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Il avait utilisé un ton que j'interprétais comme un reproche.

Malgré la faible luminosité je pouvais voir sur ses traits tendus qu'il me jugeait presque de vouloir couver Ina, de lui proposer une fin de vie heureuse et douce. Il me reprochait d'en faire trop, d'aimer Ina comme si elle faisait partie de ma famille ! Il ne me comprenait pas !

Ma gorge se noua et je me laissais aller par le flux de mes émotions, la voix tremblante, peu importait si ça lui convennait ou non :

— Tu ne comprends pas, vous êtes tout ce qu'il me reste ! Ina, toi, Maria et les autres. Je ne veux pas que vous mouriez sans moi si ça arrive, je veux mourir avec vous. Mes parents sont morts à des milliers de kilomètres de moi, je n'ai à peine pu leur dire au revoir, du jour au lendemain je n'avais plus rien. Je ne veux pas que ça se reproduise avec vous, je ne l'accepterai pas une deuxième fois !

En mentionnant mes parents, je laissais échapper un douloureux sanglot et les larmes suivirent, dévalant mes joues chaudes. J'avais pourtant essayé de camoufler ma tristesse pendant tout ce temps mais mon deuil me rongeait à petit feu malgré tout, bien enfoui. Jungkook m'écoutait sans sourcilier.

— Je ne pourrai pas vivre sans vous dans ces conditions, seule en subissant votre absence. Je sais que tu t'en fiches, que ce que je dis peux paraitre stupide à tes yeux. Je sais que tu préfèrerai crever seul mais tu ne peux plus, Jungkook ! Ina a besoin de toi auprès d'elle, elle t'aime. J'ai besoin de vous deux, j'ai besoin de toi ! avouai-je en reniflant. Ne partez plus seuls comme ça ! Prévenez moi la prochaine fois, le suppliai-je presque.

J'essuyais mes yeux humides du revers de ma main en reniflant comme une enfant et je cru apercevoir une nouvelle fois cette lumière rouge et vive dans les iris de Jungkook. Je n'en fis rien, pensant que mes yeux me faisaient défaut à cause des frottements lorsque je les essuyais. Même si c'était désagréable de tout dire de cette façon, de parler de mes parents, d'avouer que je ne voulais plus quitter Jungkook et de lui mettre devant les yeux le fait qu'il devait rester auprès d'Ina comme un devoir; ça me faisait du bien.

Jungkook hocha la tête et dit :

— Ina sait que tu fais des cauchemars. Tu semblais bien dormir, elle ne voulait pas te réveiller, alors elle m'a réveillé, moi. Je ferai attention à te prévenir la prochaine fois, je te le promet.

Soudain, Jungkook fit un geste auquel je ne m'attendais pas : il approcha sa main de mon visage pour la déposer délicatement contre ma joue. Mes sanglots s'arrêtèrent instantanément sur le coup de la surprise et je sentis la chaleur réconfortante de sa paume contre ma joue humide. Il balaya délicatement les quelques larmes qui perlaient machinalement sur mes joues de son pouce et mon cœur se gonfla de reconnaissance et de soulagement. Je me délectais de son toucher sur ma peau, je chérissais ce moment figé dans le temps. Jungkook retira sa main, à mon grand regret. De son regard profond, il examina le ciel et déclara :

— Rentrons, je n'aime pas ce temps.

Il m'emboita le pas alors que je sentais encore le contact de sa main chaude contre ma joue, comme un contact fantôme. Je le suivis silencieusement, complètement calmée, comme si son toucher m'avait totalement apaisé, encore une fois. En revenant au wagon, Ina avait évidemment prit la place de Jungkook alors je la décalais légèrement sur le coté pour nous laisser la place de nous allonger. Endormie profondément, elle se laissa faire sans broncher.


Je m'installais sur le flan en face de Jungkook et celui-ci se coucha sur le dos après avoir enlevé son t-shirt. Rêveuse, je l'admirais alors que la fatigue prenait possession de mon corps doucement. Avec la lumière tamisée je pouvais voir que ses yeux à lui étaient aussi fatigués, mais il restait le plus bel homme que je n'avais jamais vu de toute ma courte vie. Son torse parfaitement moulé se souleva doucement au grès de sa respiration profonde.

The Last Children - j.jkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant