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Lassée par le discours misanthrope de Jungkook, je soupirai lourdement :

— J'espère pour toi que le temps se rafraichira dans ce cas.

Il ne répondit pas, il devait être parti. J'enlevais mon dernier sous-vêtement et je fis couler l'eau agréablement fraiche qui contrastait avec la chaleur de ma peau. Une fois propre, la canicule me frappa de plein fouet lorsque je sortis du gymnase, comme si ma douche froide n'avait servi a rien. Jungkook avait malgré tout raison, il faisait trop chaud pour s'habiller, le Seigneur ne faisait pas les choses à moitié.

Le soir, comme convenu, nous avions organisé un barbecue pour l'anniversaire d'Ina. En vérité, tout le monde ne participait pas, nous étions une douzaine à partager le metro mais nous étions divisé en deux groupes. Notre rame contenait sept personnes, alors que l'autre rame contenait cinq personnes, ces derniers ne semblaient pas vouloir se mélanger à nous, dont un junkie, Jake, qui semblait souffrir du manque de part ses tremblements et les jurons qu'il lâchait de temps en temps.

J'étais chargée de maintenir les boissons au frais ce qui n'étais pas chose aisée avec la canicule. À onze heure du soir la température n'avait baissé que de deux degrés seulement, dépassant les 40 degrès. Nous ne sentions cependant pas la différence. Malgré la gravité de la situation à l'échelle planétaire, fêter le cinquième anniversaire d'Ina enjouait tout le monde. Un anniversaire était une bonne occasion de faire la fête au lieu de se morfondre, c'était tout ce qu'il nous restait après tout : le choix de vivre nos derniers instants ensemble et dans la joie, même si nous ne nous connaissions qu'à peine. Comme une branche à laquelle se raccrocher.

Autour d'un diner digne de ce nom, nous partagions un moment intemporel, comme si la chaleur anormale ne dérangeait personne, comme si la crevasse à quelques mètres de nous, avait toujours était là, comme si nous vivions tous ensemble depuis toujours. Ina riait, les adultes discutaient, on s'empiffrait comme si c'était notre dernier repas et James apporta même un lecteur CD pour mettre un peu de musique en fond. Il avait opté pour une compilation des années 80 et c'est à ce moment-là que Jungkook sorti de sa librairie. Instantanément, sa présence ensorcelante accapara mon attention et je sentis du coin de l'œil que Loyd suivait mon regard.

— Oh, on fait trop de bruit ? demanda-t-il à Jungkook.
— Non, ça ne fait rien, répondit-il d'une voix rauque.

Il croisa les bras en prenant appui sur l'encadrement de la porte de façon nonchalante. Il venait surement de se réveiller à en juger par ses cheveux sauvagement décoiffés.

— On ne se connait pas, joins-toi à nous mon garçon ! l'invita Robert le chasseur du groupe. On fera connaissance, nous avons de la viande en réserve !

Je distinguais à peine l'expression de Jungkook du à la lumière tamisée du feu de barbecue et des faibles lampadaires - qui menaçaient de s'éteindre à tout moment - mais ses prunelles scintillaient d'une lueur mystérieuse. Il mit quelques secondes avant de se joindre à nous lorsque Loyd déplia une chaise de jardin à côté de lui et le solitaire le remercia poliment. L'inconfort se dégageait de lui mais il faisait l'effort de s'intégrer et remercier à nouveau Maria quand elle lui servit à manger.

— Je suis désolé que nous ayons troublé ton sommeil, comment tu t'appelles ?
— Jungkook.
— Eh bien, Jungkook, tu n'as trop chaud dans ta petite boutique ? plaisanta Robert.

L'intéressé posa son regard sur moi et mon corps fut prit d'une douce décharge électrique.

— Si. Je vais surement devoir déménager.
— C'est sur, tu vas te déshydrater si tu restes ici ! affirma Loyd. On a de la place si tu souhaites partager le métro avec nous.

The Last Children - j.jkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant