12. Storm

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—PDV t/p —

Mon cœur battait rapidement depuis le moment où sa main s'était enroulée autour de mon poignet. Je n'arrivais pas encore à réaliser ce qu'il se passait, c'était comme si je flottais ou que je marchais dans du coton. Le monde autour de nous n'était plus éclairé par le soleil qui s'était caché derrière les nuages ; tout était si sombre, si effrayant et si mouvementé. Les gens étaient affolés, les volets en bois des vieux magasins claquaient et le vent émettait un horrible sifflement.

Lorsque je tournai la tête et vis l'homme à mes côtés, celui qui faisait palpiter mon cœur, celui qui attirait constamment mon attention, celui qui me donnait l'impression d'être vivante, un sentiment de réconfort me parcourait de la tête aux pieds et une chaleur se dégageait dans ma poitrine. Mon cœur était comme un volcan qui dégoulinait de chaleur et la lave arrivée au niveau de ma peau se durcissait en rencontrant le froid de cette soirée d'octobre.

J'étais en t-shirt et n'avais pas pensé à prendre une veste. Jusqu'à maintenant je n'avais pas fait attention à mon corps qui tremblait, car j'étais obnubilée par nos mains. C'était fascinant la façon dont nos doigts s'alignaient, comment ils se repliaient parfaitement au-dessus de la main de l'autre malgré leurs tailles différentes. J'étais convaincue que cette étreinte était impossible à défaire, comme si nos peaux s'étaient soudées.

Je remontais un peu mon regard pour le poser sur mon bras placé en dessous du sien, ma peau épousant le tissu de son gilet noir.

Mon corps se sentait attiré comme un aimant par l'endroit que je fixais. Je me rapprochais un peu plus de lui pour coller mon bras à son corps et mes hanches aux siennes. La façon dont il me tenait me réconfortait, je me sentais protégée de l'apocalypse qui s'abattait autour de nous.

« Au fait », dit-il en brisant le silence « je voulais te dire quelque chose ». Je le regardai.

« Oui ? »

« Enfin, plutôt te demander quelque chose ». Il avait un sourire en coin qui ne m'aidait pas vraiment à comprendre ce qu'il voulait.

« Oui, dis-moi »

« Est-ce que Jimin t'a... déjà parlé de la fête qu'il compte faire... les prochaines vacances ? », dit-il en hésitant sur ses mots, comme s'il ne savait pas s'il pouvait m'en parler.

« Une fête chez Jimin ? », demandai-je en haussant les sourcils. « Non, j'étais pas au courant, pourquoi ? »

On était devenu très proches avec Jimin, enfin c'était ce qui me semblait. Peut-être qu'il avait oublié de m'en parler ou qu'il ne voulait qu'inviter ses amis les plus proches.

« Il organise toujours une fête pour Halloween », il se mis à rire « le genre de fêtes énormes qu'on voit dans les films ».

Je rejoignis son rire. Jimin organisait des soirées ? Jamais je n'aurais pensé cela de lui. Il avait l'air assez timide et réservé à première vue. En le côtoyant, j'avais remarqué qu'il aimait beaucoup parler et raconter des anecdotes drôles.

« Ça te dirait de m'accompagner ? », ajouta-t-il d'une douce voix qui me fit faiblir, le bruit de la ville s'estompait autour de nous. Il n'y avait plus que ce son qui atteignait mes oreilles à présent. « Je n'aime pas ce genre de soirée bondée de personnes que je ne connais pas, alors je me suis dit que si tu étais avec m- »

« Oui bien sûr », dis-je calmement. « Avec plaisir même. Je n'ai  jamais été à une soirée... je suis curieuse de voir comment c'est ».

Son sourire s'élargit à ma réponse et comme d'habitude je l'imitais. On voyait une partie du blanc de ses dents et un début de fossettes au coin de sa bouche. Son sourire était littéralement contagieux et adorable.

La pluie commençait à ralentir, on en profita donc pour se mettre en route, nos mains toujours liées. Elles avaient rapidement fait connaissance et semblaient ne plus vouloir se quitter.

À un coin de rue, Jungkook s'arrêta pour se tourner face à moi. Son sourire avait disparu.

« Je te laisse ici. Je pars dans cette direction », dit-il en me montrant la rue à ma gauche. Il ouvrit la bouche comme s'il voulait dire quelque chose.

« D'accord, moi je pars par là », dis-je en montrant une longue route éclairée par des lampadaires à droite.

« Euhm... », hésita-t-il. « Fais attention à toi... en rentrant... il fait nuit ». Sa voix n'était plus qu'un murmure.

« Je ferai attention », le rassurais-je et il essaya de sourire. Pourquoi paraissait-il triste d'un coup ? Est-ce que j'avais fait quelque chose de mal ?

« À demain », chuchota-t-il comme s'il venait de me partager un secret.

« À demain... », répétais-je pas plus fort que lui en le regardant droit dans les yeux. Les lumières des lampadaires s'y reflétaient, créant ainsi quelques petites étoiles brillantes dans ses iris sombres.

Chacun desserra lentement sa main, les laissant glisser l'une contre l'autre. On se recula sans se quitter des yeux et Jungkook fut le premier à se retourner. Je le regardai s'éloigner un petit instant avant de faire pareil. Mes pas étaient lents et mon corps me suppliait de faire demi-tour ; il voulait retrouver ce garçon pour que celui-ci réchauffe ma main devenue subitement froide.

Devrais-je me retourner pour le regarder une dernière fois ? Mon cœur me criait « oui ! Regarde-le encore une fois » mais ma tête me disait « Pourquoi faire ? S'il ne se retourne pas, tu seras déçue parce que tu attends beaucoup de quelqu'un que tu ne connais presque pas ». Et mon cerveau avait bien raison. Je ne le connaissais même pas. Il pouvait très bien se moquer de moi ou juste faire semblant de s'intéresser à moi.

Encore une fois, je décidai de marcher droit devant moi sans prendre la peine de me retourner, alors que comme toujours, j'aurai dû.

So close | jungkook |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant