XVII

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La dystopie dans l'ancien monde était réservée à l'univers cinématographique et romanesque. Mais depuis le cataclysme, l'humanité tend dangereusement vers elle. L'Homme ne faisant rien pour contrer cette quasi-fatalité ou l'a-t-il provoqué délibérément?

- Pour qui il se prend ce type? Parce qu'on a couché ensemble quelques fois, il se permet de me parler n'importe comment! C'est quoi son putain de problème?

L'odeur des légumes cramés me ramena brutalement à la réalité. La nourriture a complètement brûlé tout ça à cause de ce... Je n'arrive même pas à l'insulter! Merde!

- Ada?

- ADA ?!

- QUOI?! Mamie?! Pardon je savais pas que c'est toi

- Je t'ai entendu râler en venant ici, il s'est passé quoi avec Namjoon?

- Rien de grave, t'en fais pas.

Elle me lança un regard inquisiteur et n'ajouta absolument rien concernant le sujet.

- Au vu de ce que j'aperçois dans la casserole, mieux vaut pas que tu continues de cuisiner pour aujourd'hui. Tu vas bousiller la ration de la semaine à ce rythme.

- Je suis vraiment désolée Mamie. Je vais prendre un peu d'air.

- Soit prudente.

Je pris mon casque et démarrai ma moto sans destination fixe. J'avais juste envie de fuir, fuir: mais pour aller où? La neige avait commencé à fondre, signe que le rude été caractéristique de Red Soil s'apprête à montrer son nez. La misère, la violence, la dépravation font partie du monde dans lequel j'ai grandi, mais bizarrement, je ne m'y habitue pas. Il y a matière à comparaison avec le monde d'avant la pandémie mais de ce que j'ai lu dans les livres, l'humanité serait indubitablement devenue comme le monde actuel, avec ou sans la fièvre et les changements tectoniques.

En traînant ici et là, je me suis arrêté à un distributeur pour acheter une bouteille d'eau lorsque je vis un mec essayer de rabattre un groupe de cinq filles dans un club. Tout en avalant mon eau, je les observai silencieusement. Le garçon avait à peine la vingtaine, mince et plutôt mignon. Les filles avaient l'air de le prendre de haut au début mais en le voyant soumettre l'une d'elle, la vibe du bon petit frère s'est envolée, même moi j'étais choquée. Par curiosité, je jetai un coup d'œil sur l'enceinte du club et coïncidence, c'était le Ruler: le club où j'étais venue avec Chiaki dernièrement. Entrons prendre un verre et faire un coucou à ma copine.

On aurait dû appeler cet endroit Le dôme. La tension sexuelle monte en flèche dès qu'on pénètre dans la salle, il a vraiment été conçu pour assouvir les instincts et désirs primaires des Hommes. Je m'assis sur un des tabourets du comptoir et commandai un cocktail maison. J'avais un manteau noir quand je sortais, mais il fait chaud ici, je m'en ai plus besoin. Il ne me restai que plus qu'une brassière vert-forêt en laine brodée, un pantalon cargot et une paire de bottes noires. J'alignai quatre shots, au moment d'avaler le cinquième, mon regard se posa un des stripteasears, il dansait comme un dieu avec le corps d'une culture grecque. Une seconde! Cette façon d'onduler les reins, je la connais! Etant quelque peu éloignée et avec les lumières tamisées de la salle, je n'apercevais pas son visage. Je demandai donc au barman:

- C'est qui le stripteaser avec la sangle sur le torse?

- Ah... c'est la Star du club, N-J.

- N-J comme Namjoon?!

- Oui pourquoi? Tu le connais?

- D'une certaine manière...

- Eh bien ma belle, beaucoup de courage parce que t'en auras besoin.

Je restai là, stupéfaite, à avaler shot après shot. Je savais qu'il est stripteaser mais pas qu'il travaillait ici. Pourquoi je ne l'ai pas vu dernièrement? En même temps j'étais saoule comme une barrique. Et c'est pas comme si je lui ai demandé. Quand on se voit c'est juste pour forniquer et basta. J'entendais ses groupies en transe scander son nom, et d'une certaine manière ça me mettait mal à l'aise. J'ai juste continué à boire avec plus d'acharnement, jusqu'à éteindre ma raison et laisser la place aux pulsions que m'imposait mon traître de cœur. Erreur fatale!

Je me suis levée et j'ai foncé droit sur le podium avec pour seul but Namjoon ou N-J comme il se faisait appelé ici. J'étais cette fois encore ivre à mort mais qui s'en soucie. Pourquoi elles hurlent son nom? Il n'appartient qu'à moi et à moi seule! J'avançai dans la foule, en poussant les personnes que je trouvais sur mon chemin et finalement j'atteins la scène. En essayant d'y grimper, un des vigiles me prit par le bras pour freiner mon entreprise. Il me connaît mal, très mal. Je lui mordis le bras et repris ma besogne. L'altercation attira l'attention sur moi et il me reconnu. Au diable ma dignité!

Je montai sur scène et m'approchai de Joon, il avait l'air surpris de me voir. Il était beau, encore plus que d'habitude, dans ces vêtements, le corps en sueur, ce pantalon mettait en valeur son joli petit cul.

- Qu'est-ce que tu fiches ici?

- On te paie pour danser pas vrai? Alors prends cet argent et danse pour moi toute seule.

***

Je me suis rendu comme prévu à l'ancienne adresse d'Emile Stark, un taudis, pardonnez-moi le terme. Je trouvai la concierge qui balayait la ruelle sur laquelle se trouvai le bâtiment, si on peut encore le nommer ainsi.

- Excusez-moi, je cherche le docteur Stark.

- Tu dois pas être du coin toi.

- Vous ne savez pas où je pourais le trouver?

- Pourquoi toutes ces questions? Vous êtes journaliste? Vous lui voulez quoi à Stark?

- Si vous me dites ce que vous savez sur lui, je saurais me montrer reconnaissant, si vous voyez ce que ça veut dire.

La vieille s'est mise à jacter comme une pipelette en sentant l'odeur de l'argent. En plus des informations que j'avais, elle m'apprit qu'il a déménagé dans un autre quartier et me donna la seconde adresse du docteur qui me sembla familière. Autre chose, il était surprotecteur envers sa fille ainée apparemment très maladive. Au moment de séparer de la dame, je lui demandai:

- Qu'est-ce que vous savez sur le Dalya?

The stripteaser Où les histoires vivent. Découvrez maintenant