𝄞 Chapitre 15 : Retour à l'hôtel 𝄞

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Point de vue de Thea :

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Point de vue de Thea :

Les confidences terribles de Søren ne quittent pas mon esprit pendant le trajet du retour. Je n'arrive pas à décolérer contre ses parents, leur réaction absurde et les agissements honteux de sa nourrice.

Les lumières de la ville éclairent les rues vides de tout passant. Seules des rangées d'arbres s'agitent au rythme de discrètes bourrasques de vent. Je me croirais dans un film apocalyptique.

Plus personne ne se risquerait à aller dehors en pleine nuit en raison d'une menace qui plane au-dessus de leur tête. Ce serait un très bon scénario. Rien que d'y penser, j'en ai des frissons.

Tandis que le reste de l'équipe est resté sur les lieux du show pour une réunion d'urgence, je suis en compagnie du DJ et d'Even dans ce véhicule qui nous ramène à l'hôtel.

La présence de son garde du corps attitré me rassure. Il est toujours difficile de prévoir les réactions d'une personne jugée instable. Si cette Ilda décide d'agir, elle sera refoulée par Even et le personnel assurant la sécurité de notre lieu d'hébergement pour notre plus grand soulagement.

Je n'ai pas le temps de cogiter davantage. La Volvo s'arrête juste devant les portes. En souplesse, je m'en extirpe. Jetant son sac sur le dos, Søren m'imite et s'empresse d'aller à l'intérieur. Sa peur est tout à fait légitime. Si je me savais suivie par mon malade d'ex, j'aurais les mêmes réactions que lui à n'en pas douter.

— Je vais demander de renforcer le dispositif au réceptionniste, vous pouvez monter vous coucher.

— Merci, Even. Bonne nuit.

— Bonne nuit. À demain.

Alors que nous prenons l'ascenseur, Søren me supplie d'aller avec lui dans sa chambre et de vérifier que personne ne s'y cache. Ses yeux inquiets attendent ma réponse. J'accepte sa requête sans tarder. Derrière sa carrure imposante se cache un jeune homme resté ado à cause de ce traumatisme. Il doit se trouver toujours fragile, toujours sans défense, toujours incapable de mettre la pâtée à quelqu'un.

Il reste brisé après de nombreuses années et ne s'en remettra jamais. On n'oublie rien, on apprend à vivre avec.

Nous nous retrouvons dans le couloir, foulons le sol en silence. Juste au cas où. Il ne faudrait surtout pas alerter qui que ce soit. Søren passe sa carte dans le lecteur puis me fait signe d'entrer. Espérons que nous soyons seuls sinon je ne donne pas cher de ma peau. À pas de loup, je pénètre dans la suite et commence à faire le tour du propriétaire. Rien à l'horizon pour l'instant. Malgré tout, je reste sur mes gardes. En poursuivant mon examen méticuleux, je me détends. Mes épaules s'affaissent. Tout est en ordre. Søren va être tranquille cette nuit. Il sera en sécurité ici. Pas de risque.

— Tu veux bien rester le temps que je me mette en pyjama dans la salle de bain ?

— Pas de souci. Je ne bouge pas.

Vite, il file se changer pour que je n'attende pas trop. C'est délicat de sa part.

Une poignée de minutes plus tard, il revient. Il en a profité pour se brosser les dents. Je le sens. Une odeur mentholée se propage dans l'air ambiant lorsque je le contourne.

Tel un enfant, il se glisse sous la couette et s'apprête à fermer l'œil. Il me remercie d'une voix faible juste avant de se laisser sombrer dans les bras de Morphée. Sur la pointe des pieds, j'éteins la lampe sur sa table de chevet puis recule hors de ses appartements et referme la porte derrière moi.

Le chemin en sens inverse dans le couloir me paraît pénible, ardu. Presque insurmontable. Toute la misère du monde se met à peser sur chaque parcelle de mon corps. J'ai l'impression de couler à pic. Ses révélations, ses aveux si sincères m'éclatent en pleine figure.

Pauvre Søren. Il ne méritait pas ça. Nul ne devrait faire face à ce genre de choses.

Comment fait-il pour aller de l'avant ? Comment fait-il pour faire comme si de rien n'était ?

S'il ne m'en avait pas parlé, je n'aurais jamais pu imaginer ne serait-ce qu'un millième de ce qu'il a subi plus jeune. Des larmes lourdes, trop lourdes, roulent sur mes joues. Je ne peux m'empêcher de faire preuve d'empathie, de ressentir ce torrent d'émotions en moi comme si j'avais vécu moi aussi ce cauchemar. Je m'enferme à double tour dans ma chambre et me laisse glisser contre la porte. Une énorme boule enfle dans ma gorge. Je place une main devant ma bouche pour étouffer mes sanglots, ramène mes genoux à ma poitrine, me force à stopper mes tremblements ou du moins, essaie. Mes yeux me piquent, me brûlent. Ma respiration irrégulière et saccadée me rend fébrile.

Au plus profond de moi, j'espère que justice sera faite. Je prie pour que Søren ne croise plus Ilda. Je voudrais qu'elle soit arrêtée, qu'elle puisse enfin répondre de ses actes abominables et que toutes les personnes de sa trempe soient rayées de la carte, disparaissent une bonne fois pour toutes.

Avec difficulté, je me redresse. Il faut que je sois forte. Je ne dois pas me laisser submerger par des sentiments désagréables qui me rongent de l'intérieur.

Je dois à la place devenir le pilier du DJ s'il en ressent le besoin. Une bonne nuit de sommeil devrait me faire le plus grand bien. Demain, je monterai sur l'arène et me battrai.

Pour Søren. Pour toutes les victimes de ce monde cruel et impitoyable.


Mot de l'auteure : Ce chapitre est plus court que les autres. Pour celles et ceux qui me connaissent, je préfère privilégier la qualité à la quantité. Tout ce que je souhaitais écrire l'a été.

Je me voyais assez mal rajouter des mots, des mots et encore des mots qui n'ont aucun sens juste pour atteindre un quota spécifique. J'espère que vous apprécierez malgré tout votre lecture. 

 

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Mélodie désaccordéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant