XXVI

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- Ada? Tu vas bien?

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Elle avait le regard vide, perdu, mais pas seulement. Évidemment qu'elle ne va pas bien, qu'est-ce que je raconte nom de Dieu!? Elle a des bandages tout le long du corps. Je l'ai trouvé évanouie dans son vomis. Est-elle au moins consciente de son état?

Je vois de la colère dans ses yeux, elle doit vraiment me haïr. Comment lui en vouloir? Le mal que je lui ai causé est impardonnable. Mais j'ai besoin de m'expliquer, du moins je veux essayer. Elle doit connaître ma version des faits. Je ne lui demande pas de me comprendre mais je veux au moins essayer. Peut-être dans le but d'alléger ma conscience, je ne sais pas. Mais je dois lui parler.

Après l'avoir extraite du manoir, sans que la milice ne s'en rende compte, je l'emmenai dans un endroit calme. Loin des bruits, des explosions, des détonations, du coups de feu, dans un des fourgons de la milice. Elle avait déjà repris ses esprits, tant mieux. Je me fichais de la tournure que pouvait prendre le monde, de comment se solderait la guerre. S'il y avait le moindre espoir, la moindre chance qu'elle me pardonne, je voulais la saisir.

- Je comprends parfaitement que tu ne veuilles pas me voire ni me parler. Mais s'il-te-plaît, non, je ne t'en supplie écoute moi juste.

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- J'ai été lâche, ignoble, et pire encore. Cependant, j'ai eu peur pour ma vie, cet homme m'a menacé. Je l'ai vu tuer un homme et battre sa propre femme presque à mort de mes propres yeux. Actuellement, je me rends à peine compte de l'immense douleur que je t'ai infligée. Toute notre histoire, tout ce que nous avons vécu et partagé n'était pas totalement faux. Je te promets sur ma vie qu'il y avait une part de vérité. Je ne sais pas si j'ai développé de vrais sentiments vis-à-vis toi mais, j'ai regretté, chaque seconde ce que je t'ai fait, depuis ton enlèvement jusqu'à maintenant. Et je pense que je le regretterais toute ma vie durant, du moins ce qu'il en reste.

- Que les choses soient claires, il n'y a jamais rien eu entre nous. On s'est servis mutuellement l'un de l'autre, même si dans l'histoire c'était moi l'idiote visiblement. C'était purement sexuel et rien d'autre. Donc tes soi-disant sentiments naissants, fais les taire parce qu'ils ne seront jamais réciproques.

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- Une dernière chose. Tu as fait un choix et tu devras en assumer les conséquences pour le reste de ta vie comme moi d'ailleurs. Kim Namjoon, tu n'as aucune idée de ce que j'ai subi quand j'étais captive et même si tu es la chose qui me répugne le plus en ce moment, je ne te le souhaite pas. Donc si l'on survit à cette satanée guerre, quoique je me moque que l'on vive ou que l'on meure, oublie-moi, oublie que tu m'a connue. Si l'on se croise en chemin, ignore-moi. Disparais de ma vie.

- Et pour notre enfant?

- Je te demande pardon???

Je lui tendis le test de grossesse.

- Tu es enceinte Ada.

- Sors.

- Mais---

- SORS!!! DEGAGE!!! HORS DE MA VUE!!! Hurla-t-elle.

Les mots qu'elle m'a dit avaient l'effet de coups de poignards dans ma poitrine. Je m'effondrai au sol, choqué, bouleversé. J'ai merdé, j'ai vraiment merdé. Je ne sais à quel moment j'ai perdu le contrôle. Toute ma vie n'a été jusque là qu'une succession de regrets? J'ai mal, au profond de moi je regrette. Mais je sais pertinemment que ça ne sert à rien, elle est déjà partie.

Je me suis infiltré dans l'hélicoptère du bataillon qui allait envahir Blue Soil. Je me suis fait passer pour un milicien dans le but de récupérer Ada. Je ne pouvais pas attendre patiemment. Il me fallait agir. Au fond de moi, je gardais l'espoir, non je priais, je ne sais pas qui, pour la retrouver vivante. La nouvelle de sa mort, m'achèverait. Rien que l'imaginer me donnait des haut-le-cœur.

Quand j'ai couru vers le continent bleu, c'était pour empêcher, du moins essayer, cette possible fatalité. Donc quand je l'ai retrouvé là, évanouie mais vivante, j'étais soulagé. Cependant l'entendre me rejeter de la sorte, me déchire le cur. Je n'espérais pas qu'elle me saute dans les bras non plus, mais j'espérais secrètement qu'elle me comprenne, qu'elle me croit, hélas. L'irréparable avait déjà été commis.

***

L'affrontement continuait de plus belle. Les soldats tombaient dans les deux camps. Je ne saurais dire qui avait l'avantage actuellement. La milice a joué sur l'effet de surprise, qui n'a fait effet que quelques instants. L'armée du continent bleu était forte, puissante. Leur artillerie était lourde, très lourde.

Les miliciens avaient encerclé le Blue Soil. Toutes les frontières naturelles du continent étaient bloquées par les paramilitaires. Leur formation consistait à poster des soldats au niveau des voies maritimes, et de bloquer les aéroports pour empêcher les pontes de s'enfuir. Pendant que d'autres pénètrent à l'intérieur des terres pour les prendre en étau. Sauf que la résistance était plus forte que ce qu'ils avaient prévu dans le plan "Babylon". Les dominants avaient des armes de pointe contrairement aux miliciens. Durant l'affrontement, les rebelles que les soldats de l'Inquisition rataient étaient tués par des drones.

Les inquisiteurs étaient des machines à tuer. Ils ont été castrés à cet effet durant leur enrôlement. Par opposition, les miliciens étaient de simples civils, bûcherons pour certains et tailleurs pour d'autres, n'ayant suivi qu'une brève formation avant l'assaut, mais portés par le courage et l'envie de libérer les leurs du joug des dominants. Ces braves hommes et femmes n'étaient portés que par la seule force de leur volonté. Malgré cela, ils se jettent sur les inquisiteurs, sur leurs fusils, avec bravoure. Ils préfèreraient mourir, plutôt que de continuer d'être esclaves. Ils se battaient avec leur dernière énergie, l'énergie du désespoir. Ils se battaient comme si c'était leur dernier combat, oui, ils n'avaient pas peur de mourir.

Nigel Rhoades a été un chien fidèle jusqu'à la fin. Il faisait partie des hommes chargés d'exfiltrer les pontes et leurs familles. Mais sur le chemin de l'aéroport, ils sont tombés sur un barrage de miliciens qui attaquent avec fureur leur cortège. Ces derniers réussirent en à tuer trois des dominants mais, Rhoades ne permit pas à leur ambition d'aller plus loin et les tua tous.

Arrivés à l'aéroport, juste avant que les rescapés n'embarquent dans l'avion, Nigel prit une balle dans l'abdomen et s'écroula. Le pilote à bord pris de panique, mit l'appareil à marche sans vérifier que tout le monde était à bord. Ils réussirent tout de même à s'enfuir mais sans leur homme de main. On avait perdu les dominants, mais capturer Rhoades n'était pas une petite victoire.

The stripteaser Où les histoires vivent. Découvrez maintenant