Chapitre 1 : Laura

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Un matin de juin

Je me réveille en sursaut à cause de mon téléphone qui sonne. Je tends la main pour l'attraper alors qu'il est sur ma table de nuit, mais, gaffeuse que je suis, je le fais tomber à terre. N'arrivant pas à l'attraper sans bouger du lit, je décide de le laisser sonner et de me rendormir. Grossière erreur ! Quelques secondes après l'appel, je reçois un message vocal. Une jeune fille me crie dessus : "Laura !! Je sais que tu es encore dans ton lit ! Il est 13 h 30 ! Et vu que tu as pas répondu à mon appel, je suppose que tu n'as pas réussi à atteindre ton téléphone sans bouger. Je te laisse 10 minutes pour me rappeler sinon je débarque chez toi !! Allez, bouge-toi ma grande ! ».
Aucun doute sur l'identité de la femme : c'est Louise (enfin, Louise-Anne, mais personne ne l'appelle comme ça), ma meilleure amie. On se connaît depuis notre naissance, ma mère est la meilleure amie de la sienne. On a donc grandi ensemble et en y réfléchissant, c'est plus une sœur pour moi. Je décide tant bien que mal de me lever sachant que Louise risque de débarquer dans tous les cas chez moi et il serait pas mal que je range un peu l'appartement qui a peut-être subi une tornade ces derniers jours. Je saute du lit et me dirige vers mes volets pour les ouvrir. J'ai un mal de gorge infect, sûrement dû à la quantité astronomique de cigarettes que j'ai fumée cette semaine. J'attrape des fringues propres dans ma penderie et saute dans la douche. Je ressors 4 minutes plus tard et me retrouve nez à nez avec Louise.

— Comme je savais que tu n'allais pas me rappeler, je me suis dit que j'allais monter, s'explique la nouvelle venue.

Elle jette un coup d'œil à l'appartement.

— Il s'est passé quoi dans ton appartement ?
— Euh, j'étais en train de faire du rangement.

J'aurais pas pu trouver aussi peu crédible comme mensonge.

— Laura arrête, je te connais par cœur. C'est à cause de Thomas, je me trompe ?

Ne préférant pas lui répondre, je m'éloigne d'elle et commence à mettre les vêtements qui traînaient dans mon panier à linge.

— Laura, ça va bientôt faire 1 mois que vous avez rompu, je sais que c'est difficile pour toi, mais il faut que tu te relèves !
— Je te promets que ça va beaucoup mieux lui dis-je en lui adressant un petit sourire forcé.

La probabilité qu'elle laisse passer ce mensonge est vraiment faible, mais contre toute attente, elle me suit dans la cuisine et se place devant moi pour me faire face et change de sujet.

— Ça te dit, je prends ma journée et on se fait un lundi juste nous deux, entre filles ?
— Tu es sûre que tu peux te permettre de louper le travail ? Tu n'avais pas une réunion super importante ?

Louise est ingénieure dans une entreprise de transport. Elle a un plutôt haut poste et doit gérer une petite équipe. Et autant dire qu'elle prend très à cœur son travail.

— T'inquiètes, vu le travail que je fournis toute l'année, je crois que j'ai bien le droit de prendre une journée me répond elle avec un clin d'œil. Bon va prendre ton sac, je t'invite au resto.

Je l'adore, elle a l'art de se plier en quatre pour me remonter le moral. Je retourne donc dans ma chambre et prends un sac à main dans lequel je fourre mes papiers et mon téléphone puis je la rejoins. On arrive à 14 h 15 à notre restaurant préfère : « Le délice ». Louise entre et s'adresse à un garçon derrière le bar.

— Salut Gus, vous servez encore ? Demande-t-elle.
— Oui bien sûr et puis on aurait quand même fait une exception pour vous deux répond l'intéressé.

On vient tellement souvent que l'on connaît tout le monde ici. Gus est le gérant du restaurant et s'il n'avait pas l'âge de mon père, il aurait été totalement à mon goût : le teint basané, grand, musclé et les cheveux très noirs. On s'installe à notre table favorite au fond de la salle dans un petit coin.

— Comme d'habitude ? Demandais-je à Louise.
— Comme d'hab.

On passe notre commande et Louise commence la discussion.

— Je sais que tu veux sûrement pas en parler, mais bon, je vais quand même te poser la question : qu'est-ce ce qu'il s'est passé avec Thomas ?
— Oh tu sais il s'est rendu compte que je n'étais pas la femme de sa vie et il est parti...
— Laura la vraie raison, s'il te plaît.
— Bon ok. Il m'a peut-être demandé d'emménager avec lui dis-je embarrassée.
— C'est super !! Vous êtes ensemble depuis la fin du lycée, il était temps !
— Et j'ai dit non ...
— Quoi, mais pourquoi ?
— Je sais pas, je n'ai pas eu le « déclic ». Je sais que je l'aime beaucoup, mais pas comme il faudrait, pas comme lui voudrait que je l'aime en tout cas. Je devais être honnête avec lui alors il a rompu avec moi.
— Juste parce que je suis ta meilleure amie je vais me permettre de te dire quelque chose : qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ma grande ?
— Quoi ?
— Tous les gars avec qui tu es sortie, ça s'est terminé pour les mêmes raisons.
— Je sais mais je n'arrive pas à savoir pourquoi je suis toujours obligée de bousiller tout comme ça... J'ai passé le mois à m'en vouloir et j'ai hésité à aller arranger les choses, mais je pense ce que je t'ai dit : je ne suis pas amoureuse de lui...
— Bon, je vais pas en rajouter, mais vraiment ma belle il va peut-être falloir que tu diminues tes attentes envers les relations de couple si tu veux que ça marche avec quelqu'un... Sinon, tu as fini par trouver du travail ?

Je suis nourrice depuis quelque temps, mais quand tu habites dans une petite ville, c'est difficile de trouver du travail tellement il y a peu de demandes.

— Toujours pas. Je me suis inscrite sur tous les sites d'annonces. Je ne sais plus trop quoi faire, je vais devoir me trouver un petit boulot sinon je vais bientôt plus pouvoir payer mon loyer.
— Tu sais que tu peux toujours venir habiter avec Chris et moi momentanément me propose Louise.
— Jamais de la vie ! Tu sais que je t'adore, mais hors de question d'habiter avec toi et mon frère qui passez tout votre temps à vous sauter dessus. Beurk.
— Hahaha, d'accord, j'ai compris. Bon, tu me fais signe si jamais mon offre t'intéresse.

On nous amène nos assiettes : 2 magnifiques pizzas. Les meilleures de toute la ville. On les dévore sans rien dire puis nous allons payer l'addition.

— Il est que 15h30 ça te dit on va se boire un café et on se fait un ciné après ? Proposais-je.
— Il y a des trucs bien ?
— J'ai vu qu'il y avait une nouvelle comédie romantique, ça fait longtemps qu'on n'a pas été en voir une.
— Carrément ça fait presque 1 an je pense ! Ça me va !

On déambule dans les rues en parlant de tout et de rien. On achète notre café et on va se mettre dans le parc. C'est vrai que ça fait du bien de sortir un peu. Je n'arrêtais pas de me morfondre dans mon appartement par rapport à ma relation avec Thomas. Plus j'y pensais plus je me disais que je n'avais été avec lui que parce que j'avais eu peur de finir toute seule, j'avais été tout simplement la pire des égoïstes et j'avais blessé quelqu'un à qui je tenais vraiment beaucoup et qui ne méritait pas ça... On arrive au cinéma pile à l'heure pour le début de la séance de 18h. Le film était carrément top. On passait du rire aux larmes et puis dieu sais que ça fait du bien de regarder des films comme ça. Alors que l'on sort de la salle de cinéma, Louise me propose quelque chose.

— Chris et moi allons au Su'night ce soir ça te dit de venir ?
— Si vous êtes que tous les deux, non merci, j'ai pas envie de tenir la chandelle dis-je en rigolant.
— Nan nan t'inquiète, on a invité quelques amis aussi. Aller, viens, ça va être sympa !
— Avec plaisir alors dis-je avec mon plus beau sourire.

J'aurais dû me douter que dans les « amis » il y aurait Thomas. On entre et Thomas se crispe à ma vue.

— Mince, j'avais oublié que Chris allait sûrement l'inviter me dit Louise. Ça va aller ?
— Oui... oui, je suppose. Je crois que je devrais aller lui parler.

Je prends mon courage à 2 mains et avance vers lui d'un pas décidé.

— Salut dis-je.
— Salut me répond-il tout en se levant pour partir.
— Attends ! S'il te plaît...

Il se rassied.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Me demande-t-il sèchement.
— Je pense que je te dois des excuses. Je n'aurais pas dû te faire croire des choses et ne pas être honnête avec toi. Je suis désolé... Tu me manques et je te demande pas de me pardonner pour ce que je t'ai fait, mais juste qu'on puisse au moins se tolérer s'il te plaît...

Il me regarde longtemps, très longtemps avant de me sourire.

— Bon d'accord. Viens, on va rejoindre les autres.

Tête la premièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant