Chapitre 16: passé

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Winter.


Elle était enceinte. Maman était enceinte. ENCEINTE ! C'était quoi leur problème ? On réussissait à peine à finir le mois et elle avait choisi d'être enceinte !

- T'es pas contente ?

Non bien sûr que non ! Pourquoi je le serais ?

- Vous vous rendez compte de la gravité de la situation ?

Mes parents me regardèrent, abasourdis. Ce n'était sûrement pas la réaction à laquelle il s'attendait. Mais je m'en fichais. Le fait que maman soit enceinte n'était pas bien. Donc non, je n'étais pas contente. Je me leva de la chaise et parti m'enfermer dans ma chambre. On se tuait au travail pour tout gâcher avec un autre enfant. Je ne voulais pas que ce bébé vive comme j'avais vécu. Je ne voulais pas qu'il connaisse la misère.

J'avais trouvé un job en temps que serveuse dans un bar. Ils étaient tellement en manque d'effectif qu'il n'avait rien dit sur le fait que je sois mineure. Ils m'avaient rassuré en disant qu'ils n'étaient jamais contrôlés et le patron ne me déclarait pas. J'avais une bonne collègue qui était la meilleure que je pouvais imaginer. En revanche mon patron était une plaie. Heureusement qu'il n'était pas souvent là. Il me faisait peur, il avait toujours cette lueur bizarre dans les yeux quand il me regardait.

Des tocs parvinrent de la porte avant que la tête de ma mère ne passa par l'entrebâille.

- On peut en parler ?

Je répondis par un haussement d'épaule et elle interpréta ce geste pour un oui. Maman s'avança et s'installa au bord du lit. Un silence de mort nous envahit. C'était sa technique pour que je parle. Elle savait que j'aimais parler et que je ne supportais pas les blancs. Comme elle l'espérait, cela me fit craquer et je pris la parole.

- On a déjà du mal à se nourrir alors comment on va faire avec ce bébé ?

- Avec un autre enfant on aura plus d'aide et sinon on se débrouillera chérie, comme toujours.

Un sourire rassurant étirai ses lèvres. J'étais septique mais que pouvais-je faire d'autre ? Ce n'était pas moi le parent alors je n'avais pas mon mot à dire. Ce bébé allait être mon frère ou ma sœur quoi que je fasse. Il fallait que je prenne soin de lui et que je mette de l'argent de côté.

- Je pense que c'est une fille.

Elle rigola et me prit dans ses bras. J'aimais ma famille aussi fort que je le pouvais. C'était impensable pour moi d'être en dispute avec un de mes parents.

- Papa pense la même chose.

Je serra plus fort mon étreinte et nous restâmes plusieurs minutes dans cette position. Je sentais l'odeur de son parfum floral et de café qui caractérisait bien ma mère.

- Je ferais tout pour vous, tu le sais ça ?

Je hochai la tête. Maman était ce genre de personne qui se sacrifier pour les autres. Elle sacrifiait son argent, son appétit, sa santé. Elle vivait à travers moi, et bientôt à travers ce bébé. C'était une personne d'une extrême bonté qui donnait tout ce qu'elle avait pour faire plaisir.

- Si ça ne te dérange pas je vais me reposer un peu. Demain je me lève tôt.

Le travail que j'avais me faisais débuter le matin. J'allai devoir être présente à l'ouverture pour le petit déjeuner. Elle comprit et sorti de ma chambre en m'embrassant sur le front.

——

6h40

Installée dans le bus au premier rang, je discutais avec Franck. Pour aller au travail je devais prendre le même bus que pour aller à l'école. Il me déposait en centre ville.

JanvierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant