Chapitre 21

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Trois mois plus tard


Entre Audrey, Alex, le projet Racival, et les autres dossiers, ma vie a été intégralement changée. Mon quotidien a été chamboulé, ma vie solitaire est devenue riche en opportunités et en amour.

Je me partage entre Audrey et Alex, l'un comme l'autre sont devenus indispensables. J'ai conscience d'être égoïste, mais qui m'en voudrait de vouloir en profiter un peu.

Je passe mes week-ends avec Audrey, chez elle ou chez moi. Chez l'une comme l'autre, nous avons fait l'amour dans toutes les pièces, sur toutes les surfaces. La semaine, nous continuons notre jeu du Maître et de la soumise. Je tiens à mes rendez-vous du lundi matin, c'est devenu mon jour de la semaine préféré. Je reçois encore des cadeaux étranges, mais ça l'amuse plus qu'autre chose. Comme les pinces qui ressemblent à de minuscules pinces pour batterie de voiture. Quand il m'a expliqué qu'il fallait que je me les mette sur mes tétines, ce fut un non catégorique, suivi d'un énorme fou rire commun. Il essaye encore de me refiler des gadgets vibrants, mais je me méfie, depuis l'œuf. Notre relation est passée à un autre stade. Nous ne sommes pas en couple, mais c'est tout comme. Il m'a cinq fois semaine pour assouvir tous ses fantasmes. Nous dormons chez l'un ou l'autre, et comme pour Audrey, nos liquides se sont répandus dans toutes les pièces et sur toutes les surfaces.

J'aime et suis aimé. Le regard des autres me perturbe encore hélas. Je suis gênée quand je suis au restaurant avec l'un ou l'autre, que l'on se promène en se tenant la main. J'ai presque honte, honte de ne pas être à ma place, avec quelqu'un qui ne soit pas de mon gabarit. Et puis un geste, la main qui me serre un peu plus fort, le bras qui me colle un peu plus, et mon mal-être s'en va. Je suis réellement à ma place. Moi aussi j'ai le droit d'être aimée.

Mon salaire n'est plus le même, entre primes et récompenses –pas celles en nature, celles-là n'ont pas de prix– mon banquier est bien plus gentil avec moi, il prend souvent de mes nouvelles –trop souvent même. Je ne suis pas calée pour suivre la bourse, je n'y avais aucun intérêt. Mais j'apprends. Chose étonnante, mais une de mes relations, oui, car j'ai des relations maintenant, m'a présenté un de ses amis qui, le plus patiemment du monde, m'a expliqué les bases, donné des conseils, aidé à faire des placements. J'ai acheté quand des titres étaient bas et revendus quand ils ont remonté. Même si les titres ont continué de monter, j'ai revendu avant que ça replonge. Si ça ne le fait pas, tant pis, j'ai quand même réalisé une sacrée plus-value.

Financièrement, en très peu de temps je suis devenue à l'aise. Il faut dire qu'avec le mini loyer que je paye, je fais de bonnes économies.


Je prends mon chocolat chaud tout en finissant de me préparer pour aller au travail. J'ai loupé deux lundis depuis qu'Alex est parti en vacances dans sa famille. Il me manque. C'est pas juste le sexe qui me manque, je peux m'arranger toute seule, et il y a Audrey. Non, sa présence au quotidien me manque, la chaleur qui monte en moi quand je le vois, que je l'entends. J'éprouve de forts sentiments pour Alex. J'ai mis du temps à me l'avouer.

Mon téléphone sonne alors que je mets mes chaussures. Je regarde le numéro, c'est celui de la compagnie.

« Caroline Lenovo, bonjour.

— Mademoiselle Lenovo, Lorraine Martin, Directrice du Service juridique.

— Bonjour, Lorraine, je partais pour le bureau, que puis-je pour vous ? » dis-je en m'assoyant.

J'ai un mauvais pressentiment, pour quelle raison le Service juridique m'appelle, qu'est-ce qui ne peut pas attendre que je sois au bureau ?

« J'ai reçu un appel d'un hôpital à Montréal, au Québec. »

Oh mon dieu ! crie ma petite voix, alors que je m'effondre sur une chaise. Un frisson me traverse tout le corps. J'ai un mauvais pressentiment et je préfère m'accrocher au dossier de la chaise pour entendre la suite.

« Je suis dans les contacts de Monsieur Brossard en cas d'urgence. »

Pourquoi pas moi ? s'interroge ma petite voix. J'ai envie de la gifler pour cette remarque déplacée.

« Monsieur Brossard a eu un accident d'avion, il est dans le coma. »

J'essaye de me reprendre pour demander de ses nouvelles.

« Et... Comment va-t-il ? » demandais-je d'une voix tremblante.

« Selon le médecin qui m'a contacté, son pronostic vital n'est pas engagé, mais il a un hématome sous-dural qu'ils surveillent.

— Bien. Je me mets en route, je vous vois tout à l'heure dans votre bureau », dis-je en coupant la conversation.

Je pensais m'effondrer, mais, bien que des larmes laissent des traînées de maquillage sur mes joues, je suis mentalement en train de visualiser les dossiers en cours, ceux en attente de signature, les chantiers en voie de finalisation.

Froidement, je me ressaisis, me fais une brève toilette et me remaquille.

Une fois dans ma voiture, je note mentalement les personnes à prévenir. Sa famille ? J'espère que quelqu'un a leurs coordonnées, il va falloir les prévenir aussi. Je conduis, le cerveau sur l'automatique, ne prêtant aucunement attention à ce qui se déroule autour de moi, je n'ai qu'un objectif en tête, la continuité des opérations.

C'est ce qu'il voudrait.

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Myka

It was always youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant