𝄞 Chapitre 18 : Kidnapping 𝄞

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Point de vue de Søren :

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Point de vue de Søren :

Lorsque je reviens à moi, une douleur vive et lancinante pique de mille aiguilles mes poignets. Liés. Celle dans mon cou meurtri se réveille à son tour. Il n'aura sans doute pas été épargné lorsque nous avons fait un petit somme dans cette grange austère contre notre gré. Thea n'a toujours pas émergé de son côté quand je me retourne, me contorsionne vers elle.

Nos agresseurs nous ont mis dos à dos pour que seules nos mains se rencontrent. Et encore. Il faut vraiment les mettre d'une certaine manière.

La tête enroulée sur elle-même, le menton reposant sur ses clavicules, on pourrait penser qu'elle fait des étirements après avoir dansé. La réalité est toute autre et plus glauque.

Petit à petit, mes yeux s'habituent à la faible luminosité qui perce à travers quatre planches en bois clouées sur une fenêtre cassée. Des bris de glace sont dispersés sur le sol juste en-dessous. L'impact aura été violent. Sans doute l'œuvre d'adolescents voulant prouver à autrui qu'ils sont des cadors. Il devait y avoir autrefois des meubles également. Malgré un tapis de poussière moelleux à souhait, des traces plus foncées peuvent en témoigner. Des toiles d'araignée habillent les murs décrépis, les drapent et descendent en de magnifiques rideaux épais et visqueux contenant d'anciennes proies ou les cadavres de leurs tisseuses. Les tôles craquent sous cette chaleur suffocante. L'air est irrespirable et m'empêche d'apporter un oxygène pur à mes poumons.

Nous n'allons pas faire long feu ici c'est certain.

Dans un couinement plaintif, Thea reprend conscience. Elle aussi doit avoir mal partout. J'aimerais retirer sa douleur, revenir en arrière et ne pas lui demander de venir avec moi. Si seulement c'était si simple...

— Il faut trouver un moyen de nous évader, chuchote-t-elle après avoir repris ses esprits. Ce ne doit pas être sorcier. Il faut qu'on garde la tête froide surtout et qu'on réfléchisse chacun de notre côté.

La porte qui s'écrase dans un vacarme tonitruant contre un des pans du mur finit de nous réveiller. Il me faut prendre sur moi pour ne pas hurler de terreur. Un rai de lumière aveuglante vient brûler nos rétines qui ont dû s'acclimater à l'obscurité. Sous la violence du choc, la poignée s'encastre dedans et des esquilles de bois pourri s'effritent, se propagent et courent avec le vent chaud sur le ciment.

Le pire nous attend maintenant.

Et s'ils voulaient nous torturer ? Tenter de nous soutirer des informations ? Me couper un doigt puis l'envoyer à Olav en guise d'avertissement ? Rien de pire pour un pianiste.

Fiers de leur effet, les kidnappeurs descendent les quelques marches et viennent nous observer avec la plus grande des attentions. Exactement comme si nous étions la nouvelle attraction, leur nouveau joujou. Bien qu'effrayé, j'essaie de ne rien laisser paraître sur mon visage. J'espère que Thea en fait de même. Dans un silence pesant, ils tournent autour de nous tels des animaux affamés. Le cœur de mon amie et collègue bat à tout rompre. Pourvu qu'ils n'aient pas l'ouïe fine comme moi. Celui que j'imagine être le chef, le chauffeur au visage balafré, brandit soudain son arme et la pointe sur mon front trempé de sueur, enlève la sécurité, puis éclate de rire.

— Vous auriez vu votre tête ! se moque-t-il ouvertement. Oh mon Dieu, il va me tuer !

Après avoir déplacé le pistolet au niveau de ma tempe, il le retire et reprend plus sérieusement.

— N'ayez crainte. Ce n'est pas dans mes plans. Du moins, pas tout de suite. Le pays entier parle de votre odieux enlèvement, vous savez ? J'ai pris contact avec votre manager, Olav, et lui ai demandé de verser une rançon. J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous avoir emprunté votre portable et de m'en être débarrassé après pour qu'il n'émette plus une onde, Søren Hedgeland. DJ Suédois de renommée internationale. Le vôtre a connu la même fin tragique si vous vous posez la question, Thea Løvdahl. Chargée de communication.

— Vous êtes bien renseignés. Que nous voulez-vous ? s'enquiert-elle d'une voix posée.

Les traits de la figure du quarantenaire se tordent dans un effrayant rictus. Pour montrer qu'il a toujours l'ascendant sur nous, il tire en l'air. Un morceau de plafond se détache puis s'effondre dans un énorme fracas à mes pieds. Si je ne les avais pas cachés sous la chaise, la fracture m'attendait.

— N'est-ce pas évident ? De l'argent bien évidemment. Beaucoup d'argent.

— Pourquoi ne pas le gagner proprement ?

— J'aurais aimé discuter avec vous plus longtemps, charmante demoiselle, mais j'ai à faire. Qui plus est, vos questions m'ennuient.

Et sur ces derniers mots, il tourne les talons, suivi de près par les autres malfrats, retire la poignée malmenée de la porte enfoncée dans le mur avec hargne et referme à clé derrière eux.

Thea se contorsionne et m'adresse un sourire radieux. Surpris, je la fixe. Comment peut-elle arborer un si joli sourire alors que nous avons été faits prisonniers par des fous ? Comment peut-elle arborer un si joli sourire alors que j'ai failli mourir sous ses yeux si le chef avait appuyé sur la gâchette ?

— Je ne suis pas sûre que ça va marcher mais ça vaut le coup d'essayer, annonce-t-elle fièrement.

— Dis-moi tout, m'empressé-je de rétorquer. Je t'écoute.

✧·゚: *✧·゚:*

— Je n'aurais jamais imaginé dire ça un jour mais merci, Einar. soupiré-je de soulagement.

Grâce à son ex petit ami, Thea a appris une technique sur le tas pour se détacher lorsqu'il tentait par tous les moyens de l'empêcher de sortir sans lui le soir. Aujourd'hui, nous avons réussi, ensemble, à la reproduire.

Je ne sais pas comment les choses vont tourner maintenant puisque nous n'avons aucun moyen de nous défendre mais cette petite victoire suffit pour me redonner un infime espoir et me revigorer.

— Surtout, on ne fait rien qui pourrait nous mettre en danger. Si une occasion se présente, tu presses mon doigt et je te suis. Il faut qu'on leur fasse croire qu'on est toujours attachés autrement.

— C'est d'accord. Pas d'imprudence. Je suis désolé, Thea, de t'avoir embarquée là-dedans.

— Ne te tracasse pas. Je ne t'en veux pas. Si j'avais à choisir à nouveau de te suivre, je le ferais sans hésiter. L'heure des regrets n'a pas encore sonné. Et ne te bile pas non plus pour ce qui a failli se passer plus tôt. Je comprends que ce soit impressionnant mais on doit mettre toutes les chances de notre côté. Comme ils l'ont dit, ils ne te veulent pas mort tout de suite sinon ils auraient tiré sans hésiter et on ne serait plus là à échafauder un truc fumeux pour nous en sortir. On a un avantage.

— Tu as raison.

— Il faut impérativement se concentrer. On va réussir à s'échapper. J'y crois.

Nous coupant dans l'élaboration de notre plan d'évasion, la porte s'ouvre soudain. 

 

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Mélodie désaccordéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant