Le concert terminé, nous récupérons en vitesse nos bagages à l'hôtel, réglons les frais de notre séjour et nous précipitons vers le jet privé qui patiente déjà à l'aéroport. Direction Stockholm pour le prochain show. Cette fois-ci, pas d'anicroches pour moi. Me tenant à côté du disc-jockey, je ne suis ni arrêtée de force par la sécurité ni considérée comme une groupie. Un vrai soulagement ! D'ailleurs, Olav ne manque pas de me le rappeler, taquin. L'occasion était servie sur un plateau, je l'admets. Il n'en faut pas plus pour déclencher l'hilarité générale. Chaque membre de l'équipe prend plaisir à y mettre son grain de sel et surenchérit sur la remarque de l'autre.
Interdites, Stella et Sara arquent un sourcil bien dessiné et demandent des explications sur le chemin qui nous mène à l'avion. C'est vrai qu'elles n'ont pas encore eu vent de cette fâcheuse affaire... Peu fière de ce qui m'est arrivé, je regarde mes pieds et suis la troupe en silence. De toute manière, Nils en parle volontiers. Il s'est approprié ma mésaventure d'une main de maître !
Assaillie par un flot de pensées incontrôlables, mes doigts fins s'agrippent et se resserrent autour de la rambarde en fer de la rampe d'embarquement déployée et je gravis les marches métalliques d'une démarche chancelante et pénible. L'ascension m'apparaît sans fin. Toute tremblante, je m'accroche à la réalité du mieux que je le peux. L'air me manque soudain. Je suffoque.
— Thea, tout va bien ? s'enquiert aussitôt le manager, dont l'inquiétude se lit sur le visage.
Ma gorge se serre. D'innombrables flashs de moments vécus avec Einar surgissent devant mes yeux embrumés. Des sueurs froides coulent le long de ma colonne vertébrale. Mes poumons ne répondent plus. La sensation est la même que lorsqu'il avait tenté de m'étrangler après m'avoir reproché de lui avoir fait perdre son match de boxe. Je suis incapable d'aligner deux mots. Les battements de mon cœur partent au quart de tour. Mes migraines reprennent du service. Sans attendre une quelconque réaction de ma part, il passe l'un de mes bras autour de son épaule et m'entraîne à l'intérieur.
Hormis lui, personne ne semble avoir remarqué l'état déplorable dans lequel je me trouve.
Tant mieux. Je souhaite éviter à tout prix d'être le centre de l'attention. D'une traite, j'avale le verre d'eau fraîche tendu par Olav. Puis, il le reprend comme si de rien n'était et s'éloigne pour me laisser reprendre mes esprits.
Désormais installée dans un des confortables sièges en cuir blanc, je profite de la place libre face à moi pour étendre mes jambes. Exténuée, je me risque ensuite à fermer un œil puis l'autre. Le calme olympien qui règne me permettra de recharger mes batteries complètement à plat. Mes douloureux souvenirs ont été remplacés par un vide absolu qui m'apaise. À quelques mètres de moi, les garçons s'affairent comme des fourmis et rangent le matériel dont ils n'auront pas besoin durant le trajet.
Empreinte de gravité, la voix de Søren me ramène cependant bien vite à la réalité.
Pas le temps de souffler. Et encore moins de dormir. Jamais je n'aurais imaginé que cette vie avait un tel rythme. Pas de doute : il faut une santé de fer !
VOUS LISEZ
Mélodie désaccordée
عاطفيةPrête à tout pour s'éloigner de la relation toxique qu'elle entretient avec son petit ami du moment, Thea Løvdahl rejoint l'équipe du célèbre disc-jockey Suédois, Søren Hedgeland. Forte de cinq années d'expérience dans le domaine de la communication...