49. Thinking

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J'avais l'impression de flotter. La pluie froide empêchait mon corps de s'enflammer.

Notre baiser continuait. Encore et encore. On reprenait notre respiration quelques fois, puis on joignait à nouveau nos lèvres et nos langues dans une danse effrénée.

Des larmes vinrent se mêler à la pluie qui s'abattait sur nous. Je pleurais. J'étais en train de regretter ce que je faisais. L'embrasser.

Je ne pouvais pas lui pardonner si facilement, il m'avait brisée et manipulée.

Dans un mouvement brusque je le repoussai et le regardai dans les yeux en m'effondrant en sanglots. Il ne comprenait pas ma réaction, et moi non plus. Je ne savais plus comment réfléchir. Est-ce que j'étais tombé dans ses bras à cause de ses jolis mots ? Ou bien parce que je l'aimais ? Je ne savais pas.

« J'aurais pas dû faire ça, je ... je suis désolée », dis-je d'une voix tremblante.

« Pourquoi tu dis ça ? Non, ne soit pas désolée », s'inquiéta-t-il en s'approchant mais je reculai.

Je ne voulais plus m'approcher de lui, il allait à nouveau me briser. Je ne pouvais pas le croire. J'avais prévu de le faire regretter ce soir, mais à présent c'était moi qui regrettais. Je m'en voulais d'être à nouveau tombée à ses pieds, de m'avoir fait du mal encore une fois.

« Je ne peux pas te pardonner... et je ne sais pas si je pourrai un jour », chuchotai-je en continuant de pleurer. « Je ne peux plus te faire confiance... alors que j'ai besoin de toi... Je te veux dans ma vie et à mes côtés, mais... C'est trop dûr Jungkook... »

En même temps que ces derniers mots furent prononcés, je cachai mon visage dans mes mains recouvertes des manches trop longues de son pull. Mes sanglots étaient bruyants, j'avais du mal à respirer. Ma poitrine me faisait mal, j'avais envie de fuir loin d'ici, dans un endroit avec de l'air frais, quelque part où il ne pourrait plus brouiller mon cerveau.

Je sentis des bras m'attirer en avant et le haut de ma tête heurta son torse. Cette étreinte me réchauffait et mes habits mouillés ne paraissaient plus aussi froids. Je profitais de ce moment pour pleurer toutes les larmes de mon corps. Mon cœur se déchirait lentement, plein d'émotions étaient en train de l'abattre.

La colère. L'euphorie. La douleur. La satisfaction. L'épuisement.

Je me calmais un peu et me détachai lentement de ses bras. Je ne pouvais même pas décrire la façon dont je les désirais et les haïssais, la façon dont ils m'apaisaient et me détruisaient.

« J'ai besoin de temps Jungkook », soupirai-je. Il hocha la tête en baissant les yeux.

« Je comprends. Je ne m'attendais pas à ce que tu me pardonnes aussi vite. »

« J'aimerais rentrer s'il te plaît », murmura-je avant de marcher vers la portière de la voiture.

« Attends, tu devrais te changer, t'es trempée ». Je me tournai pour le voir chercher quelque chose dans son sac de sport. Il me tendit des habits noirs secs. « Mets-ça. Ne tombe pas malade s'il te plaît ».

J'hésitais un instant et les pris pour les emmener dans la voiture. J'avais froid et mes habits me collaient à la peau, c'était très inconfortable.

Assise sur le siège passager, j'enlevai son sweat trempé et m'arrêtai un instant. Je jetai un coup d'œil en arrière, Jungkook s'était assis dans le coffre pour regarder le paysage gris. Je pus donc enlever ma robe sans qu'il ne me voie en sous-vêtements. Cette situation aurait été de trop pour moi, je ne savais pas comment je l'aurai gérée.

J'enfilai le jogging noir, l'immense t-shirt et un gilet à capuche, tous de la même couleur. Je laissais la capuche sur ma tête et remontais la tirette pour me maintenir au chaud. La matière de ses habits était incroyablement douce.

« J'ai fini », lui dis-je en me tournant vers le coffre. Il le ferma et couru pour s'installer derrière le volant. On mit nos ceintures et j'attendais qu'il démarre. Ce qu'il ne fit pas.

Je du rassembler toutes les forces qu'il me restait pour me tourner vers lui et le regarder. Il portait encore ses habits trempés, il allait être malade.

« Tu démarres pas ? », dis-je d'une voix étonnamment grave. Avoir autant pleuré et hurlé m'avait donné mal à la gorge.

« C'est juste que... », hésita-t-il un instant. « Non rien. Je te laisserai tranquille pour que tu puisses réfléchir et je te donnerai le temps qu'il faudra »

Il démarra la voiture aussitôt qu'il eut finit sa phrase et je lui chuchotai un « merci ».

Le trajet se fit dans le plus grand des silences.

À peine s'était-il arrêté dans le parking sous-terrain de notre immeuble que j'avais déjà ouvert la portière.

« Merci de m'avoir ramenée », lui dis-je en ne le regardant même pas. Je savais que si je voyais son beau visage, j'allais encore une fois changer d'avis.

J'avançais d'un pas pressé dans le couloir. Plus je m'approchais de ma porte et plus mon cœur se serrait, j'avais mal à la poitrine. J'avais l'impression de brûler à petit feu de l'intérieur ; cette sensation était horrible.

J'étais en train de taper mon code d'une main tremblante, mais je ne fus pas capable de mettre le quatrième chiffre. Mes genoux cédèrent au poids de mon corps et je me retrouvais au sol, mon front contre ma porte froide.

Je ne savais pas exactement pourquoi je pleurais. Je ne savais pas non plus si je devais être soulagée de connaitre la vérité ou si j'aurais préféré rester dans le mensonge. Peut-être avait-il raison ? Il avait fait ça pour notre propre bien. Nos vies auraient-elles pû être pire s'il n'avait pas fait ce choix pour nous ?

Je ne savais pas. Cependant, j'étais sûre de deux choses : mon cœur aimait Jungkook, et mon cerveau le détestait.

Je pris une profonde respiration avant de m'aider du mur pour me relever. J'entrai dans mon appartement et me dirigeai directement dans ma chambre. Je ne pris pas la peine de me mettre en pyjama, je gardai ses vêtements imprégnés de l'odeur de sa lessive, une douce odeur fleurie que j'avais l'habitude de sentir lorsque j'étais avec lui.

Mes draps moelleux me donnaient l'impression d'être couchée dans les nuages et de m'enfoncer lentement dans mon matelas. Encore et encore. Je savais pertinemment que ce n'était pas réaliste, mais avec les yeux fermés, je pouvais rêver sans me soucier de ce qui était possible ou non. Je pouvais même m'imaginer une vie où nous serions heureux, profitant de chaque moments passés ensemble, sans réfléchir, sans avoir peur de l'avenir et surtout sans souffrir.

So close | jungkook |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant