42. Carved in stone

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Je restais assise dans ma cuisine à sourire comme une débile en mangeant mon dernier toast croustillant. Je me mis à glousser en me rappelant que j'allais dîner avec Jungkook. Il y a quelques jours encore, je pensais ne jamais le revoir et là j'étais en train de réfléchir à la tenue que j'allais porter pour ce rendez-vous... ou ce rencard ? Était-ce réellement rencard ? Un repas pour se faire pardonner ? Ou bien un dîner de retrouvailles entre de vieux amis ?

Je fis la vaisselle rapidement et m'habillai pour sortir. J'avais prévu de faire les magasins aujourd'hui pour me trouver de nouveaux habits puisque je commençais mon nouveau travail après-demain.

On était samedi après-midi et il faisait très chaud. Il y avait beaucoup de monde dans le centre commercial, mais je réussi à trouver quelques jeans bleus et noirs, ainsi que de simples chemises.

Mes pensées étaient tournées, comme d'habitude, vers un seul et même homme. Je ne faisais que m'imaginer le dîner que j'allais passer avec lui. Où allions-nous manger ? Comment la soirée allait-elle se passer ? Mais surtout qu'allais-je porter ?

J'avais tout d'abord pensé à une belle tenue de soirée chic. Mais après mûre réflexion, je me rendais compte qu'il ne le méritait pas. Je n'allais pas lui donner ce qu'il voulait. C'est pour cela que j'allais m'habiller le plus joliment, le plus sexy et le plus provocant possible. Sauf qu'il ne pourra que regarder, il n'allait rien se passer de plus.

Je vis une robe rouge suspendue à un cintre et m'en approchai. Je la pris pour l'emmener avec moi en cabines d'essayages. Sur le chemin, j'aperçu une autre petite robe noire plus courte que la rouge et la pris aussi sous mon bras.

Arrivée en cabine, je déposai mes affaires et commençai à me changer. La première robe était d'une couleur beaucoup trop voyante. J'étais persuadée que l'on pouvait me voir à trois kilomètres à la ronde tellement elle était rouge flashy. De plus, elle descendait jusqu'à mes genoux et ce n'était pas la longueur que je désirais. Je la voulais plus courte, bien plus courte que ça.

J'enfilai la deuxième robe qui était d'un noir brillant. Le tissu était bien plus réduit sur celle-ci que la précédente et mon dos n'en avait même pas. Il était complètement exposé et je pouvais sentir un petit courant d'air caresser ma colonne vertébrale. Quant au devant, il y avait un léger décolleté qui mettait ma poitrine en valeur. Seulement une petite partie de mes cuisses était couverte, et on pouvait voir ma culotte si je me baissais. Jungkook allait adorer et moi j'allais adorer me faire désirer tout en le voyant frustré.

Cette robe était parfaite.

Je me dirigeai à la caisse pour payer et sortis du magasin avec mes sachets à la main. Je passai les portes du centre commercial et un petit vent chaud souleva quelques mèches de cheveux. Le printemps était la plus belle des saisons selon moi : les fleurs donnaient de la couleur aux rues et les cerisiers semblaient être des nuages roses par lesquels des petits flocons de neiges colorés s'échappaient pour tourbillonner dans les airs.

Je marchais sans réellement savoir où aller. J'avais du temps devant moi et rien à faire. Je passais devant une petite boutique d'expositions d'art. Je posai mon pied sur le seuil de la porte et un souffle froid me tomba sur la tête : j'étais passée sous le climatiseur. Je m'avançais dans la pièce et regardais les différentes peintures et statues qui rendaient l'endroit un peu moins vide.

Je m'arrêtai alors devant une statue blanche ; c'était un homme et une femme qui s'enlaçaient. Ils étaient couverts d'un simple drap qu'ils se partageaient. Les mains de l'homme agrippaient fermement la cuisse et la hanche de la femme, quant à cette dernière, elle effleurait la nuque de l'homme d'une seule main. J'interprétais cette différence d'éteinte par la signification de leur amour : il la retenait de tomber et elle n'avait pas besoin de se tenir puisqu'elle lui faisait confiance ; elle savait qu'il n'allait jamais la lâcher. Cette scène était taillée dans la pierre, ils étaient immobiles et pourtant, ils transmettaient un message si fort. Leur amour était aussi solide que cette statue froide figée pour l'éternité.

Une larme coula le long de ma joue et s'écrasa sur le sol. C'était la première fois qu'une œuvre d'art me faisait cet effet. Je repris alors conscience de l'endroit où je me trouvais et continuai ma visite en entrant dans une petite pièce qui ne contenait qu'une seule peinture accrochée en face de moi.

En m'approchant, j'entendis mon téléphone émettre un petit bruit. Je le sortis de mon sac à main et mon écran afficha un message de Jungkook.

Mon cœur se mit à battre incroyablement vite et mes lèvres se transformèrent en sourire.

Encore désolé pour ce matin. J'ai un emploi du temps assez chargé, mais est-ce que tu es libre ce soir ? Je t'invite à dîner dans un bon restaurant. Je passerai chez toi à 20h. Ça te va ?

Je lui répondis directement et sans réfléchir.

Je serai prête pour 20h.

Je rangeais mon téléphone d'une main tremblante et réalisais soudain ce qui était en train de se passer.

« T/p mais qu'est-ce qui te prend ? », me dis-je à moi-même. « Tu t'étais promis de l'oublier et de passer à autre chose »

Je me frappais le front pour essayer de me faire culpabiliser. Sans succès. Je ne regrettais pas mon choix. Je devrais, mais non. Savoir que j'allais le revoir me procurait bien plus de bonheur que la douleur qu'il m'avait infligée et qu'il pourrait à nouveau me faire subir à l'avenir.

J'étais une jeune fille têtue qui n'écoutait que son cœur. Elle devrait parfois suivre les conseils de son cerveau pour éviter de souffrir. Mais cette fille aimait être aveuglée par l'amour et l'idée qu'elle s'en était faite ; elle préférait s'imaginer un monde où les gens seraient sincères, un monde où les relations n'auraient aucun obstacle à surmonter. Un monde où les amants pourraient s'aimer et être ensemble jusqu'à la fin de leurs jours, sans que leur amour ne faiblisse ne serait-ce qu'un instant ; exactement comme cette statue.

« Quelle coincidence ». Une voix étrangement familière dans mon dos me fit sursauter. Je me retournai pour découvrir une silhouette masculine qui ne m'était pas inconnue.

Mes yeux s'ouvrirent en grand et je lui souris. J'avais presque oublié cette fameuse nuit à Paris, la nuit où j'avais essayé d'oublier Jungkook avec le premier venu. Car même sous alcool, à des milliers de kilomètres de lui et avec un autre homme, c'est à lui que je pensais.

So close | jungkook |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant