VII

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Le bruit grinçant d'un vieux moteur qui demande sa retraite me tire de l'état comateux dans lequel je me trouvais. J'ai l'impression d'avoir une gueule de bois et une douleur intense sur le côté gauche de mon corps. Encore déboussolé, entrouvre les yeux et je suis allongé dans mon lit et en soulevant la couverture, je vois un bandage un peu ensanglanté sur ma cuisse gauche. En essayant de me redresser sur le sommier du lit, mon coude frôle quelque chose de mou. Je me tourne et vois quelqu'un couché dans mon lit. Sérieux je m'étais promis de pas ramener mes plans culs ici! Qu'est-ce qui qui m'a pris ?! Une seconde! J'approche ma main pour enlever la couverture sur son visage et je vois Ada en train de dormir paisiblement sur ma gauche. Comment ça Ada...?! Ne me dîtes pas que?! Impossible !

Un coup de marteau, comme un lancement me sortit de mes élucubrations et j'eus un flot d'informations qui me traversèrent soudainement l'esprit. C'était le flash back des évènements d'hier. Je m'en rappelle maintenant. On m'a tiré dessus, on m'a fait chanter, on m'a menacé, on a tué un homme ici. C'est moi qui ait appelé Ada. En posant à nouveau un regard sur elle, sa beauté me frappa comme un courant d'air frais par un après-midi chaud. Elle avait un cardigan jaune-poussin en laine, recroquevillée sur elle-même comme un ftus dans le ventre de sa mère. Elle avait le visage paisible et tellement que je la rapprochai de moi pour l'enfouir dans mes bras et sa réaction me surpris: elle passa sa main dans mon dos et en agrippant mon vêtement, ses longs ongles me râpèrent légèrement la peau. Cette sensation me procura un petit frisson qui me réchauffa en plus de l'air chaud sortant de son nez pour se répandre sur mon torse. Car oui elle avait sa tête sur ma poitrine. Là tout de suite, je me sentais envahi par un bonheur inexplicable, je me sentais apaisé d'avoir cette petite chose collée contre moi. Je ne ressentais aucun désir charnel, non qu'elle n'était pas attirante. Loin de là, mais c'était quelque chose de tellement pur, de réconfortant qui m'enveloppait. Cette sensation de quiétude me poussa moi aussi à me rendormir et plus profondément que précédemment.

***

Je sens quelque chose de lourd m'envelopper, l'impression d'être en sécurité, cette odeur. J'ouvris les yeux soudainement et dit : Papa... Non c'est pas Papa, ce n'est que Namjoon et pourtant. Pourquoi mon cur court autant. Le voir d'aussi près--- Je posai ma main sur son torse avant de remonter son cou, je caressai sa joue de mon pouce et ses oreilles de mes autres doigts. J'observai chaque trait de son visage. Je suivis la ligne de ses sourcils avec mon index, je touchais ses cils, j'enfonçai mon ongle dans sa fossette. Et ses lèvres. J'y passai l'ongle de mon pouce en suivant ses contours. Elles sont comme du velours. Et si, Il n'est pas Papa mais, j'ai envie d'essayer. J'approchai de ses lèvres, les effleura avant de me rétracter lorsqu'il me dit: "Continue je t'en prie."

***

Par où commencer. Et qu'est-ce que je vais faire de ce corps putain?! Ok Ada reste aussi lucide et stoïque qu'à ton habitude. J'ai tout d'abord refermé la porte à clé et décidai de m'occuper du brun. C'était lui la priorité, il perdait beaucoup de sang. C'est la deuxième fois que je le trouve dans ce genre d'état : blessé à cause d'une agression. Il m'a dit être stripteaser mais pourquoi il se retrouve dans ce genre de situation à chaque fois... J'espère qu'il n'est pas fourré dans des histoires pas très nettes. J'ai pas besoin de ça, clairement pas. Mamie n'a plus que moi ici bas.

En l'examinant, je me rends compte que la balle est restée coincée dans la cuisse. Je vais devoir l'extraire. Ça va faire mal petit con. Et effectivement, la douleur le fit grimacer et il murmura très faiblement :

- A.. Ada...

- Oui c'est moi. Tu me revaudras ça M. Kim.

- ...

Il esquissa un faible sourire en coin ce qui fit apparaître légèrement sa fossette. Il a perdu beaucoup de sang. J'espère que j'ai apporté des reconstituants sanguins avec moi... Exactement comme la dernière fois, il va falloir que je le nettoie, et que je traîne presque 80kg de muscles dans le lit.
Je me suis dirigée vers la salle de bain, histoire de trouver une serviette propre et des vêtements de rechange. Je me suis démerdé comme j'ai pu et après l'avoir mis dans le lit, je devais nettoyer cette pièce parce que l'odeur du sang commençai à être intenable. C'est en me rapprochant du cadavre, que j'ai constaté qu'il y avait des morceaux de cervelle un peu partout. Il avait eu le crâne explosé par l'impact d'une balle. Je veux même pas imaginer ce qui s'est passé ici. C'est vraiment Namjoon qui lui a fait ça ?

J'enfilai une paire de gants en latex pour manipuler le maccabée. Je l'ai mis dans un sac poubelle avant de le refermer à l'aide d'un ruban adhésif. Quand le propriétaire de cet endroit aura repris ses esprits, il gérera lui même le problème définitivement. Maintenant faut nettoyer cet abattoir. J'ai utilisé tous les produits de nettoyage que j'avais réussi à trouver ici. J'ai travaillé pendant presque 4 heures de temps. Épuisée, sale, il fallait que je me douche, impérativement. Pour se faire, je me suis débarrassée de mes vêtements, de mes colliers, de mes bracelets, de mes boucles d'oreilles, de mes bagues sauf la chaîne de perles que je portais toujours sur les hanches. Je ne l'enlevais jamais.

Avant de travailler, le réflexe que j'avais eu était d'enlever mon cardigan, tout le reste de mes vêtements étaient trop sales pour les remettre. J'espère trouver un truc qui m'aille dans les placards de ce con. En cherchant, je trouvai tout d'abord des préservatifs, rien d'étonnant bien-sûr, et par la suite un t-shirt noir large. Ça fera l'affaire. J'avais les doigts et les pieds gelés. Je lui empruntai aussi une paire de chaussettes et je mis mon cardigan par dessus le t-shirt. On se les caille tellement que je préfére ravaler ma fierté et dormir dans le lit avec l'autre abruti. "De toute façon sonné comme il l'est, il le saura jamais". Enfin c'est ce que je croyais.

The stripteaser Où les histoires vivent. Découvrez maintenant