57. Morning

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J'ouvrais mes yeux lentement. Un petit rayon de soleil passait entre la petite ouverture des rideaux gris épais. Je roulai sur le dos et je pris conscience de ma tenue ; je ne portais qu'un t-shirt qui n'était pas à moi. Je n'avais même pas de sous-vêtements.

Les souvenirs de la nuit dernière refirent lentement surface. Je réalisais ce que j'avais fait et je ne savais pas si je devais me sentir coupable de mon comportement. D'un côté, j'avais laissé mon corps faire ce dont il avait envie, ou plutôt ce dont il avait tant besoin ; mais d'un autre côté je culpabilisais. Je lui avais demandé de l'espace et du temps, alors que je ne respectais ni l'un, ni l'autre.

Je tournais la tête et vis le lit vide. Je m'assis en tailleur pour observer la pièce. Il n'y avait personne.

Je me levai et me dirigeai vers les escaliers. Une fois en bas, je vis l'appartement différemment et bien plus éclairé qu'hier soir. Je n'avais pas eu le temps de faire attention aux meubles ou à la décoration. Le canapé au milieu de l'espace paraissait encore plus blanc que dans mes souvenirs avec la lumière du soleil qui l'éclairait par la baie vitrée. Le plafond était très haut et un grand lustre noir pendait juste au-dessus du canapé.

Je m'avançais vers la vitre en frôlant le canapé de ma cuisse. Mes pieds nus s'écrasèrent sur un tapis moelleux gris clair. Il était immense, j'avais du mal à déterminer sa taille puisqu'il se prolongeait sous le canapé.

Je reportai mon regard sur la ville en dessous de nous. Le monde s'agitait déjà alors qu'il ne devait même pas encore être huit heures du matin. Le soleil était déjà bien haut dans le ciel bleu sans nuages et ses rayons se reflétaient sur les autres immeubles vitrés.

Soudain, des mains s'enroulèrent autour de ma taille, me faisant sursauter.

« Bonjour toi », dit-il d'une voix rauque qui caressa le creux de mon cou.

Mes lèvres se courbèrent en un grand et magnifique sourire avant même que je ne comprenne qui était derrière moi. La chaleur que dégageait son torse contre mon dos me procurait une sensation que rien d'autre au monde ne pourrait imiter. La façon dont son toucher semblait apaiser chacun des vaisseaux sanguins de mon corps, la façon dont j'arrêtais de réfléchir en entendant sa voix, la façon dont il captivait tous mes sens. Tout était propre à Jungkook et à lui seul.

« Tu veux que je t'emmène au travail ? », demanda-t-il soudain, me sortant de mes pensées.

« Vaut mieux pas qu'on nous voit ensemble », répondis-je à contre cœur. « Je vais prendre le bus »

Évidemment que je voulais qu'il m'emmène et qu'on puisse rester encore un peu plus de temps à discuter, à se regarder, à se tenir la main, à s'embrasser. Mais on savait aussi bien, l'un que l'autre que ce n'était pas raisonnable. Et puis après tout, on ne pouvait pas qualifier notre relation puisque ce n'était qu'une seule petite nuit passée ensemble.

Une seule nuit ne voulait rien dire.

C'était ce que j'avais l'habitude de penser auparavant. Mais à présent, je me rendais compte que cette nuit comptait beaucoup pour moi. Elle avait même résolu des problèmes entre nous. Elle avait comme estompé la colère que j'avais en moi pour renforcer la détermination de Jungkook à se faire pardonner.

« T'as raison... », soupira-t-il et je me tournai pour pouvoir l'enlacer. « T'es libre demain soir ? »

J'hochai la tête contre son torse nu en fredonnant un « Mmh ».

« Je te dois encore un restaurant ». Je levai la tête pour le regarder dans les yeux.

« T'es pas obligé Jungkook », lui dis-je et il sourit.

« T'as pas encore compris que c'était une excuse juste pour pouvoir te voir ? »

Je le savais au fond de moi, mais le fait qu'il l'ait dit, le fait que ses mots étaient sortis directement de sa bouche me faisait sourire. Ses yeux furent attirés par mes lèvres retroussées et il s'empressa d'embrasser mon sourire. Notre baiser était lent et doux, comme un délicieux petit-déjeuner pour bien commencer une journée.

Une journée de travail. Je devais travailler et j'étais probablement déjà en retard.

Je quittai difficilement cet endroit agréablement chaud qu'étaient les lèvres de Jungkook et le regardai dans les yeux, me noyant dans sa brillante noirceur. Je pouvais voir ses pupilles pétiller ; les miennes ne devaient pas être bien différentes des siennes. Le temps semblait s'être arrêté autour de nous, il clignait des yeux lentement, montrant à quel point il était apaisé et calme.

« Je dois y aller sinon on risque de... on va... ». Je cherchais mes mots, mais j'avais plutôt l'air de m'enfoncer, vu le sourire en coin de Jungkook. « Je vais être en retard ».

J'accélérai les pas sans me retourner. J'avais peur de ne pas pouvoir contrôler mon corps qui voulait sans cesse retrouver le sien.

J'ouvris la porte, sortis et la refermai dans mon dos. J'espérais ne croiser personne dans l'ascenseur, car je n'étais toujours pas plus vêtue que tout à l'heure. J'aurais vraiment dû penser à mettre ma culotte et mon short de pyjama. Heureusement que le t-shirt de Jungkook était très grand et qu'il m'allait presque jusqu'aux genoux.

L'ascenseur s'arrêta à mon étage et les portes s'ouvrirent, accompagnées d'un ding. Arrivée devant ma porte, je commençai à taper mon code lorsque j'entendis un bruit dans mon dos.

« Bonjour »

Je me tournai légèrement en rougissant et répondit à mon voisin.

« Bonjour Monsieur Kim »

Il ne put même pas commencer une discussion que j'avais déjà refermé la porte derrière moi. Je me précipitai dans ma chambre pour me préparer, manquant presque de trébucher.

J'avais opté pour une jupe tailleur beige et une chemise crème, accompagnés de mes habituels escarpins de travail. Je pris rapidement mes affaires et sortis en direction de l'ascenseur.

Les portes s'ouvrirent et le karma sembla s'abattre sur moi pour avoir laissé Jungkook sans un mot, puisqu'il était là et me souriait fièrement.

J'entrais et baissai un peu la tête pour éviter son regard. Cependant, je sentais bien que ce n'était pas mon visage qu'il regardait, mais ma tenue. Ou bien mon corps, je ne savais pas. J'aurais bien aimé être dans sa tête à ce moment précis pour savoir à quoi il pensait, ce que ça lui faisait de me voir là, à côté de lui dans cette petite cage d'ascenseur.

Quelques instants plus tard, j'arrivais au rez-de-chaussée et sortis. Une main agrippa soudain mon poignet pour m'attirer en arrière.

« Attend », avait-il murmuré avant de m'avoir retenue.

Je me tournai et le vis se rapprocher de moi, de mon visage, mais surtout de ma bouche. Il m'embrassa tendrement et je me mis à sourire contre ses lèvres.

Cet échange fut très court, car il l'avait interrompu beaucoup trop tôt à mon goût.

« On se voit plus tard », chuchota-t-il avant de me lâcher.

Je m'éloignai, les joues rosies et un sourire espiègle sur le visage. J'avais l'impression d'être devenue une enfant fascinée par tout ce qui l'entourait et tout ce qui se passait dans sa petite vie.

So close | jungkook |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant