Chapitre 19 - ça ne peut plus durer comme ça

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En mai, Drago fut très pris par une série de mondanités. Ses vieilles tantes finissaient toujours par l'interroger fort indiscrètement. Alors, toujours pas de petite fiancée ? C'est vrai ce qu'on raconte ? Tu préfères les garçons ?

C'est au cours de l'anniversaire de sa petite cousine Gwendoline, qu'il tomba sur Pansy Parkinson qu'il n'avait pas revu depuis des années.

- Drago Lucius Malefoy ! Je pensai bien te voir ici !

- Pansy, bonjour, cela fait longtemps, que deviens-tu ?

- Je travaille dans la mode, j'habite à Paris maintenant.

- Pour le travail ?

- Oui et je me suis fiancée, regarde !

Elle lui mit sous le nez une très grosse bague.

- Félicitations.

- Et toi comment vas-tu ? J'ai appris que vous aviez rompu avec la petite Greengrass.

- Tu es bien renseignée.

- J'ai vu Daphné. C'est à cause de Granger ?

- De quoi tu parles ?

- Tu le sais parfaitement ! Décidément, tu aimes les brunes.

- D'où tu sors ça ?

Pansy partit d'un rire aigu.

- Tu n'es pas le premier, ça arrive dans notre milieu, certains accepteront de fermer les yeux sur ta petite histoire contre nature mais pas tous.

- Ce n'est pas une petite histoire.

- Alors c'est quoi ? Le grand amour ? Un conseil, sois plus discret, les disparitions mystérieuses des traîtres à leur sang ça arrive encore. J'en connais qui serait ravi !

- Toi par exemple ?

- C'est bon Drago, il y a des années que j'ai laissé tomber avec toi. Je me demande juste ce que tu lui trouves. Elle te fait des trucs inédits au lit ?

- Exact, elle a une technique moldue.

Pansy lui lança un regard assassin.

- Ne te fais pas d'illusion mon grand. Elle est encore plus ambitieuse que toi et je suis sûre que se marier avec un ancien Mangemort, ce n'est pas au programme de la future ministre !

Ses parents et les parents de Pansy s'étaient réjouis de leur rapprochement à l'Ecole. Pansy semblait tenir pour acquis qu'elle allait devenir la future Madame Malefoy. Après Poudlard, après la mort de son père, elle avait été présente, elle et son amour encombrant. Lui était vidé et n'avait rien à donner en échange.

Un jour il l'avertit qu'il quittait le pays et qu'il n'était pas sûr de revenir. Et notre mariage ? Lui demanda-t-elle. Pour toute réponse, il secoua la tête.

Malgré les années passées, Pansy Parkinson lui gardait une rancune tenace de leur séparation. Rencontrer Pansy par hasard n'était jamais bien agréable. Et aujourd'hui, elle venait de mettre à jour des doutes qu'il avait depuis des mois.

Drago se sentait un peu nauséeux quand il arriva chez Hermione. Elle se jeta dans ses bras en riant et il oublia son malaise un instant. Une fois qu'elle s'endormit contre lui, les doutes l'assaillirent.

Est-ce qu'elle l'aimait ? Le plus simple aurait été de lui poser la question. Hermione ne trichait pas, ne mentait pas.

Il savait qu'elle appréciait sa compagnie. Elle lui reconnaissait les qualités classiques de ceux de sa maison, une vive intelligence, l'ambition, la détermination, le sens pratique, la rouerie.

Parfois, après l'amour, elle prenait sa main et la posait sur son sein gauche, pour qu'il sente les battements affolés de son cœur. Pour autant l'aimait-elle ? Jamais elle ne le lui avait dit. Jamais elle n'évoquait l'avenir avec lui. Elle sortait d'une relation de plus de sept ans, il le savait bien. Il n'avait pas envie de la faire fuir en exigeant des serments et des promesses.

Qu'elle soit dans ses bras tenait déjà du miracle. Il avait su saisir l'infime instant durant lequel elle avait baissé la garde avec lui. Ils étaient bien ensemble. Il le lui avait dit à plusieurs reprises, reculant devant le je t'aime qui semblait la terrorisait autant que lui.

Il était déjà amoureux d'elle à l'Ecole, il était amoureux d'elle alors qu'elle n'était qu'une gamine exaspérante, même pas jolie. Une nuit, il avait treize ou quatorze ans, elle lui était apparue en rêve, assise sur son lit, vêtue uniquement de son chapeau noir de sorcière et de ses chaussettes grises, le fixant tout en mordillant le bout de sa baguette en bois d'aubépine. Le réveil fut mouillé et un peu humiliant. Il s'était inquiété de cette attirance qu'il ne comprenait pas, qu'il avait cherché à tout prix à refouler, quitte à exprimer une haine qu'il voulait croire sienne.

Quand après des années il l'avait revu dans son bureau au Ministère, il avait eu l'impression de se briser en mille morceaux, comme frappé par une vague terrible. Il avait eu de grandes difficultés à se concentrer, l'esprit soudain possédé par des images très éloignées des propos qu'il tenait.

Puis il avait travaillé avec elle, pu mesurer une nouvelle fois son intelligence, son courage, sa détermination. En devenant intime, il avait pu mesurer également sa fragilité derrière sa force, elle qui doutait chaque matin de mériter sa place au sein du gouvernement, au sein même de la communauté de sorciers. Et c'était lui, lui qui la rassurait.

Aujourd'hui, il n'imaginait plus sa vie sans elle

L'extraordinaire scandale qui lui pendait au nez si leur relation était découverte n'était rien comparé à la crainte qu'elle lui signifie la fin de leur relation. Il voulait qu'elle le mette au pied du mur, qu'elle exige qu'il assume au grand jour leur histoire, qu'elle menace de le quitter s'il ne le faisait pas. Mais elle n'avait jamais demandé plus qu'il ne lui avait donné.

Aujourd'hui c'est lui qui voulait plus. Qu'elle assume une bonne fois pour toutes le choix qu'elle avait fait et qu'ils cessent de se cacher. Sans s'en rendre compte il murmura ça ne peut plus continuer comme ça.

Hermione, qu'à moitié endormie, entendit parfaitement la phrase.

Les jours suivants, Drago remarqua que son amie était plus distante avec lui et qu'elle paraissait préoccupée. Il lui proposa alors de passer le week-end en France. Il trouverait bien l'occasion de sonder son cœur.

Il passa avant leur départ à son épicerie favorite pour acheter quelques boîtes de biscuits à l'écorce d'orange. Quand il sortit du magasin, il trouva l'air un peu frais, il plongea le nez dans le foulard d'Hermione, qu'il avait rapidement passé autour du cou avant de partir.

- Salut Malefoy.

C'était Harry Potter. Qui fixait les boîtes qu'il portait.

- Ginny veut absolument des biscuits à l'écorce d'orange Gaïa. Hermione en a tout le temps depuis quelques mois. C'est curieux car elle m'a dit qu'elle les achetait dans la rue à côté du Ministère et on m'a dit qu'on les trouvait seulement dans cette épicerie du chemin de Traverse.

- Tu as peut-être mal compris.

- Peut-être fit Harry en lui jetant un étrange regard.



FELICITA HERBAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant