir un sourire.
« Ne coulez pas mon entreprise avec vos goûts de luxe. J'espère que vous n'en avez pas profité pour décorer votre bureau ?
— Juste avec quelques statuettes en forme de sapin de Noël, vous savez comme je les aime. »
Il s'étouffe en avalant sa salive, me regardant complètement effaré.
« Bien. Parlons peu, mais parlons bien. Tenez «, dis-je en sortant ma tablette. « Je vous ai apporté le bilan financier, des comptes rendus, différentes analyses, des contrats à signer.
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It was always you
RomanceCaroline, jeune femme légèrement enrobée, est l'objet d'une mauvaise blague lors d'une réunion pour la signature d'un important contrat et réagit plutôt mal. Convoquée dans le bureau de son boss, celui-ci menace de la renvoyer avant de lui faire une...